Critique du film À La Merveille (To The Wonder) réalisé par Terrence Malick avec Olga Kurylenko, Ben Affleck, Javier Bardem, Rachel McAdams.

[critique] À La Merveille

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


Affiche du film À LA MERVEILLE

Neil est certain d’avoir trouvé la femme de sa vie en Marina. Belle, pleine d’humour, Marina est divorcée et mère d’une fillette de 10 ans. Désormais, le couple est installé dans l’Oklahoma. Leur relation s’est fragilisée : Marina se sent piégée. Dans cette petite communauté américaine, elle cherche conseil auprès d’un autre expatrié, un prêtre catholique nommé Quintana. L’homme a ses propres problèmes : il doute de sa vocation… Marina décide de retourner en France avec sa fille. Neil se console avec Jane, une ancienne amie à laquelle il s’attache de plus en plus. Lorsqu’il apprend que rien ne va plus pour Marina, il se retrouve écartelé entre les deux femmes de sa vie. Le père Quintana continue à lutter pour retrouver la foi. Face à deux formes d’amour bien différentes, les deux hommes sont confrontés aux mêmes questions…

Note de l’Auteur

[rating:10/10]

Date de sortie : 06 Mars 2013
Réalisé par Terrence Malick
Avec Olga Kurylenko, Ben Affleck, Javier Bardem, Rachel McAdams
Film américain
Durée : 1h50min
Titre original : To The Wonder
Bande-originale :

Terrence Malick n’est pas un réalisateur comme les autres. Né en 1943, il a commencé à faire des long-métrages en 1973 avec La Balade Sauvage. Ce qu’il faut noter, c’est que depuis cette date, il n’a sorti que 4 long-métrages avant A la Merveille. C’est peu, mais il s’inscris dans la liste de réalisateurs qui tournent peu mais qui livrent de très grands films, comme Stanley Kubrick. Mais son travail est reconnaissable et ne plaira pas à tout le monde. C’est un cinéma très subtil, un cinéma d’auteur. De grand auteur.

Avec Tree Of Life, Terrence Malick s’interrogait sur la vie. Il se demandait ce qu’on fout sur Terre et s’interroger sur le sens à donner à notre existence. Ici, le cinéaste des Moissons du Ciel continue dans cette lignée. Il applique cette méthode au plus grand sujet du cinéma : l’amour. A la recherche de ce qui crée ce sentiment. On sait l’amour fragile, instable, tantôt solide et tantôt vacillant. C’est ce que nous montre ce film. Mais attention, Terrence Malick ne cherche pas une solution à ceci. Ca serait trouver quelque chose qui n’existe pas. Il se contente de sublimer ce qui existe et qui peut tellement être beau ou cruel.

Dans ce film, Terrence Malick nous parle aussi de la peur de s’engager. Et pour cela, il décide de confronter de manière magistrale la part d’amour terrestre incrusté dans l’amour divin (côté religieux déjà présent dans Tree Of Life) et réciproquement. Avec cette peur de l’engagement et un amour fragile, instable, tantôt solide et tantôt vacillant, Malick nous fait passer le message d’une exaltation qui finit par une crise. Comme si on prenait un très beau coeur rouge en papier et qu’il s’embrase petit à petit, devenant de plus en plus fragile, pour ne devenir que cendres.

Photo (1) du film À LA MERVEILLE

Comme si on prenait un très beau coeur rouge en papier et qu’il s’embrase petit à petit, devenant de plus en plus fragile, pour ne devenir que cendres.

Le beau est un élément constant dans les films de Terrence Malick. Si on peut donner un premier critère à son cinéma, c’est bien celui-là. L’un des plus grands visionnaires du Cinéma se nomme Malick. Une composition sans écaille, tout est parfait dans la photographie. Comme avec Tree Of Life, Terrence Malick va chercher les couleurs de la nature pour coloriser ses images et y entourer ses acteurs. Par exemple, il se sert du soleil pour créer la lumière de son film (un soleil présent physiquement dans beaucoup de plans). Autre exemple, les ouvertures crées dans Tree Of Life (avec notamment ces ballons lâchés dans le ciel) sont absentes dans ce film. L’ouverture cosmique est absente au profit d’une ouverture vers l’infini, à travers les déambulations des personnages.  C’est la poésie version Malick.

Et la poésie ne s’arrête pas ici. Terrence Malick prend soin à choisir sa musique. La bande sonore du film (avec des musiques constamment présentes, ou alors ce sont les bruits de la nature) nous offre une mélodie de l’amour brillant de mille feux. Terrence Malick se montre en grand chorégraphe du mouvement. Chaque geste est réfléchi et précis, livrant la vie et les déplacements de ses acteurs comme une danse des plus belles qu’on puisse voir au Cinéma. Il en est de même avec ses mouvements de caméra et son montage.

En effet, que ça soit dans ses merveilleux travellings ou son montage très juste, il s’y traduit un certain lyrisme envoûtant. Terrence Malick prend soin de traduire chaque plan en parcelle de la vie remplie de grâce. Cette vie d’amour qui est comme un cour d’eau, ça s’emballe, puis comme un champ de blé, on s’y perd. Terrence Malick va donc plus loin dans sa recherche commencée avec Tree Of Life. Avec son lyrisme unique, Malick nous force à l’admiration (chorégraphie, photographie, musique, …) et à l’universalité. En parallèle de l’admiration, on a un film qui associe le beau au vrai pour nous parler de ce sentiment si étrange et si indescriptible qui traverse notre corps tout entier.

On pourra tout de même noter les performances des membres du casting. Il paraît pratiquement impossible de ne pas parler des acteurs dans un film de Terrence Malick. Du côté de Ben Affleck, on dit depuis un moment qu’on préfère le voir derrière la caméra que devant. Il faut croire que Terrence Malick a le don de transformer un acteur. A ses côtés, on a une Olga Kurylenko toute magnifique, dans tous les sens du terme. Rien qu’avec ses expressions des yeux, on ne peut qu’être conquis par son jeu et son personnage. Envoûtante. Dans les rôles secondaires, il y a Rachel McAdams, qui commence à avoir une sacrée filmographie (avec notamment Passion de Brian De Palma, il y a un mois). Toujours aussi belle, elle mêle sa grâce naturelle à celle de la caméra de Malick. De plus, il y a Javier Bardem dans un rôle dans lequel on a du mal à s’y attendre : un prête. Il est surprenant dans un rôle d’un homme qui est interdit de ce qu’il désire tenter pour essayer de le rendre heureux.

Photo (2) du film À LA MERVEILLE

Finalement, To The Wonder est un film où Terrence Malick fait à l’amour ce qu’il faisait à la vie dans le merveilleux The Tree Of Life (2011). Le cinéaste nous prouve encore qu’il est l’un des maîtres dans la photographie. Avec un lyrisme dans le montage et les mouvements de caméra, il intègre une bande sonore resplendissante. Des acteurs au top de leur forme pour un film qui s’interroge sur l’amour, son instabilité et sa peur de l’engagement, jusqu’aux cendres. Si Terrence Malick a l’intention de continuer sur cette voie, nous pouvons attendre avec impatience son prochain film intitulé Knight of Cups, sur la recherce d’amour et de vérité, avec notamment Christian Bale, Natalie Portman, Michael Fassbender, Cate Blanchett et Matthew McConaughey.

Nos dernières bandes-annonces

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Lisant enfin une critique positive de ce film, j’ai envie d’y rajouter quelque chose.

    L’amour, le vrai, le réciproque, ne me semble pas très présent autour de nous. Les gens s’attachent à d’autres pour combler un manque, par peur de la solitude, pour se sentir vivant… Dès le début, je trouve que le film dépeint assez bien cela. Ben Affleck semble ailleurs, loin, alors qu’Olga est présente, magnifique. Elle est subjuguée. Lui est absent. Pourquoi reste-il avec elle, si son sourire ne l’atteint pas? Pourquoi reste-elle avec lui, alors qu’il a l’air de royalement s’en foutre?

    L’amour n’est pas là. Juste un homme désabusé, qui se laisse emporter par cette femme charmante. Et une femme en quête de repère pour elle et sa fille, qui refuse de voir la vérité en face (trop flagrante pour passer à côté) par peur de se retrouver seule. Qui, enfin lucide, rentre à Paris, perd sa fille, et retourne en courant retrouver cet homme, juste pour ne pas se retrouver seule.

    Cette situation me semble quasi banale dans la vie réelle. Ces personnages sonnent donc parfaitement vrais. Voilà ce qui me plaît le plus dans le cinéma: dépeindre la réalité le plus fidèlement possible. Cela peut paraître ennuyeux, mais il faut croire que peu de monde accepte de voir la réalité en face. Comment alors reconnaître le véritable amour?

  2. Lisant enfin une critique positive de ce film, j’ai envie d’y rajouter quelque chose.

    L’amour, le vrai, le réciproque, ne me semble pas très présent autour de nous. Les gens s’attachent à d’autres pour combler un manque, par peur de la solitude, pour se sentir vivant… Dès le début, je trouve que le film dépeint assez bien cela. Ben Affleck semble ailleurs, loin, alors qu’Olga est présente, magnifique. Elle est subjuguée. Lui est absent. Pourquoi reste-il avec elle, si son sourire ne l’atteint pas? Pourquoi reste-elle avec lui, alors qu’il a l’air de royalement s’en foutre?

    L’amour n’est pas là. Juste un homme désabusé, qui se laisse emporter par cette femme charmante. Et une femme en quête de repère pour elle et sa fille, qui refuse de voir la vérité en face (trop flagrante pour passer à côté) par peur de se retrouver seule. Qui, enfin lucide, rentre à Paris, perd sa fille, et retourne en courant retrouver cet homme, juste pour ne pas se retrouver seule.

    Cette situation me semble quasi banale dans la vie réelle. Ces personnages sonnent donc parfaitement vrais. Voilà ce qui me plaît le plus dans le cinéma: dépeindre la réalité le plus fidèlement possible. Cela peut paraître ennuyeux, mais il faut croire que peu de monde accepte de voir la réalité en face. Comment alors reconnaître le véritable amour?