[critique] Attenberg

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


Marina, 23 ans, vit avec son père dans une petite ville industrielle sur la côte, en Grèce. Se tenant à distance des êtres humains, Marina préfère écouter des chansons de Suicide, regarder les documentaires animaliers de Sir David Attenborough et prendre des cours d’éducation sexuelle avec sa seule amie Bella. Alors qu’elle découvre la sexualité, elle fait face à la maladie de son père qui, proche de sa fille, prépare son grand départ.

Note de l’Auteur

[rating:7/10]

Date de sortie : 21 septembre 2011
Réalisé par Athina Rachel Tsangari
Film grec
Avec Ariane Labed, Vangelis Mourikis, Evangelia Randou
Durée : 1h35min
Titre original : Attenberg
Bande-Annonce :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=g4FWTMUorXY[/youtube]

Attenberg plante un décor sauvage et brut d’entrée de jeu. Nous sommes en Grèce, sur la côte, et la mer se fait sentir dans de nombreux plans. On la devine depuis la grande baie vitrée de la chambre de Marina où elle se réfugie avec son amie, mais elle atteint sa pleine présence en fin de film, lorsque la jeune fille gagne la mer en bateau, scène dont on ne peut à l’avance révéler la teneur… Nombreux sont les plans en voiture, entre travail et maison, donnant l’occasion de filmer cette côte poétique car silencieuse, sauvage, et brute. Le plan final du film, dont on cerne la longueur inhabituelle, vient souligner l’existence de cette terre désertique et hostile où tout restera à construire… pour Marina. Le choix de l’actrice, Ariane Labed, révélée à Venise et à Angers, est juste : elle affiche un visage naturel et impassible, sans sophistication, à l’image de cette terre qui se donne dans son aridité et sa solitude.[pullquote]Figure du cinéma indépendant, Athina Rachel Tsangari réalise ici un film décalé, de ceux que l’on placerait volontiers dans cette catégorie à la fois créative et indéfinissable qu’est l’ovni cinématographique.[/pullquote]

Cet isolement conduit Marina à développer des habitudes et des jeux pour le moins excentriques et peu coutumiers, décalés par rapport aux préoccupations habituelles des jeunes filles de son âge. Elle travaille, conduit, fait face à la maladie de son père, mais on lui attribue pourtant des moments étranges où elle invente son propre langage, à l’écart des hommes. Chorégraphie de pas en musique avec son amie, visionnage de documentaires animaliers en sont les principales manifestations et ponctuent le film par ces scènes où la jeune fille se livre à l’imitation de cris d’animaux ou à des contorsions dorsales impressionnantes comme en témoigne l’affiche du film pour ceux qui n’auraient pas réussi à la déchiffrer ! Des cours d’éducation sexuelle livrés par sa meilleure amie humanisent quelque peu Marina, même si elle semble absente et hermétique à cette découverte, du moins au début. Est-il alors intéressant de rappeler que le film a été réalisé par une femme ? Figure du cinéma indépendant, Athina Rachel Tsangari réalise ici un film décalé, de ceux que l’on placerait volontiers dans cette catégorie à la fois créative et indéfinissable qu’est l’ovni cinématographique.

La plus belle réussite de ce film reste sans aucun doute le rapport qui unit le père et sa fille. Beau, limpide, simple et juste, il est à l’image des paysages du film. L’arrivée de la maladie, puis l’approche de la mort du père, sont à l’origine de passages bouleversants montrant combien la perte d’un être cher peut parfois engendrer peur, fuite et sinistre comédie, pour preuve de cette dernière constatation, une visite chez un commerçant voulant refourguer à la jeune fille une urne funéraire selon elle peu en accord avec la personnalité de son père. Le chant et la musique restent finalement la dernière alternative pour parer à la cruauté de la vie, une manière d’adoucir le départ et, pour Marina, un moyen de regarder en face et d’accompagner celui qui est déjà presque passé de l’autre côté.

Attenberg est en somme un beau film, plein de sentiments, une grande bouffée d’air pur venu de Grèce, ce qui n’est pas sans déplaire dans un paysage cinématographique actuel parfois en mal d’exotisme…

Nos dernières bandes-annonces

Rédactrice depuis le 04.04.2011

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  1. Je vois qu’Hugo manifeste de l’intérêt pour mon article. Qu’est ce qu’une critique, cher Hugo? Pour moi, ce n’est pas une vision manichéenne d’un bon ou mauvais film, car réduire un film à cela n’est que du vent, notre travail ne dépassera jamais celui du réalisateur quelle que soit la qualité de son film. Nous ne pouvons nous contenter que d’être de lointains observateurs, telle est ma vision et désolée qu’elle te place dans cette constatation navrante. Critiquer est facile, créer l’est beaucoup moins. Observer permet d’indiquer un ressenti intime à son expérience, comme le dit Alexandra, et je pense que la vérité est à chercher là.

  2. J’ai envie de demander: « qu’est-ce qu’une critique? » puisque tu sembles avoir la définition la plus carré? Il y a autant de critiques d’un même film que d’auteurs. Non pas parce que les auteurs auront des avis différent mais parce que la forme que peut endosser la critique est libre.

    De la description, il y en a certes mais pas uniquement. Parce que Diane allie observation, ressentie et commentaire, parce que cet article est né directement de son expérience cinématographique, pour tout cela ce texte est bel et bien une critique.