[critique] Au Pays du Sang et du Miel

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Affiche du film AU PAYS DU SANG ET DU MIEL

Alors que la guerre fait rage en Bosnie, Danijel et Ajla se retrouvent dans des camps opposés malgré ce qu’ils ont vécu. Danijel est un soldat serbe et Ajla une prisonnière bosniaque retenue dans le camp qu’il surveille. Pourtant, avant le conflit, l’un et l’autre partageaient d’autres sentiments. C’était une autre vie, avant la barbarie, avant que cet affrontement ethnique violent ne prenne leur futur en otage. A nouveau face à face dans cet épouvantable contexte, leur relation devient complexe, ambiguë, incertaine. La guerre a miné leur lien.
Voici leur histoire, bouleversante, écrasée par l’effroyable poids qu’une guerre fait peser sur des gens simples qu’aucun pouvoir politique ne semble vouloir sauver.

Note de l’Auteur

[rating:9/10]

Date de sortie : 22 février 2012
Réalisé par Angelina Jolie
Film américain
Avec Zana Marjanovic, Goran Kostic, Vanessa Glodjo
Durée : 2h 06min
Titre original : In The Land Of Blood And Honey
Bande-Annonce :

Je dois bien avouer qu’un film comme Au Pays Du Sang Et Du Miel me faisait quelque peu peur. Pourquoi ? Deux raisons. Parce-qu’un conflit aussi dur et méconnu que celui de la guerre de Bosnie est un sujet très difficile à traiter (à ma connaissance seul Welcome To Sarajevo avec Woody Harrelson s’en sortait pas trop mal). Puis parce-qu’il faut être honnête, généralement, quand les États-Unis s’immiscent dans l’histoire européenne le pire s’invite généralement dans la partie. Et que penser en plus d’Angelina Jolie qui opère ici sa tout première réalisation ? Tous ces éléments mis bout à bout laissait présager le pire. Étonnamment, cette actrice/réalisatrice soucieuse de ce qui se passe en dehors de chez elle balaiera nos doutes d’une seule traite.

Dès les premières secondes, Au Pays Du Sang Et Du Miel dévoile une force romanesque saisissante et criante de réalisme. Généreux dans sa mise en scène, le sujet humainement suffocant s’accorde parfaitement avec une réalisation oscillant intelligemment entre drame intimiste que l’on retrouve dans les premières réalisations d’ Emir Kusturica et film de guerre puissamment orchestré comme l’ont été Le Pianiste et La Liste De Schindler. Le spectateur se retrouve embarqué dans un torrent d’émotions jamais poussif, qui ne joue pas dans la surenchère de scènes chocs mais qui filme de manière percutante l’horreur d’une guerre où la barbarie humaine a encore gagné un degré depuis la seconde guerre mondiale.

Photo (1) du film AU PAYS DU SANG ET DU MIEL

Un drame fort, puissant, duquel on ressort abasourdi d’une séance se transformant en une grosse gifle assénée d’une main de maître ferme au monde entier.

Le choix d’avoir opté de réaliser le film dans sa langue natale avec un casting totalement méconnu du grand public (hormis Rade Serbedzija que l’on a pu apercevoir dans X-Men: Le Commencement, Batman Begins, Snatch…) ajoute également un réalisme à un ensemble très humble mais qui orchestre divinement bien cette sensation de danger permanent. La mise en scène concernant les fameux snipers de Sarajevo en sont le parfait exemple.

Alors certes, certains pourront accuser Angelina Jolie d’être anti-serbe. Personnellement je ne le pense pas. Bien que Au Pays Du Sang Et Du Miel prend une position certaine, il reste basé sur des témoignages, essentiellement de femmes, de personnes ayant vécues cette atrocité de l’intérieur. Un drame historique est rarement objectif car bien souvent les réalisateurs, même sans s’en rendre compte, prennent position pour l’un des deux « camps ». Concernant ce film, Angelina Jolie n’a jamais voulu reconstituer l’exactitude de la guerre de Bosnie. Elle n’en a montré qu’une partie et elle en est consciente. Ce qui rend d’autant plus louable son entreprise c’est qu’on ne ressort pas de la séance en se disant que les serbes sont des ordures et les bosniaques de pauvres martyres, on médite simplement sur le fatalisme de l’Homme, fatalisme atteignant son paroxysme à travers les yeux de ce couple improbable en temps de guerre.

En résulte un drame fort, puissant, duquel on ressort abasourdi d’une séance se transformant en une grosse gifle assénée d’une main de maître ferme au monde entier.

Photo (2) du film AU PAYS DU SANG ET DU MIEL

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