BACK HOME
© Memento Films

[CRITIQUE] BACK HOME

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Mise en scène
7
Scénario
5
Interprétation
6
Photographie et Musique
7
Émotion
5
Note des lecteurs1 Note
8
6

Avec seulement deux films à son actif, Joachim Trier s’est fait un nom dans le monde du cinéma indépendant.  Les thématiques récurrentes abordées par le norvégien dans ses films tournent autour de la mélancolie, le spleen et le souvenir. Ainsi, avec sa première œuvre, Nouvelle Donne (2007), on s’enfonçait dans la noirceur dépressive de Philipp révélant Joachim Trier comme un cinéaste à surveiller de très très près. Puis en 2012, Oslo 31 août fit définitivement sortir le réalisateur de l’anonymat alors qu’il signait une perle rare. Cette œuvre, librement adapté d’un roman de Pierre Drieu la Rochelle (Le Feu Follet), explore toujours les méandres du genre humain avec une maîtrise et une sensibilité  presque jamais égalée pour de récents premiers films, faisant de Joachim Trier un auteur reconnu. Ces deux précédents métrages disposaient, de plus, d’une mise en scène très sobrement esthétique, légère et concentrée sur les personnages. On y découvrait également Anders Danielsen Lie, un jeune acteur méconnu au talent incommensurable. Ainsi, le cinéma de Joachim Trier se caractérise surtout par des thématiques universelles fortes : Le souvenir, le deuil, le spleen, la trace laissée par l’individu…le tout étant subtilement évoqué au travers de dialogues profonds.

Festival de Cannes 2015, PLUS FORT QUE LES BOMBES – le titre du film a été modifié suite au 13/11/15 – est présenté en compétition pour la palme d’Or. On peut noter que Joachim Trier a jusqu’ici suivi une trajectoire ascendante plutôt classique. A savoir, des débuts remarqués doté d’un casting quasi-inconnu, suivi d’un retour quelques années plus tard en compétition officielle. Dans BACK HOME, ce ne sont pas les pointures qui manquent car on retrouve les noms d’Isabelle Hupert (Valley of Love, Asphalte), Gabriel Byrne, Jesse Eisenberg (American Ultra) et Amy Ryan (Le Pont des Espions, The Office) à l’affiche. Autant dire qu’un film écrit et mis en scène par Joachim Trier accompagné d’un casting de cette trempe présente de sérieux arguments pour nous faire rêver.

Malheureusement, cette fois-ci le pari n’est pas tenu.

Photo du film BACK HOME
© Memento FIlms

BACK HOME vient brosser le portrait d’une famille de banlieue américaine dont la figure maternelle, interprétée par Isabelle Hupert, disparaît dans un tragique accident de voiture. A l’occasion de l’organisation d’une exposition sur son travail de photographe de guerre, certains secrets inavouables vont remonter à la surface. Ainsi, le film est construit sur la présentation de différents points de vue du deuil et vient exposer la trace laissée par Isabelle en chacun des protagonistes. On retrouve donc ici toutes les thématiques chères à Joachim Trier. Tout démarre pourtant sur des bases prometteuses rassemblant les ingrédients nécessaires à un drame de qualité. S’ouvrant sur une scène mêlant habilement les deux extrémités de la vie, Joachim Trier distille très rapidement les bribes de son scénario – à la manière d’un puzzle – que le spectateur ne pourra finalement jamais reconstituer, faute à une écriture bien trop brouillonne. Ce scénario encore une fois écrit à quatre mains – Eskil Vogt a co-signé tous les films de Joachim Trier – n’est pas à la hauteur de son ambition.

« Un patchwork d’intentions dramatiques se transformant en un mélodrame alambiqué. Le lyrisme qui faisait d’Oslo 31 Août une perle émotionnelle indélébile a disparu. »

Si l’on retrouve également toute la mise en scène élégante du norvégien avec en sus, quelques segments oniriques bienvenus, c’est la faiblesse du propos qui désarçonne. On a surtout la désagréable sensation d’assister à un éparpillement narratif dans lequel se perd Joachim Trier, incapable de faire évoluer ses personnages et de traiter en profondeur les nombreux sujets portés à l’écran.  Il restera néanmoins cette fulgurance, dans une scène de fin de fête adolescente– très calquée sur Oslo,31 Août – un peu pensée comme un climax émotionnel optimiste, où enfin on s’éprend pour le jeune Conrad, où l’on ressent comme lui et pour la première fois de l’émotion.

Si les interprétations sont « justes », elles semblent souvent trop froides et trop éloignées du spectateur. Dès lors, l’identification devient difficile et installe d’emblée une barrière infranchissable, nous laissant à côté des nombreux enjeux familiaux. Tout comme cette famille endeuillée, les personnages de BACK HOME  dévoilent une insuffisance communicative à l’égard du spectateur.

Photo du film BACK HOME
© Memento Films

Il y avait pourtant beaucoup d’idées de mise en scène dans BACK HOME, film avec un potentiel certain qui laisse un goût d’inachevé terrible. BACK HOME se résume à un patchwork d’intentions dramatiques se transformant en un mélodrame alambiqué. Finalement, on ne retrouve pas tout le lyrisme qui faisait d’Oslo 31 Août, une perle émotionnelle indélébile. Avec son final bâclé et convenu, le dernier film de Joachim Trier est facilement oubliable.

LES SORTIES DU 9 DÉCEMBRE 2015
AU CŒUR DE L’OCÉAN, UN + UNE, VUE SUR MER, SUBURRA, BELLE ET SEBASTIEN, BACK HOME…

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Affiche du film BACK HOME

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Titre original : Back Home
Réalisation : Joachim Trier
Scénario : Joachim Trier et Eskil Vogt
Acteurs principaux : Isabelle Huppert, Gabriel Byrne, Jesse Eisenberg
Pays d’origine : Norvège, Danemark et France
Sortie : 09 Décembre 2015
Durée : 1h49 min
Distributeur : Memento Films
Synopsis : Alors que se prépare une exposition consacrée à la célèbre photographe Isabelle Reed trois ans après sa mort accidentelle, son mari et ses deux fils sont amenés à se réunir dans la maison familiale et évoquer ensemble les fantômes du passé…

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