[critique] Cellule 211

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Soucieux de faire bonne impression, Juan débute un jour plus tôt son nouveau travail dans une prison de haute sécurité. Mauvais timing ! À peine arrivé, il se retrouve au cœur d’une émeute. Personne ne le connaît et le hasard va lui permettre de se faire passer pour un prisonnier. Il peut ainsi approcher le leader de l’insurrection. Quand des membres de l’ETA sont retenus en otage, l’affaire prend un tour politique et le gouvernement s’en mêle.

Note de l’Auteur

[rating:9/10]


Date de sortie : 4 août 2010
Réalisé par Daniel Monzón
Film espagnol
Avec Alberto Amman, Luis Tosar, Antonio Resines
Durée : 1h 45min
Bande-Annonce : [dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xdvd09_cellule-211-bande-annonce-vost_shortfilms[/dailymotion]

De nouveau sous le feu des projecteurs depuis le coup de maître de Jacques Audiard avec Un Prophète, cet été 2010 voit un genre qui a toujours électrisé les foules s’offrir deux productions : un film français, Dog Pound, de Kim Chapiron et un film espagnol signé Daniel Monzón, j’ai nommé Cellule 211.

Ce dernier nous compte l’histoire de Juan, un nouvel employé de prison de haute sécurité qui, voulant faire bonne impression auprès de ses supérieurs, s’y rend une journée avant pour s’imprégner du décor. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette première prise de contact va être de taille puisque c’est ce même jour que les prisonniers décident de se révolter. Suite à une succession d’évènements, Juan va se retrouver enfermé dans une cellule (la fameuse cellule 211) et va vite comprendre que pour survivre, une seule solution s’offre à lui : se faire passer pour un détenu et évoluer dans un monde qu’il est censé combattre et mettre au pas. C’est sur cette douce atmosphère de franche camaraderie que débute Cellule 211.

Doté d’une mise en scène consciemment sobre et dénuée de tout artifices, Cellule 211 est un métrage brut de décoffrage qui n’y va pas par quatre chemins. On est dans le feu de l’action dès les premières secondes avec une entrée en matière pour la moins surprenante et le film réussit à nous tenir en haleine jusqu’à la toute dernière seconde. Daniel Monzón tient ses promesses et nous emmène là on veut qu’il nous emmène : un monde violent et sans pitié qui nous plonge dans le milieu carcéral. Sur ce point, hormis des flashbacks qui n’ont pas tellement raison d’être et qui saccadent un peu trop le rythme, Cellule 211 rend un bel hommage au genre et vient directement se classer aux côtés de films cultes comme Midnight Express, L’Expérience ou encore Papillon pour ne citer que ces trois incontournables.

Hormis cette mise en scène diaboliquement efficace qui semble tiré du meilleur épisode que la série OZ puisse nous offrir, Cellule 211 est avant tout un catalogue de ce que le cinéma peut offrir de meilleur en terme d’interprétation. Ce qui peut faire peur avec un film prenant des acteurs à « gueules » pour les personnages principaux (La Horde est un très bon exemple de ratage intégral avec un manque de crédibilité consternant) est très vite oublié ici. Chacun sans exception joue son rôle à la perfection. Chacun apporte un bagage non négligeable pour accroître la crédibilité de l’ensemble mais deux figures se détachent du lot : Alberto Amman qui arrive à nous transmettre les différentes étapes par lesquels son personnage (le fameux gardien se faisant passer pour un détenu) bascule et Luis Tosar, magnétique en chef de troupe aussi charismatique qu’intransigeant. A eux deux, ils arrivent à nous faire toucher du doigt ce saint Graal que l’on appelle Excellence.

Au final, Cellule 211 est un peu la surprise de cet été. Le milieu carcéral a certes toujours fasciné les foules mais le genre a aussi beaucoup déçu, nous servant des soupes incomestibles indignes et lamentables. Cellule 211 parvient sans trop de mal à capter notre attention et à nous embarquer dans son univers noir certes très violent mais réfléchit avec ici et là des interrogations politiques comme l’influence et le poids des membres de l’ETA dans un pays comme l’Espagne à travers un jeu du chat et de la souris nous montrant que la frontière entre le bien et le mal est d’une minceur anorexique. Après l’avoir vu, on comprend soudain mieux pourquoi le film a raflé autant de Goyas (8 au total) qui sont l’équivalent des Césars en France. Une chose est désormais sûre, le cinéma espagnol n’a pas finit de nous surprendre. Chapeau bas.

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