Cloud Atlas
(L-r) DOONA BAE as Sonmi-451 and JIM STURGESS as Hae-Joo Chang in the epic drama “CLOUD ATLAS,” distributed domestically by Warner Bros. Pictures and in select international territories.

CLOUD ATLAS, un film de montage – Critique

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On connait surtout les sœurs Wachowski pour leur film Matrix. Un film qui a déchaîné une génération et a suivi dans les générations suivantes. Mais dans quelques années, Cloud Atlas passera sûrement devant, tant l’engouement autour de ce film est gigantesque.

Comme à la sortie de la salle, entendre une multitude de « wouah » ou de « j’ai pris une claque ». Il faut croire qu’on peut toujours faire un film avec un message et toucher le grand public. Même si ce grand public n’a pas forcément compris le film, tout personne passionnée de cinéma devra revoir une nouvelle fois ce film pour bien le sonder.

Car c’est ce que font les Wachowski et Tom Tykwer dans ce film : ils sondent. Avec ce film, ils sondent une âme qui voyage durant plusieurs vies. Ce n’est pas une évolution, car ça pourrait vite devenir pénible. Bien au contraire, on suit cette âme revivre les mêmes déboires psychologiques dans six différentes vies. Et le plus fort dans ce film, c’est que cela ne s’applique pas qu’à une seule âme, mais à une multitude d’âmes. Vous remarquerez que les acteurs et actrices jouent (pour la grande majorité) plusieurs rôles.

Mais ce film ne nous présente pas les six vies les unes à la suite des autres, ça deviendrait trop ennuyeux. Les Wachowski et Tom Tykwer ont eu la brillante idée de décomposer leur film en fonction de ce qu’ils racontent et non en fonction des vies. L’originalité de la narration (très rarement vu au cinéma, mais pas une nouveauté) est dans ce système de parler de plusieurs choses à l’apparence différente mais au contenu pour le moins similaire. Par exemple, quand un personnage a peur dans une vie, on retrouve un autre personnage ayant peur dans une autre vie juste après. Et ainsi évolue le récit, dans une structure inhabituelle.

Avec cette histoire sur le cycle éternel de la vie, on assiste à un film de montage. Les sœurs Wachowski ont grandi, et leur cinéma avec.

De cette façon, les sœurs Wachowski et Tom Tykwer évitent tout ennui. Car chaque petite partie de chaque vie est très complète et assez bavarde pour attirer le spectateur sur l’âme qui se balade de vie en vie. Ainsi, le film a eu le droit à un grand travail de montage. Il n’y a qu’à regarder chaque raccord entre chaque scène. Même si les transitions entre chaque vie ne sont pas toujours parfaites, l’idée est que l’on retrouve les mêmes gestes entre le début d’une séquence d’une vie et la fin de celle d’une autre vie. Par exemple, dès qu’un personnage ouvre une porte dans une vie, on voit un autre personnage d’une autre vie sortir d’une porte. Mais attention, l’idée n’est pas toujours respectée et se limite parfois à de simples répliques ou de simples petits gestes.

C’est donc surtout un film de montage. Car si on regarde de près chaque vie racontée, on pourra remarquer que certaines ont eu le droit à un plus grand travail que d’autres. Il n’y a qu’à citer 1936, 1973 et 2144 : les vies les moins exploitées de tout le film. Même si certaines personnes les trouveront certainement intéressantes (voire passionnantes, les goûts et les couleurs), on ne pourra nier que les histoires de ces films frôlent le minimalisme. Entre la simple enquête policière qui se termine en chasse à l’homme, l’artiste qui met deux heures à prendre le dessus sur celui qui l’exploite, il y a quand même un léger manque de réflexion et de volonté d’aller prendre des risques par rapport au roman adapté.

Ensuite, il y a cette vie en 2144 où on y trouve la soit-disant Élu (qui fera changer le monde). Cette vie est digne des plus grands navets de science-fiction où un(e) loser est en fait la personne qui doit changer le monde. Prise en main par un révolutionnaire sous acide et sans expression corporelle, elle devra lutter de toutes ses forces contre l’ennemi qui essaiera de la tuer sans cesse. Déjà-vu. Encore pire, autant Matrix innovait avec son utilisation du ralenti et se présentait comme un chouette jeu vidéo, autant cette vie dans le film est une ode constante au numérique. « Regardez ce qu’on a réussi à faire grâce au numérique et aux effets spéciaux » : voilà ce que semble dire cette vie.

Mais bon, il y a tout de même de quoi se rattraper avec les trois autres vies. Même si le côté policier est présent dans le film, il reste néanmoins râté avec son manque d’identité dans l’approfondissement des personnages. Au moins, la partie comédie avec le personnage nommé Cavendish est originale. On prend le temps d’installer le personnage et son âme dans sa situation pour mieux capter son soucis de manque de liberté. De plus, il y a la vie en 1849 avec Jim Sturgess (retenez ce nom, vu dans Las Vegas 21 avec Kevin Spacey et Kate Bosworth). Avec cette vie, il faudra juste retenir comment raconter et réaliser un film en costume au cinéma. En octroyant cette vie du film et en le gardant comme un seul film, on pourrait crier au chef d’œuvre. Enfin, il y a cette vie en 2321 avec Tom Hanks en Zachary. Une vie qui nous situe dans un recommencement, une remise à zéro de la société. On vit dans les bois, le langage est spécial, les habitudes et les connaissances des habitants de cette vie sont déréglées par rapport à la vie de 2144.

Au fond, ce film est une constante remise à zéro, un éternel recommencement. En parlant de croyance (au sens large), de divinité, de science, d’esclavage, de liberté, de santé, de famille, d’amitié, d’amour, d’art, de peur, de mort, etc, ce film se présente comme le cycle de la vie. Là où The Tree Of Life de Terrence Malick s’interrogeait magnifiquement sur l’essence de la vie en passant par l’intimité, Cloud Atlas parle de la vie comme un perpétuel recommencement de ce que l’on vit. Même si les âmes survivent et traversent les vies de génération en génération, le film parle d’un cycle éternel, mais de façon linéaire.

Finalement, Cloud Atlas est un film qui prouve que Lana et Lilly Wachowski ont grandi, et leur cinéma avec. Un film qui se présente comme une éternelle remise à zéro d’une âme qui traverser les vies de génération en génération, mais toujours avec les mêmes problèmes. Un film qui parle de tout ce que l’on connait dans la vie, mais avec des vies beaucoup plus travaillées que d’autre. On retiendra aussi les performances des acteurs, chacun(e) incroyable. On pourra qualifier surtout ce film comme un film de montage, car le sujet est du déjà-vu. Il en reste qu’il faut le voir plusieurs fois pour mieux le sonder.

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3.5

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Note finale

  1. Cloud Atlas récurrente partition terrienne douce, amère ou volcanique se visite au pas de courses sur une surface plusieurs fois millénaire dont la plupart de son histoire ne reproduit que l’entretien de nos perceptions dans des situations matures ou immatures surdimensionnées.

     

    Le meilleur et le pire dans un contexte dramatique apaisé, ou tragi comique éternellement reconduit faisant constamment osciller la construction de soi dans un climat hostile ou protecteur toujours temporaire.

     

    Chaque individu serein ou tourmenté, devient le messager de son espèce, ceci en se débattant toutes époques confondues dans un bourbier empirique dont les mêmes ressentis voyagent dans le temps.

     

    Subir ou dominer, charger ou s’enfuir, contempler ou s’investir partenaires historiques de l’être des êtres investi ou en retrait reproduction éternelle de lui-même tapissé dans son déterminisme sensitif détenu dans la répétition de ses concepts que ce soit sous l’emprise de ses comportements les plus primitifs ou au sommet de sa technologie.

     

    Le pensant et l’agissant fusionnent dans leurs histoires leurs devenirs respectifs. Ils tiennent pendant toutes leurs existences et par leurs comportements similaires l’infini dans le creux de leurs mains puisque cet infini n’est qu’un même archétype destiné à tous.  

     

  2. Globalement, je crois être assez en accord avec vous. Cependant, je reviendrai essentiellement sur le lien entre les différentes histoires. Il n’y a rien de laborieux ou de superficiel dans le travail des réalisateurs. En effet, Adam Ewing va écrire un livre relatant sa traversée du Pacifique. Celui-ci sera lu par Robert Frobisher. R. Frobisher mourra en laissant l’amour de sa vie Rufus Sixsmith. Ce dernier sera l’instigateur de l’enquête menée par Luisa Rey. Elle même va écrire un livre qui sera lu par Timothy Cavendish dans le train quand il va se rendre dans la maison de repos. Après ses aventures, Cavendish va écrire un livre qui sera adapté au cinéma et dans lequel il parle d’Alexandre Soljenitsyne. C’est, entre autres, la vue de ce film qui poussera Somni-451 à vouloir se cultiver et à se forger une idéologie révolutionnaire qui la mènera au sacrifice; sacrifice qui fera d’elle un étendard. Cette étendard deviendra , après la chute, dans un avenir post-apocalyptique, la déesse du peuple de Zachry. Au final, et au vue de tout cela, le propos du film peut être non pas la réincarnation, la renaissance ou le karma (même si on en parle volontiers et à profusion comme vous le soulignez) mais l’impact de nos vies et de nos actes à travers le temps et les âges: une action insignifiante aujourd’hui peut devenir grande demain; une mauvaise action devient une bonne action. Nous ne sommes guère maîtres de nos actes et de nos propos, nous mourrons et la prospérité les transforme. Bien entendu le sextet Cloud Atlas, qui renvoie au titre, n’est à mon sens qu’un support romantique qui accentue ce propos (cf. explications de Frobisher à Vyvyan Ayrs) et qui n’est en somme qu’une métaphore musicale de l’objet du film.
    Au fond, le principal objet du film réside dans la transcendance, sujet que vous avez légèrement frôlé. Comme dit un peu plus en amont, nos actions nous échappent et sont transformées par les générations futures aussi minimes qu’elles peuvent nous paraître. Ewing va faire fi de ses peurs et de ses craintes pour embrasser la cause des anti-esclavagistes. Forbisher, malgré sa sexualité, son père qui le déshérite et le meurtre qu’il a commis, va écrire une très belle symphonie (sur laquelle nous reviendrons plus tard). Luisa Rey, journaliste d’une feuille de chou disons le, met à jour un complot fomenté par le lobby des pétroliers. Cavendish, éditeur raté, réussit à faire de sa vie une oeuvre adapté au cinéma. Somni-451, fractaire, dépasse sa condition pour inspirer l’humanité. Zachry va vaincre ses démons pour faire preuve de courage.
    Ceci étant dit, parlons du choix narratif. Le sextet Cloud Atlas est conçu comme un échange à travers des vies. On retrouve ça dans l’imbrication des histoires mais surtout dans l’évolution parallèle des différents scénarios de manière concomitante (les débuts, les moments clés qui se répondent comme les six instruments qui jouent la symphonie).
    Même si je pourrai encore en parler longuement, je m’arrêterai là. Entendant, mon troisième “visionnage” de Cloud Atlas mardi!
    Une dernière chose pour la route, je crois qu’un des défi était l’incarnation de différents personnages par les mêmes acteurs afin de donner cette impression de renaissance. A mon sens, il s’agit surtout du meilleur moyen d’accentuer leur propos: qu’y a-t-il de plus stimulant en regardant un film que de chercher des liens entre deux personnages à des époques différentes justes à cause des traits de ressemblances? Cette contrainte étant, il est évident que le maquillage ne pouvait guère être parfait.

  3. Globalement, je crois être assez en accord avec vous. Cependant, je reviendrai essentiellement sur le lien entre les différentes histoires. Il n’y a rien de laborieux ou de superficiel dans le travail des réalisateurs. En effet, Adam Ewing va écrire un livre relatant sa traversée du Pacifique. Celui-ci sera lu par Robert Frobisher. R. Frobisher mourra en laissant l’amour de sa vie Rufus Sixsmith. Ce dernier sera l’instigateur de l’enquête menée par Luisa Rey. Elle même va écrire un livre qui sera lu par Timothy Cavendish dans le train quand il va se rendre dans la maison de repos. Après ses aventures, Cavendish va écrire un livre qui sera adapté au cinéma et dans lequel il parle d’Alexandre Soljenitsyne. C’est, entre autres, la vue de ce film qui poussera Somni-451 à vouloir se cultiver et à se forger une idéologie révolutionnaire qui la mènera au sacrifice; sacrifice qui fera d’elle un étendard. Cette étendard deviendra , après la chute, dans un avenir post-apocalyptique, la déesse du peuple de Zachry. Au final, et au vue de tout cela, le propos du film peut être non pas la réincarnation, la renaissance ou le karma (même si on en parle volontiers et à profusion comme vous le soulignez) mais l’impact de nos vies et de nos actes à travers le temps et les âges: une action insignifiante aujourd’hui peut devenir grande demain; une mauvaise action devient une bonne action. Nous ne sommes guère maîtres de nos actes et de nos propos, nous mourrons et la prospérité les transforme. Bien entendu le sextet Cloud Atlas, qui renvoie au titre, n’est à mon sens qu’un support romantique qui accentue ce propos (cf. explications de Frobisher à Vyvyan Ayrs) et qui n’est en somme qu’une métaphore musicale de l’objet du film.
    Au fond, le principal objet du film réside dans la transcendance, sujet que vous avez légèrement frôlé. Comme dit un peu plus en amont, nos actions nous échappent et sont transformées par les générations futures aussi minimes qu’elles peuvent nous paraître. Ewing va faire fi de ses peurs et de ses craintes pour embrasser la cause des anti-esclavagistes. Forbisher, malgré sa sexualité, son père qui le déshérite et le meurtre qu’il a commis, va écrire une très belle symphonie (sur laquelle nous reviendrons plus tard). Luisa Rey, journaliste d’une feuille de chou disons le, met à jour un complot fomenté par le lobby des pétroliers. Cavendish, éditeur raté, réussit à faire de sa vie une oeuvre adapté au cinéma. Somni-451, fractaire, dépasse sa condition pour inspirer l’humanité. Zachry va vaincre ses démons pour faire preuve de courage.
    Ceci étant dit, parlons du choix narratif. Le sextet Cloud Atlas est conçu comme un échange à travers des vies. On retrouve ça dans l’imbrication des histoires mais surtout dans l’évolution parallèle des différents scénarios de manière concomitante (les débuts, les moments clés qui se répondent comme les six instruments qui jouent la symphonie).
    Même si je pourrai encore en parler longuement, je m’arrêterai là. Entendant, mon troisième “visionnage” de Cloud Atlas mardi!
    Une dernière chose pour la route, je crois qu’un des défi était l’incarnation de différents personnages par les mêmes acteurs afin de donner cette impression de renaissance. A mon sens, il s’agit surtout du meilleur moyen d’accentuer leur propos: qu’y a-t-il de plus stimulant en regardant un film que de chercher des liens entre deux personnages à des époques différentes justes à cause des traits de ressemblances? Cette contrainte étant, il est évident que le maquillage ne pouvait guère être parfait.

  4. Oui un très bon film, dense et lyrique, dommage pour les maquillages parfois ridicules et une fin qui manque de panache… 3/4

  5. Oui un très bon film, dense et lyrique, dommage pour les maquillages parfois ridicules et une fin qui manque de panache… 3/4