Colt 45
© Warner Bros. France

[critique] COLT 45

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Mise en scène
7
Scénario
7.5
Casting
8.5
Photographie
7
Musique
6
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7.2

[dropcap size=small]E[/dropcap]n se cantonnant jusqu’alors au genre horrifique, Fabrice Du Welz était passé inaperçu auprès du public français, bien que ces films aient su s’attirer les faveurs des spectateurs friands de ce genre de pellicule. Pour son retour en salles, c’est un polar qu’il transporte dans sa besace. Le film policier étant ultra représenté dans le cinéma hexagonal, on peut clairement dire qu’il s’agit d’un genre populaire au même titre que la comédie ou les drames tires-larmes. Et c’est l’ombre d’Olivier Marchal que le cinéaste belge va devoir s’affronter. Après avoir investi le polar dans les années 2000 avec des œuvres reconnues comme 36 Quai des orfèvres et Les Lyonnais, ce dernier a su mettre une empreinte indélébile sur ce type de cinéma, usant de sa connaissance du terrain pour gagner en réalisme et en authenticité. De plus, son style d’écriture sombre et violent ainsi que ses personnages mélancoliques au visage buriné par l’expérience se prêtent plutôt bien à l’exercice. Autant d’obstacles que la relève se doit de franchir si elle veut chercher à se démarquer de son aîné.

Avec Colt 45, Fabrice Du Welz prend tout le monde à contre pied et se lance à corps perdu dans le même style cinématographique qu’Olivier Marchal. Une audace qui paye car lorsqu’elle est dépouillée des valeurs morales de ce dernier (on se souvient encore de l’ennuyeux MR 73), il ne reste que la proposition d’un cinéma dégraissé de tout sentiment, laissant très souvent la part belle à l’interprétation de l’état d’esprit des différents protagonistes. Seul le nécessaire prime et toute interaction entre les personnages doit absolument agir sur le scénario. Un choix qui a tendance à les déshumaniser complètement mais c’est en échange d’une tension permanente palpable. Tous ces électrons libres ressemblent alors à autant de fusibles prêt à sauter à chaque scène d’action (et il en sautera, croyez-moi).

© La petite reine/Roger Arpajou
© La petite reine/Roger Arpajou

De cette volonté d’épure du scénario naît également une durée de film très courte (moins d’1h30), évitant ainsi l’écueil du polar mimétique de Marchal, et prenant la direction inverse de la fresque policière ou du polar introspectif sur les états d’âme de policiers tourmentés. Colt 45 est rapide, efficace et bien emballé.  Épaulé par un casting habitué à ce genre de rôles (Gérard Lanvin, Joey Starr), le film va à l’essentiel, n’hésitant pas à sacrifier quelques personnages que l’on aurait aimé voir évoluer davantage dans l’intrigue afin de lui donner plus d’épaisseur. Le réalisateur prend également un gros risque en offrant le rôle principal à un jeune acteur censé porter l’intégralité du film sur ses épaules. Mais du fait de son incapacité à être un flic ordinaire parmi les autres, avec son lot de questionnements et de remise en question, l’identification est d’autant plus rapide qu’il est quasiment le seul personnage ne rentrant pas dans le moule de l’archétype du flic de polar français. Les clichés se retrouvent plutôt du côté de Jo Prestia ou des agents de la BRI.

”Tous ces électrons libres ressemblent alors à autant de fusibles prêts à sauter à chaque scène d’action.”

Si Colt 45 n’est pas le film de l’année, ni même le film tant attendu, il a le culot d’empiéter sur des plates-bandes monopolisées par un unique réalisateur qui cannibalisait le genre et le modelait à son image. Et le film policier français a bien besoin de ce genre d’initiative pour se refaire une nouvelle jeunesse et éviter de sombrer dans la redite. Bien que les histoires de flic ripoux démarrent et terminent souvent de la même manière, le cœur du récit permet encore de grandes latitudes. Si le travail d’écriture ne se ressent pas tellement à ce niveau là dans le cas présent, c’est un bon point non négligeable dans la filmographie de Fabrice Du Welz qui prouve qu’il est capable d’autre chose que d’œuvrer dans le fantastique et qu’une relève silencieuse se cache parmi les jeunes réalisateurs français. À bon entendeur…

© La petite reine/Roger Arpajou
© La petite reine/Roger Arpajou

[divider]CASTING[/divider]

Titre original : Colt 45
Réalisation : Fabrice Du Welz
Scénario : Fathi Beddiar
Acteurs principaux : Gérard Lanvin, Joey Starr, Ymanol Perset, Simon Abkarian, Alice Taglioni
Pays d’origine : France
Sortie : 06 AOÛT 2014
Durée : 1h25mn
Distributeur : Warner Bros. France
Synopsis : Armurier et instructeur de tir à la Police Nationale, Vincent Milès est expert en tir de combat. À seulement 25 ans, ses compétences sont enviées par les élites du monde entier mais dans la plus grande incompréhension de la part de ses collègues, Vincent refuse obstinément d’intégrer une brigade de terrain. Son destin bascule le jour où il fait la connaissance de Milo Cardena, un flic trouble, qui va l’entraîner dans une incontrôlable spirale de violence, plaçant Vincent au centre d’une série d’attaques à main armée, de meurtres et d’une féroce guerre des polices opposant son parrain, le commandant Chavez de la BRB, à son mentor, le commandant Denard de la BRI. Pris au piège d’une véritable poudrière, Vincent n’aura pas d’autre choix qu’embrasser son côté obscur pour survivre…

[divider]BANDE-ANNONCE[/divider]

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