DETROPIA

[critique] DETROPIA

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Réalisation
7
Pertinence du traitement
6
Pertinence des interventions
5
Photo / plastique
8
Musique (Dial 81/Blair French)
8
Note des lecteurs0 Note
0
6.8

[dropcap size=small]C[/dropcap]ontrairement aux autres films du programme ATMOSPHERES URBAINES proposés par le CEFF, ici, DETROIT n’est pas un « simple » décor-personnage, mais bel et bien le sujet du film !

La ville, mais surtout ses habitants de classe populaire, les premiers frappés par un système capitaliste d’une logique implacable : Detroit est en état de banqueroute, suite à la délocalisation massive des 3 constructeurs automobiles les plus importants des U.S.A. (voire du monde); Des centaines de milliers de gens perdirent ainsi leur emploi, et donc leur raison de rester dans cette ville. Detroit se vida donc progressivement, depuis près de 40 ans, passant d’une population d’1.8 Millions d’habitants à près de 700 000 en 2012. Une mégalopole-fantôme.

DETROPIA nous propose ainsi un compte rendu de l’état actuel de la ville. Toutefois… Par manque de moyens, d’ambition, ou même de point de vue… les réalisatrices Heidi Ewing et Rachel Grady observent cette décadence uniquement du point de vue de ses laissés pour compte; cela donne l’impression qu’elles se focalisent sur les images de dépression (dans tous les sens du terme) et non sur l’avenir, tentant de manipuler l’opinion par la pitié, à la façon d’un Michael Moore, mais en moins putassier et du coup, trop commun.
Concrètement, elles se contentent de trouver un sujet – humain ou non, mais particulièrement évocateur, et de laisser leur caméra capter un maximum de choses. Rarement, cela fonctionne (Tommy Stephens, à l’usure)… Mais souvent, c’est trop évident, trop appuyé; DETROPIA est grossièrement, une succession de longs monologues détaillant en quoi General Motors et autres multinationales se fichent des petites gens; d’observations nostalgiques d’un passé florissant contrasté au travers de visions de déliquescence humaine ou immobilière, d’un confort quotidien évanescent. Si l’on ne peut que se sentir concerné par la tragédie de ces gens, aucune solution n’est proposée en dehors d’une gentrification aperçue en fin de film. Avec bien 40 minutes de répétitions, superflues ou inconséquentes, DETROPIA s’avère un peu décevant.

Detropia7

Là ou le film m’a pourtant vraiment eu, à ma grande surprise, c’est artistiquement parlant.
Il faut voir d’ailleurs, à quel point certaines ambiances esthétiques (sonores et visuelles) ont été reprises et magnifiées par Ryan Gosling dans son Lost River. Certaines anecdotes sont même carrément reprises et développées comme pistes narratives ! Troublant
Par ailleurs, DETROPIA alterne plusieurs formats vidéo, amenant par l’image la pluralité qui manque parfois à son propos. Certaines lumières (naturelles ou artificielles) mettent tellement en valeur ces hommes et femmes, qu’on se surprend à redoubler d’attention dans un moment pourtant ennuyeux. Les auteures font preuve d’un certain gout culturel, qui éclabousse sur différentes scènes jusqu’à plonger dans la digression évocatrice. Pas mal.
Ce « cachet arty » planant ainsi sur DETROPIA, l’empêche en quelque sorte de tomber dans le trop-commun.
même si… utiliser une bande-son électro et des couleurs saturées commence à devenir une norme dans le docu post-2010.

« Un documentaire où l’artistique émeut, mais où le pédagogique se fait trop agressif et démonstratif. Ennuyeux. »

En bref, comme dans tout docu, l’intérêt pédagogique de DETROPIA est indéniable (précisément, il réside dans les interlignes ponctuant chaque début et fin de chapitre) Mais les réalisatrices ne font preuve d’aucune empathie pour leur sujet, rendant un peu vaine sa portée tragique. Par contre, artistiquement parlant, DETROPIA parvient à troubler, presque à émouvoir. Le parti est donc réussi, mais très partiellement.

N’hésitez pas à vous faire votre propre opinion du film, disponible juste en dessous ! Toutefois, avec une plastique si aboutie, DETROPIA mérite également d’être vu en salles.

Il sera projeté le mercredi 10 juin, 20:30, au Publicis Cinémas dans le cadre de la passionnante thématique ATMOSPHERES URBAINES : DETROIT proposée par le Champs Élysées film Festival 2015

[divider]INFORMATIONS[/divider]

[column size=one_half position=first ]detropia
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[column size=one_half position=last ]– CEFF 2015 : IMAGINAIRES AMÉRICAINS: DÉSERT
– CEFF 2015 : ATMOSPHÈRES URBAINES : DETROIT
CEFF 2015 : RÉTROSPECTIVE WILLIAM FRIEDKIN
CEFF 2015 : SÉLECTION ÉMILIE DEQUENNE
CEFF 2015 : SÉLECTION JEREMY IRONS
– CEFF 2015 : la programmation

Titre original : Detropia
Réalisation : Heidi Ewing, Rachel Grady
documentaire
Pays d’origine : U.S.A.
Sortie USA : 9 septembre 2012 – Le film est disponible via YouTube
Durée : 1h30min
Synopsis : La misère de Detroit est emblématique de la faillite des usines de manufacture américaines.

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[divider]LE FILM[/divider]

https://www.youtube.com/watch?v=HRDCDaodlmQ

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