ROLLING THUNDER

[CRITIQUE DVD] ROLLING THUNDER

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Mise en scène
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Scénario
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Casting
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Photographie
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Musique
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Edition
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7.7
Note du rédacteur

[dropcap size=small]P[/dropcap]our la première fois en France le film ROLLING THUNDER est édité en DVD et Blu-Ray. Un film méconnu, à petit budget, tourné en 28 jours et pourtant culte du réalisateur John Flynn, mort en 2007, notamment applaudi par Quentin Tarantino. Réalisé en 1977, ROLLING THUNDER préfigure les principaux films qui ont pour sujet la Guerre du Vietnam (1955-1979), tels que Voyage au bout de l’enfer (1978), Apocalypse Now (1979), Platoon (1986), Full Metal Jacket (1987), ou encore Outrages (1989). Si ces derniers mettent en scène le conflit sur le terrain des opérations au Vietnam – Voyage au bout de l’enfer y consacrant un tiers, sa partie centrale – ROLLING THUNDER de son côté prend place aux Etats-Unis, privilégiant le retour du soldat après la guerre – comme dans Le Retour (1978) d’Hal Ashby ou Né un 4 juillet (1989) d’Oliver Stone, réalisateur de Platoon.

Un soldat vétéran, incarné avec brio par William Devane, qui a été fait prisonnier durant sept ans et qui à son retour s’avère totalement déshumanisé et détruit, et devant faire face à ce nouveau monde qui lui est inconnu. Avec ROLLING THUNDER (qu’on traduirait par le « retour de bâton »), John Flynn propose avec intelligence et subtilité un film de justicier et sur la vengeance – des thèmes récurrents chez le réalisateur que l’on retrouve notamment dans Pacte avec un tueur (1987), Haute Sécurité (1989) et Justice sauvage (1991) – tout en offrant une vraie part dramatique et un questionnement sur l’implication américaine dans le conflit.

rolling thunder

Après avoir subi sept ans de torture, il est évident que Charles Rane n’est pas apte à reprendre une vie tranquille. Son retour n’a rien de joyeux malgré les acclamations du « public » venu saluer le vétéran et le soutenir dans son épreuve. Une épreuve oui, car le voilà confronté à son fils (quitté lorsqu’il n’avait que 18 mois) qui ne voit en lui qu’un étranger, et ne disposant même pas du soutien de sa femme désormais dans les bras d’un autre homme. Le tout ponctué par le souvenir des tortures à répétitions. On le comprend vite, Rane n’a plus rien d’humain. Glaçant devant sa femme et terrifiant de maîtrise devant son nouveau compagnon. Il s’impose face à eux de manière angoissante.

Si on pouvait alors imaginer ce personnage exclu de la société et sombrant dans le chaos, à la manière de Travis Bickle avant lui dans Taxi Driver (1976), de Martin Scorsese, ROLLING THUNDER tend davantage à montrer la brisure d’un homme et les conséquences de la guerre. A l’image de son « ami », John, autre soldat rescapé qu’incarne Tommy Lee Jones – que l’on retrouvera dans Entre ciel et terre (1993), le troisième film de la « trilogie Vietnam » d’Oliver Stone. John se révèle autant, si ce n’est plus, déconnecté du monde. En atteste sa relation avec l’ensemble de sa famille et son incapacité à leur communiquer la moindre affection. Pas aidé il faut dire par le caractère envahissant de ces derniers, il reste tout de même étrangement apathique lors de ses retrouvailles. A son tour, Tommy Lee Jones impressionne. Visage fermé, droit et tout en retenu. Face à ces murs, à ces machines dépourvues d’âme, difficile pour le spectateur d’éprouver une vraie empathie.

[bctt tweet= »Avec son climat ambivalent et fascinant, ROLLING THUNDER est une réussite. »]

C’est là que Flynn se montre particulièrement fin. Car c’est bien après un événement tragique, que l’on ne révèlera pas, que Rane révélera un semblant d’émotion, dévoilant ses faiblesses à Linda (Linda Haynes), une « groupie » comme elle se définit, prête à tout lâcher (littéralement) pour l’aider, bien qu’il soit déjà perdu. Ensemble ils forment un duo surprenant, aux antipodes et pourtant d’une grande cohérence. Cela, rendu possible par la réalisation de Flynn qui, au milieu du film, nous amène avec délicatesse vers ses personnages, délaissant pour un temps la vengeance au profit du drame. La maîtrise affichée par le réalisateur impressionne. Il parvient avec ROLLING THUNDER à tirer une vraie profondeur d’un scénario, en somme, sans grandes surprises. Avec son climat ambivalent et fascinant, ROLLING THUNDER est une réussite.

[divider]EDITION DVD/BLU-RAY[/divider]

En étant proposé dans un édition DVD et Blu-Ray très complète, ROLLING THUNDER a de quoi convaincre. En plus du film, qui suffit à rendre cette sortie intéressante, l’éditeur Wild Side propose en supplément deux documentaires consistants. Deux entretiens d‘une vingtaine de minutes chacun, l’un avec l’actrice Linda Haynes, l’autre avec Lawrence Gordon, producteur du film. A noter également la présence (sur le Blu-Ray) de la version longue d’1 heure 40 minutes du film en plus de la version courte d’1 heure 34 minutes. Cette dernière correspondant à la version française, créée (on suppose) par la société de doublage dont les limites budgétaires l’ont obligé à tronquer le film de 6 minutes. Une version courte qui s’avère tout aussi pertinente que sa version intégrale. Enfin, le tout se voit accompagné du livre extrêmement complet sur l’œuvre de John Flynn, composé de nombreuses photos de tournage et de documents d’archives, intitulé Tempête dans un crâne : un film prématuré ? et écrit par Philippe Garnier (ancien critique à Libération).

A noter que La Cinémathèque française consacre une rétrospective à John Flynn avec la projection d’une dizaine de ses long-métrages du 15 juillet au 2 août 2015

ROLLING THUNDER@PSiclier

[divider]CARACTÉRISTIQUES DVD[/divider]

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rolling thunder

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Titre original : ROLLING THUNDER
Sortie DVD : 8 juillet 2015
Réalisation : John Flynn
Scénario : Paul Schrader, Heywood Gould
Acteurs principaux : William Devane, Tommy Lee Jones, Linda Haynes
Pays d’origine : U.S.A
Editeur : Wild Side
Synopsis : Charles Rane est un vétéran de l’armée. Considéré comme un héros de guerre par sa ville, tout le monde lui offre pleins de cadeaux. Une bande de voleur y voit l’occasion de s’enrichir. Ils attaquent la maison de Charles Rane.
Nombre de disque(s) : 2
Format image : Format 16/9 compatible 4/3, Format cinéma respecté 1.85, Format BD-50, Film en Couleurs
Format son : français – 2.0 DTS master audio / anglais – 2.0 DTS master audio
Sous-titres : français
Durée : 1h34 (version courte) / 1h40 (version longue)
Compléments : Coffret-livre : – le livre « Tempête dans un crâne : un film prématuré ? » écrit par Philippe Garnier, illustré de photos et documents d’archives rares (128 pages) / – Entretien avec Lawrence Gordon (prod.) (28′) / – Entretien avec Linda Haynes (11′) / – Spot TV / Bande-annonce

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