GOOD KILL
© La Belle Company

[critique] GOOD KILL

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Mise-en-scène
7.5
Scénario
7
Casting
8
Photographie
6
Musique / son
9
Pertinence
2
Note des lecteurs5 Notes
5
6

[dropcap]A[/dropcap]ndrew Niccol… On se souvient du concept eugénique génial de Gattaca, ou du premier plan(séquence) génial de Lord of War et de cette ascension irrésistible d’un trafiquant d’armes…

Mais c’était déjà le cas et ça l’est encore avec GOOD KILL:
Andrew Niccol se contente de confronter deux parties très distinctes. L’une passionnante et stimulante par son sujet de fond, parfois même admirablement mis-en-scène; l’autre est ce quotidien filmé avec mollesse et sans originalité qui ennuie et désintéresse progressivement du sujet original – le point de vue « humain ».

On apprécie toutefois, que le réalisateur aie cette fois eu l’intelligence d’alterner constamment entre ces deux phases (comme dans le Eastwood) plutôt que de les faire se succéder bêtement. Cela permet au spectateur de rester, par intermittences, fasciné par ces froides images de guerre et les interrogations qu’elles provoquent.

Car GOOD KILL , en tant que film de guerre trouve un concept imparable: le personnage interprété (avec talent) par Ethan Hawke est un ancien aviateur dont le job est de piloter … des drones… Et de perpétrer ces fameuses frappes chirurgicales tant controversées qui ont donné leur double-sens à l’expression « War on Terror ». L’action prend donc place en 2010, peu après l’entrée en fonction de l’administration Obama; administration s’étant faite élire entre autre pour sa proposition de retrait des troupes militaires du Moyen-Orient; un moyen d’apaiser l’opinion publique quant à cette guerre aveugle menée contre un ennemi invisible… Sauf qu’en parallèle, elle continua ardemment sa guerre contre le terrorisme (cf Un Homme très Recherché ou CitizenFour);

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© La Belle Company

dans ce nouveau conflit, le drone devient le soldat (et inversement) et ses attaques, imprévisibles et invisibles, sont un miroir parfait du fameux terrorisme qu’il combat. GOOD KILL est de ce point de vue bardé d’images fortes, à même de pousser à la réflexion sur ce cercle vicieux guerrier; de moments de tensions hyper-intenses et très bien réalisés. On retiendra ainsi chaque attaque, où les enjeux militaires forcément troubles trouvent un écho marquant dans la froideur d’une tuerie « filmée » avec autant de distance. L’image y fusionne avec le son (et dans une moindre mesure, les interprétations des acteurs) dans un maelstrom d’intensité insoutenable; une guerre paradoxalement viscérale et pourtant menée à partir du confort du sol américain. Elle permet de confronter avec intelligence le point de vue du soldat et celui du vétéran, de les faire interagir en direct; Ce qu’Egan voit au « combat », il le ramène chez lui à la fin de la journée.

Cette réflexion sur le sens de la guerre est donc véritablement passionnante… Malheureusement, le film qui nous la propose l’est beaucoup moins: GOOD KILL contre-balance ces images fortes avec de la psychologie de comptoir façonnée à partir des poncifs du genre, cette morale perdue entre la difficulté du tuer consciemment des innocents et l’obligation de suivre des ordres;
La confrontation entre soldat et humain est délivrée avec le manque de subtilité et de sensibilité habituel chez Niccol.

« Point d’ambiguïté dans GOOD KILL. Tout est explicité et cliché : la guerre c’est mal, la morale c’est important. Le message passe. Le film beaucoup moins. »

Tout ce que je viens d’expliquer est en fait délivré tel quel par des dialogues clichés et ultra-digérées par l’inconscient collectif, genre « But … They’re real people », ou par le classique « je vais te dire ce que je fais chérie… Je tue des gens toute la journée ». Le plus dérangeant est d’ailleurs que cette écriture trop sure d’elle n’hésite pas à s’encombrer de personnages et de situations inutiles, juste pour la puissance – sans aucune subtilité – d’une scène. On pense ici à Gomez et au viol, ou au commanditaire absurde de la CIA, froid et déshumanisé à la limite du ridicule et de la crédibilité. Entre de nombreuses autres.

American Sniper, sur plus ou moins les mêmes sujets, naviguait selon l’humeur entre dénonciation subtile des dérives sécuritaires et manipulatrices, et ce film ultra-nationalise, pro-militaire, manichéen et stupide… Point d’ambiguïté dans GOOD KILL. Tout est caractérisé, explicité et cliché. Tout ce qui compte, c’est que le spectateur comprenne bien que la guerre c’est mal, que la morale c’est important. Le message passe. Le film beaucoup moins.

Les autres sorties du 22 avril 2015

AVENGERS 2, GOOD KILL, JAUJA, EVERY THING WILL BE FINE, CAPRICE, BROADWAY THERAPY, ENTRE AMIS, LE DOS ROUGE, etc.

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22 avril 2015 - Good Kill (1)

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– LIRE SA CRITIQUE
L’influence du 11/09 sur le cinéma américain

Titre original : Good Kill
Réalisation : Andrew Niccol
Scénario : Andrew Niccol
Acteurs principaux : Ethan Hawke, Bruce Greenwood, Zoë Kravitz, January Jones
Pays d’origine : France
Sortie : 22 avril 2015
Durée : 1h35min
Distributeur : La Belle Company
Synopsis : Le Commandant Tommy Egan, pilote de chasse reconverti en pilote de drone, combat douze heures par jour les Talibans derrière sa télécommande, depuis sa base, à Las Vegas. De retour chez lui, il passe l’autre moitié de la journée à se quereller avec sa femme, Molly et ses enfants. Tommy remet cependant sa mission en question. Ne serait-il pas en train de générer davantage de terroristes qu’il n’en extermine ? L’histoire d’un soldat, une épopée lourde de conséquences.

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