La tour 2 contrôle Infernale
© Légende Distribution

[CRITIQUE] LA TOUR 2 CONTRÔLE INFERNALE

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Réalisation
3
Pertinence du scénario
2
Humour, pour un fan d'Eric et Ramzy
9
Humour, objectivement
3
moyenne de la rédaction (3 notes)
3
Note des lecteurs9 Notes
5.6
4

Même si vous avez un sourire en coin chaque fois que vous commandez votre 4 fromages, même si vous traitez vos propres enfants de petits bretons chaque fois qu’ils se cognent la tête… LA TOUR 2 CONTRÔLE INFERNALE vous fera peut-être plus marrer que la moyenne mais restera l’un des films les plus ratés que vous verrez cette année.

Car il ne s’agit plus d’humour, mais bien de syntaxe cinématographique sur lequel le film se plante. Un peu comme Pourquoi j’ai pas mangé mon père l’année dernière qui malgré sa sincérité, ratait sa réalisation sur tous les points. Le film d’Eric Judor, sans être aussi mauvais, n’est simplement pas suffisamment ambitieux en dehors des numéros comiques.

Il y a donc un problème de rythme inhérent à cet humour très singulier typique d’Eric et Ramzy (nous y reviendrons). Mais ce problème prend ici encore plus de place, car il ne s’applique plus qu’aux deux comiques mais à l’ensemble du casting ; chacun des protagonistes fait interminablement durer ses gags, chacun dans son registre, les autres personnages servant de faire valoir, par le décalage. Quiproquos de langage pour les deux gogols de service, avec comme toujours Eric en vraiment con et Ramzy en moins con mais un peu quand même, réactions disproportionnées pour Philippe Katerine le scientifique beauf et illettré (???), je-m-en-foutisme outré pour Grégoire Oestermann, ministre de la culture en mode Christian Clavier, cynisme rigolo pour une Marina Foïs qui joue une Marina Foïs assagie… Ces humours très différents sont tous construits sur une certaine stupidité dérivée de l’intelligence !

Photo du film LA TOUR 2 CONTRÔLE INFERNALE
© Légende Distribution

Malheureusement, cela donne surtout l’impression d’assister à 4 one-man-show différents entremêlés, n’ayant aucun lien entre eux, autre que des évènements-transition sous développés. Le scénario n’est ainsi pas mauvais, après tout il s’agit tout de même de celui de Die Hard 2 & 3, mais il est réduit au rang de simple catalyseur d’humour. Ellipses, enchaînements trop rapides et/ou ratés, deus ex machina à la pelle, approximations… Même en étant conscient que l’histoire n’est pas l’attrait numéro un du film, cela ne suffit pas à structurer le film et à le rendre regardable. À titre de comparaison, un film d’humour débile comme Y’a t-il un pilote dans l’avion des ZAZ ne s’embarrassait jamais d’un scénario (emmener l’avion d’un point A à un point B) mais générait de l’empathie envers des personnages supports et génériques, avant de permettre à d’autres, drôles et incroyablement décalés, de mettre les premiers en perspective ; une autre comparaison stupide mais pas tant : le scénario de LA TOUR 2 CONTRÔLE INFERNALE, c’est comme quand The Raid 2 cherche à nous proposer un putain de scénario à base de mythologie gangstereuse et de twists chiadés… Alors qu’on vient juste voir des mecs se tataner la tronche. C’est certes louable… Mais quelque part c’est aussi très ridicule, presque inutile, et ça parasite notre plaisir.

Il y a ainsi dans LA TOUR 2 CONTRÔLE INFERNALE, ce traitement particulier : 10 minutes d’un numéro de scène plus ou moins réussi, pour 1 minute d’avancée scénaristique, à partir d’un matériau pourtant riche. Plutôt que de provoquer une quelconque efficacité, cela rend le film arythmique et paradoxalement monotone, décuplant cette impression de vacuité au-delà de l’humour.

« Il ne s’agit pas, dans LA TOUR 2 CONTRÔLE INFERNALE, de faire rire, mais de contenter les fans nostalgiques d’Eric et Ramzy. »

Ajouté à cela, une mise en scène sans aucun talent, bien que consciente de ses propres références. Prendre en modèle La Tour Montparnasse Infernale ou même l’ignoble Die Hard 2 n’était peut-être pas le plus indiqué pour Eric Judor. Surtout que l’auteur ne fait que filmer ses comédiens et son « scénario », au lieu de les accompagner ; aucune fusion entre mise en scène et humour ne vient nous immerger dans les différents délires, la mise en image ou en situation de Judor restant plate comme Marina Foïs. Dommage.

Reste l’humour. En tant que fan de la première heure du premier spectacle d’E&R et de LTMI, je me suis marré 90% du temps. L’élongation du numéro comique jusqu’au malaise, le running gag, l’auto-humiliation, les jeux de mots plus ou moins débiles ou le décalage sont une forme d’humour qui me parle directement, en grande partie à cause d’Eric et Ramzy mais également des Nuls, des ZaZ, de Dany Boon, de Pierre Desproges et de bien d’autres.
S’il y a bien un peu de tout ça dans LA TOUR 2 CONTRÔLE INFERNALE, il y a surtout cette poursuite d’un humour trop précis pour être grand public. Car il ne s’agit pas de faire rire, mais de faire rire les fans nostalgiques des Eric & Ramzy de 2001 et d’avant. Il ne s’agit pas de vannes catchy et tape-à-l’œil, ou d’un burlesque tosgra ou juste gras… Mais d’un jeu constant avec la patience et la tolérance du spectateur, tous aspects confondus.

Sans parler de qualité, cet humour anti-consensuel est-il compatible avec l’humour fast-food d’aujourd’hui ?
Je ne sais honnêtement pas, mais il vaut mieux s’y préparer, sous peine de trouver le film franchement écœurant et épuisant.

Georgeslechameau

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

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[column size=one_half position=first ]Affiche du film LA TOUR 2 CONTRÔLE INFERNALE[/column][column size=one_half position=last ]

Titre original : La tour 2 contrôle Infernale
Réalisation : Eric Judor
Scénario : Eric Judor, Ramzy Bedia, Nicolas Orzekowski
Acteurs principaux : Eric Judor, Ramzy Bedia, Marina Foïs, Philippe Katerine, Grégoire Oestermann
Pays d’origine : France
Sortie : 10 février 2016
Durée : 1h28min
Distributeur : Légende Distribution
Synopsis : Ernest Krakenkrick et Bachir Bouzouk sont deux brillants pilotes de l’armée française. Suite à une malencontreuse erreur au cours d’un test de centrifugeuse, ils perdent une partie de leur potentiel intellectuel. L’armée voulant les garder dans l’aviation, on leur trouve un poste de bagagistes à Orly Ouest. Et là …
La genèse des aventures de nos deux laveurs de carreaux de La Tour Montparnasse Infernale.

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https://www.youtube.com/watch?v=MGZ262hWkpw

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