le bal des maudits

[CRITIQUE] LE BAL DES MAUDITS (1958)

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Mise en scène
7.5
Casting
7
Photographie
8.5
Scénario
8
Singularité
8.5
Note des lecteurs2 Notes
8.4
7.9

[dropcap size=small]N[/dropcap]oah, Michael et Christian, deux américains, un allemand, se retrouvent enrôlés, contraints ou volontaire, dans un conflit d’ampleur mondiale qui change petit à petit leurs convictions, leurs idéologies et leurs perspectives

Sorti pour la première fois sur les écrans en 1958, LE BAL DES MAUDITS (The Young Lions en vo) est un des films majeurs sur la seconde guerre mondiale. Fresque parcourant les six années du conflit, le film nous plonge dans les univers de ses trois personnages principaux sans jamais nous perdre. Passant de New-York à l’Afrique du nord, des camps d’entrainement militaire américains aux cafés parisiens occupés par les allemands, nous voyageons d’un « monde » à l’autre en découvrant petit à petit les détails surprenants d’une époque révolue, d’un âge qui a laissé des traces indissolubles et immortelles sur notre histoire et notre présent.

Mais bizarrement ce qui fait de ce film un film à part sur un des conflits les plus mis en scène au cinéma c’est sa capacité à parler de la guerre en évitant les thèmes habituels que sont l’héroïsme, le patriotisme ou encore l’idéalisation d’une guerre juste. Aucun des personnages n’est un héros. Et plus surprenant encore aucun des deux américains, personnages généralement présentés comme les héros de cette guerre, ne sont vraiment des patriotes convaincus de se battre pour une cause plus grande et plus juste que leur propre vie. Que ce soit les personnages principaux ou mêmes les personnages secondaires, les américains ou les allemands, tous se rendent compte, à différents moments du film, qu’ils sont pris dans un piège dont ils ne peuvent pas fuir. Tous se retrouvent prisonniers d’une guerre qu’ils ne voulaient pas vivre, incarnant une idéologie, une religion ou encore un modèle politique auquel ils ne correspondent pas. Le talent d’Edward Dmytryk n’est pas d’avoir filmé la guerre différemment mais d’avoir donné un autre visage, un visage plus complexe, plus torturé, plus ambigu, aux hommes qui la faisaient, qui la vivaient, qui la «nourrissaient » par leur simple présence au front.

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Délaissant les scènes de conflits et d’affrontements militaires mais aussi les scènes de confrontations face à face intimistes, idéologiques et psychologiques entre les « adversaires » supposés du conflit, le réalisateur les tient comme volontairement éloignés les uns des autres en leur donnant leur propre chemin à suivre. Illustrant le proverbe « ce n’est pas la destination qui compte mais le chemin», Edward Dmytryk n’ose envisager leur confrontation (celle de Michael et Noah face à Christian) qu’à la dernière minute du film, quand cette rencontre ne peut plus les affecter, quand tout est déjà fini, quand la guerre les a déjà rongés et transformés. La lutte n’existe plus… plus vraiment. Le combat est fini. Ils ne sont plus eux même. Et pour donner vie à cette idée, Edward Dmytryk a fait un pari fou (pour l’époque) : donner le rôle du « théorique » méchant allemand à Marlon Brandon, sex-symbol et héros anticonformiste d’une jeune génération d’ américains. Bouleversant les «codes » bien pensant et figés du cinéma américain (il suffit de se remémorer le nombre de méchants allemands que compte le cinéma hollywoodien y compris actuellement pour se rendre compte que ce stéréotype, tout comme celui du méchant russe, n’est toujours pas obsolète), le réalisateur va encore plus loin. Seul personnage à croire en un idéal en s’engageant dans le conflit, seul personnage à penser que la guerre est nécessaire pour apporter et garantir un certain statut au peuple, Christain, alias Marlon Brandon est aussi le seul personnage à voir ses espoirs s’effondrés et sa soif de puissance anéantie. Se réfugiant derrière des paroles et des promesses d’absolu de l’idéologie Nazie, il réalise que cette grandeur n’est qu’un masque derrière laquelle se dissimule un autre aspect de ce système meurtrier et sanguinaire. Derrière les sermons assurant force et élévation, il ne reste que l’annihilation de l’homme par la hiérarchie, l’ordre et les chambre à gaz. Chaque découverte est un pas réalisé vers l’obscurité et les ténèbres.

« Grâce à une mise en scène simple mais efficace, sans jamais porter de jugements, Edward Dmytryck nous offre une nouvelle approche des films de guerre par ses personnages complexes, troublés et atypiques. »

En choisissant de privilégier la sobriété et la discrétion au spectaculaire et au sensationnel, petite touche après petite touche, Edward Dmytryk réussit à construire un des plus grands films sur la seconde guerre mondiale. En donnant aux personnages davantage de poids qu’aux combats, en retraçant leurs faits et gestes, leurs doutes et leurs incertitudes, il retrace avec humanité et pudeur une des périodes les plus marquantes de notre histoire.

le bal des maudits @Marie9Pons

LES AUTRES SORTIES DU 12 AOÛT 2015

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• Titre original : The Young Lions
• Réalisation : Edward Dmytryk
• Scénario : Edward Anhalt d’après l’oeuvre d’Irwin Shaw
• Acteurs principaux : Marlon Brando, Montgomery Clift, Dean Martin, Hope Lange, Maximilian Schell, Dora Doll, Barbara Rush et May Britt
• Pays d’origine : américain
• Sortie : 1958 – ressortie 12 août 2015
• Durée : 2h47
• Distributeur : Swashbuckler Films
• Synopsis :Durant la Seconde Guerre mondiale, l’officier allemand Christian Diestl se retrouve en désaccord avec l’idéologie nazie. De son côté, Noah Ackerman gravit les échelons de l’armée américaine. Et au milieu de cette guerre, un homme apeuré, Michael, cherche à se cacher.

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Rédactrice depuis le 10.06.2015
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