[critique] Les Fils De L’Homme

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Dans une société futuriste où les êtres humains ne parviennent plus à se reproduire, l’annonce de la mort de la plus jeune personne, âgée de 18 ans, met la population en émoi. Au même moment, une femme tombe enceinte – un fait qui ne s’est pas produit depuis une vingtaine d’années – et devient par la même occasion la personne la plus enviée et la plus recherchée de la Terre. Un homme est chargé de sa protection…

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 18 Octobre 2006
Réalisé par Alfonso Cuarón
Film américain, japonais, britannique
Avec Clive Owen, Julianne Moore, Charlie Hunnam
Durée : 1h 50min
Titre original : Children of Men
Bande-Annonce :
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En adaptant le roman du même nom de P.d. James, Alfonso Cuaron, qui a déjà fait ses preuves en rejoignant le casting très prisé de Paris JeT’Aime et avec Harry Potter Et Le Prisonnier D’Azkaban, réalise un thriller époustouflant, saisissant par son actualité, son réalisme et son tempo trépident.

Ce n’est certainement pas par hasard que Les Fils De L’Homme reçu 3 nominations aux Oscar dont meilleur scénario et meilleure photographie.

L’un des points forts de ce film choc repose sur son scénario, puissant, envoûtant et terriblement d’actualité : imaginez qu’à force d’abuser des ressources de la Terre, de la gaspiller, de ne pas la respecter et de ne pas se respecter soi-même, l’humanité toute entière soit vouée à l’anéantissement. Propos d’autant plus délicat puisque depuis plus de 18 ans, aucun bébé n’a pointé le bout de son nez. La faute à une étrange épidémie qui se traduit par l’infertilité de toutes les femmes du monde entier.

Et un beau jour, miracle ! Une jeune femme (ou peut-être adolescente), prénommée Kee est enceinte. A elle seule, elle est le symbole d’une humanité en perdition qui pourrait bien trouver espoir en elle.

C’est ainsi que commence Les Fils De L’Homme.

Mais le principal intérêt du film réside dans la manière de filmer d’Alfonso Cuaron : le réalisateur entrecoupe son film de plusieurs plans séquences dont l’un d’entre eux est incroyable d’ingéniosité : cette scène d’un réalisme à toute épreuve se produit lors d’une course-poursuite haletante, effrénée, qui se soldera par la mort inimaginable de l’un des personnages principaux. Dans leur globalité, ces plans sont dignes d’un reportage de guerre où l’on devient le témoin privilégié de ce conflit puisque Alfonso Cuaron transforme sa caméra en un personnage à part entière (peut-être une extension de nous-mêmes pour les plus créatifs d’entre nous), un personnage inquisiteur, nerveux, qui nous jette au cœur de l’action et nous donne l’impression de la vivre en directe.

Chaque nouvelle seconde passée sous l’objectif est une véritable expérience à vivre, à ressentir. En cela, le réalisateur est à considérer comme un véritable génie, un maestro de la mise en scène.

Ajoutons à ces éléments un casting qui prend un réel plaisir à être présent sur le tournage. Enthousiasme qui se fait fortement ressentir à l’écran.

Nous retrouvons ainsi avec un plaisir non dissimulé un Clive Owen très bon dans ce personnage d’alcolo dépassé par les événements et qui s’est laissé convaincre de la fatalité de l’Homme. L’acteur, grâce à ce rôle, commence à imposer son talent auprès du grand public et nous prouve qu’il lui est possible de ne pas dézinguer du « bad guy » à tout va comme il l’a déjà fait dans L’Enquête ou Shoot’Em Up : ici, notre cher Clive ne touche pas une arme, ne tue personne, s’enfuit perpétuellement face à l’ennemi (cela donnera d’ailleurs naissance à une scène culte et hilarante où il pousse une voiture pendant une course-poursuite pour la faire démarrer), ce qui renforce sa crédibilité, son humanité aux yeux des spectateurs : celui qui était un temps pressenti pour incarner l’agent britannique le plus populaire au monde (his name is Bond, James Bond) n’est pas un surhomme.

A ses côtés, nous retrouvons des valeurs sûres du cinéma international, j’ai nommé la magnétique Julianne Moore (Hannibal, Blindness, The Hours) et le déjanté Michael Caine (Le Limier, The Weather Man, Irrésistible Alfie) succulent en hippie amoureux de drogue parfumée à la fraise et de Rock’n’roll.

Mais la véritable révélation des Fils De L’Homme est sans aucun doute l’interprète de Kee : Claire-Hope Ashitey. Cette jeune britannique de 21 ans, déjà remarquée dans Shooting Dogs, nous livre une prestation éblouissante de sincérité et d’humanité. Ce rôle d’innocente naïve qui est totalement dépassée par son statut quasi divin est le brillant constat que l’actrice a de très beaux jours devant elle.

Les Fils De L’Homme est également l’occasion pour les fans de Charlie Hunnam (Hooligans, Retour A Cold Mountain) et d’Ed Westwick (le terrible Chuck Bass des Gossip Girl) de se réjouir (petit plus non négligeable pour des fans exigeants).

Cela ne nous prouve qu’une seule et unique chose : Alfonso Cuaron s’est penché sur les finitions de son film dans les moindres détails, allant jusqu’à miser sur la nouvelle génération du cinéma international. Pari risqué mais amplement récompensé.

Pour résumer le film : la caméra d’Alfonso Cuaron fait honneur à la plume de P.D. James, la trahissant un minimum, mais uniquement pour donner naissance à un beau bébé.

Caméra coup de poing, brutalité sèche et éclairs de violence : Les Fils De L’Homme est d’abord un pur exercice de style et le réalisateur bastonne le spectateur à coups de plans léchés et d’uppercuts sensoriels ultra référentiels.

Les Fils De L’Homme est un très beau cadeau que le réalisateur offre à tous les épicuriens cinéphiles qui ne demandent qu’une seule et unique chose : du grand spectacle.

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  1. ‘Children of Men’ est adapté du roman éponyme de PD James. Les puristes l’ont cloisonné dans la catégorie ‘film futuriste ou d’anticipation’, un peu réducteur comme classification, il est aussi un essai politico-social ! Apres la réalisation d’un volet Harry Potter, Cuaron se lance dans une entreprise aventureuse, et met son talent de metteur en scène au service de ‘l’Humanité’ dans ce ‘Children of Men’.

    Londres, 2027, Theo travaille au ministère de l’énergie, et le monde qui l’entoure est devenu infertile, l’apocalypse règne en maitre, groupes terroristes, dictatures déguisées instaurent un chaos mondial, mais le divin enfant va renaitre de ses cendres…d’Afrique, quelle belle métaphore au bout du compte…

    La thématique du film comporte plusieurs degrés de lecture, de l’infertilité (pas encore d’actualité au contraire du réchauffement climatique) aux régimes politiques instrumentalisés (Irak), en passant par des groupes extrémistes religieux, les débats feront rage dans les cercles concernés…

    Dans la première partie de son film, Cuaron plante un décor futuriste et réaliste, mais pas si lointain (2027, c’est dans quelques heures sur l’échelle du Temps Universel), dans une capitale occidentale protégée par les eaux. Il évite soigneusement les gadgets inutiles inhérents au genre (on pense à Blade Runner), et enferme peu à peu le spectateur dans un univers angoissant, mais pas dénué d’humour (Michael Caine en hippie années 70 est drôle). Le rythme de croisière bat son plein, le duo Owen-Moore fonctionnant à merveille.

    Dans la deuxième partie, Cuaron s’égare malencontreusement dans une course poursuite où les combats de rue font rage, et galvaude l’épilogue final, digne des plus mauvais blockbusters américains. Cette scène de la barque vient gâcher la mise en scène quasiment parfaite du début à la fin, et trottera comme un boulet dans le subconscient du spectateur.

    Cuaron étale son audace dans sa manière de filmer, au travers de longs plans-séquences, les combats de rue filmés caméra a l’épaule, exhibant d’autant mieux la tension qui en émane (des taches de sang sont même laissées sur l’optique pendant quelques plans) ; Cuaron prend le parti de filmer son personnage de ‘dos’, le rendant de la sorte témoin de l’histoire, témoin de son histoire, les arrière-plans deviennent ainsi des acteurs à part entière ! La scène de la voiture est filmée en plan-séquence, grâce à un procédé de camera embarquée téléguidée, innovation dans le domaine de la réalisation, ce qui permet une continuité et une fluidité de l’intrigue. Cuaron ne veut pas de ces scènes hachées au ciseau, tournées en 3 semaines, et réalisées uniquement au montage. Soulignons au passage que le héros ne tiendra aucune arme durant tout le film ! La BO est soignée, et ce King Crimson est à pleurer de bonheur.

    Mais Cuaron ne s’investit pas de sa tâche de départ, il ne traite pas les sujets dans leur profondeur (‘L’Armée des 12 Singes’ est brillantissime a ce niveau !), et laisse le spectateur sur sa fin, avec un final granguignolesque qui dépouille le scénario de sa substance première.

    Techniquement parfait, Cuaron ne va pas au bout de son propos ; ne veut-il pas prendre parti, laisse-t-il le soin au spectateur de tirer les conclusions lui-même, l’inconvénient est qu’il n’en donne pas les clés pour y parvenir, et cette nonchalance scénaristique galvaude l’ensemble. Il avait pourtant refusé le premier jet, mal lui en a pris… ?