Les Nuits Blanches du Facteur
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[CRITIQUE] LES NUITS BLANCHES DU FACTEUR

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Mise en scène
5
Scénario
3
Casting
6
Photographie
8
Musique
6
Note des lecteurs3 Notes
7.2
5.4

[dropcap size=small]L[/dropcap]auréat du Lion d’argent à Venise en 2014, le dix-huitième long-métrage du prolifique réalisateur russe Andreï Kontchalovski a pris son temps pour sortir dans les salles françaises.

Quasi inconnu en France même si une rétrospective discrète lui a été consacré en 2009, le réalisateur jouit d’une grande crédibilité dans son pays (il est un des scénaristes de LEnfance d’Ivan du grand Andreï Tarkovski ) ainsi qu’aux États-Unis, où il a réalisé de nombreux films entre 1980 et 1990 (Runaway Train, Le Bayou et surtout Tango et Cash avec Sylvester Stallone et Kurt Russell)

Le réalisateur russe a sillonné son pays pendant un an avant de trouver Aleksey Tryapitsyn, qu’il a immédiatement choisi pour incarner son propre rôle, celui d’un facteur, seul lien extérieur d’un village enclavé du nord de la Russie avec le reste du monde. Chaque jour, il fait l’aller-retour en bateau jusqu’à la ville la plus proche afin de rapporter aux villageois des journaux, du pain, des ampoules, et même leurs pensions, indispensables pour arrondir les fins de mois. Célibataire, sans enfants et ancien alcoolique, Aleksey est un homme aux traits taillés à la serpe et burinés par une existence loin d’être tendre.

À traves des paysages d’une beauté limpide, le réalisateur présente l’image d’une Russie immuable, dont les habitants semblent figés dans une tradition éternelle, et dont leur facteur est le seul lien avec le monde extérieur. « La Russie n’est ni pauvre, ni arriérée, confiait Andreï Konchalovski au journal Ogoniok, en septembre 2014. « C’est un pays médiéval. Encore aujourd’hui. Et c’est tant mieux. Ses traditions, ses conceptions du monde, une voie de développement particulière, c’est cela sa richesse. Nous sommes un peu sauvages, un peu tumultueux, un peu dingues même. Et alors ? »

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Rarement au cinéma, l’autarcie d’une communauté aura été aussi bien représentée. Il y a eu certes d’autres films traitant du sujet mais la plupart dans un style fantastique comme Le Village de M. Night Shiyamalan. Si le sujet séduit, sa mise en scène abstraite et l’absence d’un véritable scénario (Andreï Kontchalovski a avoué que l’histoire s’est écrit un peu au jour le jour) laissent un goût d’inachevé en bouche.

« Ni réellement un documentaire, ni construit comme une fiction, le film laisse un curieux sentiment de sérénité dans la contemplation d’un univers sauvage et apaisant, de rêveries infinies et d’une chronique semi-sociale d’une population en marge depuis toujours. »

À première vue, le film rassemble les éléments inhérents à un documentaire : des acteurs non-professionnels, une description détaillée du fonctionnement de la communauté, grande attention prêtée aux petits éléments futiles mais indispensables de la vie quotidienne. Et pourtant à la sortie de la séance, on a l’impression d’avoir assisté à une oeuvre de fiction même si la forme est clairement celle d’un documentaire. Un sentiment étrange !

Le film navigue à vue et tente même des incursions, plus ou moins réussies dans le surnaturel. Un gros chat gris qu’on devine imaginaire observe notre facteur, le toisant d’un regard fixe empreint d’une gravité profonde d’une grave. Il revient plusieurs fois à des moments toujours aussi inattendus. D’autres éléments tel une fusée qui décolle en arrière plan, un enfant terrifié par une sorcière se glissent et donnent au récit un sens difficile à déchiffrer.

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Aleksey connaît tous les habitants du petit village. « Brioche », petit vieux qui passe ses journées à tituber à travers le village à cause de son penchant pour la vodka, Vitya, jamais vraiment revenu du Vietnam et qui rêve toujours des femmes qu’il n’aura jamais et surtout la belle Irina, mère d’un petit garçon et que notre postier rêve de courtiser, sans jamais réussir à briser son image de tonton affectueux.

Ni réellement un documentaire, ni construit comme une fiction, LES NUITS BLANCHES DU FACTEUR laisse un curieux sentiment de sérénité dans la contemplation d’un univers sauvage et apaisant, de rêverie infinies (le soleil ne se couche presque jamais sur les rives du lac Kenozero) et d’une chronique semi-sociale d’une population en marge depuis toujours.

Kontchalovski  a déclaré : « Je vais montrer mon film aux “acteurs” du village. Je ne pense pas que cela va les intéresser. Mais le public occidental va y trouver un intérêt certain. Ils sont peu familiarisés avec la vie russe. Ils auront du mal à croire qu’il y a des endroits où les gens vivent comme ça. » Un avis partagé, même si passé le premier moment d’émerveillement, le film donne la curieuse impression de tourner en rond, une décision sûrement voulue par le réalisateur, mais qui finit par lasser.

 

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• Titre original : Belye nochi pochtalona
• Réalisateur : Andreï Kontchalovski
• Scénario : Andreï Kontchalovski et Elena Kiseleva
• Acteurs principaux : Aleksey Tryapitsyn, Irina Ermolova, Timur Bondarenko
• Pays d’origine : Russie
• Durée : 1h41 min
• Distributeur : ASC Distribution
• Synopsis : Coupés du monde, les habitants des villages autour du lac Kenozero ont un mode de vie proche de celui de leurs ancêtres : c’est une petite communauté, chacun se connait et toute leur activité est tournée vers la recherche de moyens de subsistance. Le facteur Aleksey Tryaptisyn et son bateau sont leur seul lien avec le monde extérieur et la civilisation. Mais quand il se fait voler son moteur et que la femme qu’il aime part pour la ville, le facteur décide de tenter une nouvelle aventure et  de changer de vie.

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Rédacteur depuis le 12.05.2015
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