[critique] Manhattan

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Isaac Davis est un auteur de sketches comiques new-yorkais de 42 ans que son épouse Jil vient de quitter. Celle-ci vit maintenant avec une autre femme, Connie, et écrit un livre sur son ancienne vie conjugale. Isaac, quant à lui, entretient avec une collégienne de 17 ans, Tracy, une liaison dont il lui rappelle le caractère éphémère. Il l’abandonne bientôt pour se mettre en ménage avec Mary Wilke, la maîtresse de Yale Pollack, son meilleur ami.

Note de l’Auteur

[rating:10/10]


• Date de sortie : 5 décembre 1979
• Réalisé par Woody Allen
• Avec Woody Allen, Diane Keaton, Michael Murphy, Mariel Hemingway, Meryl Streep
• Durée : 1h36min
• Bande-Annonce :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=cuU6XU0_Gfs[/youtube]

Woody Allen ?

Oui, comme moi, vous connaissez ce juif new-yorkais à lunettes, métaphysiquement angoissé et moralement tendancieux au phrasé saccadé et génial. Bien sûr nous connaissons le personnage tant interprété par Woody Allen mais qu’en est-il du réalisateur ? Pour ceux qui, comme moi, oublient parfois le metteur en scène derrière le personnage, ce film est une bonne piqure de rappel du génie véritable qui opère sous ces grosses lunettes noires. La filmographie de Woody Allen est certes inégale (comment pourrait-il en être autrement alors qu’il réalise actuellement son 46ème film ?) mais elle compte également des sommets comme l’est Manhattan.

Le film est d’abord un hymne à New York et surtout à l’ile de Manhattan. Voyons l’ouverture du film, grandiose bien qu’intimiste. Noir et blanc, plans fixes et Georges Gershwin qui entame Rhapsody In Blue. Du N&B se dégage une forme de romantisme nostalgique. Woody Allen, comme son personnage, est éperdument amoureux de cette île tout en déplorant la décadence dont elle est victime. Il filme alors un New York passé et aimé. Bien qu’amer, il garde un regard bienveillant sur cette ville, on y retrouve un peu de la saveur des tableaux d’Edward Hopper. New York, dans ce film, n’aura jamais autant mérité son surnom, « la ville qui ne dort jamais ». Nous ne distinguons plus jour et nuit, la lumière du lampadaire nocturne est identique à celle du soleil de midi. Vous l’aurez compris, New York sera l’acteur principal du film. Le personnage et Manhattan semblent en parfaite empathie.

Comme souvent, Woody Allen dépeint un monde en perte de vitesse, ne croyant plus en Dieu et sans direction. Dans cet environnement angoissant, comment l’homme parvient-il à être heureux ? Allen trouve sa réponse dans l’amour. Mais l’amour lui-même va-t-il survivre à l’amoralité ambiante ? Isaac, le personnage principal, mi-passéiste mi-réactionnaire est en décalage par rapport à ses contemporains. Il est partagé entre deux femmes. L’une (jouée par Mariel Hemingway), très jeune, ne convient pas aux principes moraux d’Isaac. Il se refuse un avenir avec elle. L’autre de son âge et de son temps (c’est-à-dire déboussolée) sort avec son meilleur ami.[pullquote]Pour ceux qui, comme moi, oublient parfois le metteur en scène derrière le personnage, ce film est une bonne piqure de rappel du génie véritable qui opère sous ces grosses lunettes noires.[/pullquote]

Woody Allen semble prendre un certain plaisir à décrire le monde tel qu’il le voit. C’est une vision désenchantée mais pleine d’humour. Le réalisateur se moque de lui et de nous avec quelques scènes désormais cultes. L’une d’elle : Isaac vient de se faire larguer, il entame une psychanalyse où l’analyste est remplacé par un magnétophone. Symbole d’une génération centrée sur elle-même et narcissique.

Autre exemple, le meilleur ami d’Isaac lui apprend qu’il lui pique sa chère et tendre. Isaac, dans une salle de classe, est disposé à côté  du squelette d’un homme préhistorique. Isaac se soucie plus du jugement de l’homme primitif que de la trahison de son ami. La petitesse des agissements de l’homme rapporté à l’échelle de l’Homme.

Allen conclue sur une note d’espoir, il propose une sorte d’impératif humaniste. L’homme trouvera son salut dans sa foi en l’Homme.

Ce film est un bijou d’intelligence et de drôlerie. Le noir et blanc est utilisé remarquablement. Woody Allen déballe ses angoisses et ses réflexions enrobées d’humour. Le réalisateur nous fait passer un très bon moment et nous donne l’impression d’être plus intelligents.  Un aboutissement dans la filmographie du new-yorkais.

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Rédacteur depuis le 22.04.2011

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