[critique] Micmacs A Tire-Larigot

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Une mine qui explose au coeur du désert marocain et, des années plus tard, une balle perdue qui vient se loger dans son cerveau… Bazil n’a pas beaucoup de chance avec les armes. La première l’a rendu orphelin, la deuxième peut le faire mourir subitement à tout instant. A sa sortie de l’hôpital, Bazil se retrouve à la rue. Par chance, ce doux rêveur, à l’inspiration débordante, est recueilli par une bande de truculents chiffonniers aux aspirations et aux talents aussi divers qu’inattendus, vivant dans une véritable caverne d’Ali-Baba : Remington, Calculette, Fracasse, Placard, la Môme Caoutchouc, Petit Pierre et Tambouille. Un jour, en passant devant deux bâtiments imposants, Bazil reconnaît le sigle des deux fabricants d’armes qui ont causé ses malheurs. Aidé par sa bande d’hurluberlus, il décide de se venger. Seuls contre tous, petits malins contre grands industriels cyniques, nos chiffonniers rejouent, avec une imagination et une fantaisie dignes de Bibi Fricotin et de Buster Keaton, le combat de David et Goliath…

Note de l’Auteur

[rating:7/10]


Date de sortie : 28 octobre 2009
Réalisé par Jean-Pierre Jeunet
Film français
Avec Dany Boon, André Dussollier, Nicolas Marié
Durée : 1h 44min
Bande-Annonce :
[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xakza6_micmacs-a-tire-larigot-bande-annonc_shortfilms[/dailymotion]

Il y a deux Jean-Pierre Jeunet, celui du vingtième siècle avec des réalisations telles que La Cité Des Enfants Perdus, Delicatessen et celui du vingt-et-unième siècle avec l’apparition d’Amélie Poulain et d’Un Long Dimanche De Fiançailles. Alors si ces deux dernières productions citées sont des références au niveau de la réalisation, de la photographie et de la mise en scène, les fans de la première heure dont je fais parti avaient bien du mal à adhérer entièrement à ce nouveau Jeunet, moins farfelu, décalé et déjanté qu’à ses débuts.
Sans pour autant être un chef-d’œuvre en tous points, Micmacs A Tire-Larigot arrive à mettre ces deux générations d’accord grâce à une multitude de petits détails créant un charme indiscutable et un univers d’une ingéniosité infatigable.

Micmacs A Tire-Larigot est avant tout un énorme patchwork rendant hommage au cinéma des années 70 et au cinéma muet à la Chaplin. La phrase « c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes » en est la digne déclaration de cet amoureux du cinéma qu’est Jean-Pierre Jeunet, amour qu’il nous transmet sans compter depuis ses débuts. Ici, le réalisateur a choisit de revenir à un style un peu plus sombre à la Delicatessen sans pour autant l’égaler malheureusement.
Néanmoins, en parfait touche à tout bricoleur, Jeunet réalise un chef-d’œuvre d’ingéniosité qui réveille notre âme d’enfant remodelant le monde à notre façon. Le film est drôle, humain, attendrissant, peut-être un peu trop gentil avec une morale simple comme bonjour (le bien triomphera toujours du mal) mais qu’importe, la mayonnaise prend immédiatement. A cela s’ajoute une belle brochette d’acteurs au capital sympathie inébranlable, une bande-originale bien travaillée et des plans d’une beauté digne des précédents films de cet œil avisé reconnaissable entre mille.

Avec cette poésie et ce charme débordant, on ne pourra que regretter un peu plus le manque de profondeur des acteurs. Dommage que certains n’aient pas été plus poussés car un décalage s’accroît au fil des minutes entre eux. Pire, certains ne seraient pas là qu’on les aurait à peine regrettés comme Calculette qui n’est autre que la copie conforme d’Amélie Poulain. Peut-être qu’Audrey Tautou s’est désistée au dernier moment qui sait.
Autre point négatif, le film traine un peu en longueurs par moment. Alors certes, Micmacs A Tire-Larigot n’est pas une comédie durant plus de trois heures mais certains passages passent complètement à côté de l’effet escompté : on passe de l’hilarité à un léger raté. Dommage.

Au final, Micmacs A Tire-Larigot n’est pas un chef-d’œuvre du genre et ceux qui s’attendaient à une révolution totale ne pourront qu’être déçu. Néanmoins, ce nouveau Jeunet est un film à hauteur d’homme avec une belle magie, un film d’un grand enfant qui n’a jamais cessé de rêver et de s’émerveiller d’un rien. Jean-Pierre Jeunet est peut-être l’un des rares réalisateurs français ayant une vraie personnalité, un réalisateur qui ne fait pas des films que pour lui mais pour les autres, un réalisateur qui ne vogue pas sur la vague des blockbusters sans âme mais qui va où le mènent ses rêves. Sans doute l’un des derniers résistants du vingt-et-unième siècle. Chapeau bas.

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