[critique] Morse

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Oskar est un adolescent fragile et marginal, totalement livré à lui-même et martyrisé par les garçons de sa classe. Pour tromper son ennui, il se réfugie au fond de la cour enneigée de son immeuble, et imagine des scènes de vengeance. Quand Eli s’installe avec son père sur le même pallier que lui, Oskar trouve enfin quelqu’un avec qui se lier d’amitié. Ne sortant que la nuit, et en t-shirt malgré le froid glacial, la jeune fille ne manque pas de l’intriguer… et son arrivée dans cette banlieue de Stockolm coïncide avec une série de morts sanglantes et de disparitions mystérieuses.

Il n’en faut pas plus à Oskar pour comprendre : Eli est un vampire. Leur complicité n’en pâtira pas, au contraire…

Note de l’Auteur

[rating:8/10]


Date de sortie : 04 février 2009
Réalisé par Tomas Alfredson
Film suédois
Avec Kare Hedebrant, Lina Leandersson, Per Ragnar
Durée : 1h 54min
Bande-Annonce :

Morse est l’exemple le plus parlant de mon incompréhension sans cesse croissante face à cette industrie cinématographique qui se prétend amoureuse du 7ème Art et de ses valeurs. Dans ce cas et si c’était vrai, pourquoi presque boycotter un film plébiscité par la critique et les cinéphiles et ayant été récompensé partout où il a été présenté en le retirant aussi vite de nos écrans et en le distribuant dans si peu de salles ? La réponse est toute simple : Morse n’avait pas assez de poids face à tous ces blockbusters grand public qui ne proposent vraiment pas grand chose d’original et de créatif mais qui attirent les gens.

Comme quoi, avoir de la créativité, essayer de se différencier et de donner quelque chose qui sort de l’ordinaire n’est apparemment pas ce que recherche en priorité les producteurs et autres grands manitous de cette industrie vénale. Pour ne citer qu’un seul exemple, je pense que ce n’est certainement pas Darren Aronofsky (Pi, Requiem For A dream, The Fountain et The Wrestler) qui viendra dire le contraire. En tout cas, pour couper court à ce débat, revenons au cœur de cette critique, Morse, car croyez-moi, le film mérite que l’on s’y attarde quelques minutes.

Dès les premières secondes on est plongé dans cette atmosphère particulière, mélange de poésie, de dureté et d’emprisonnement palpable à chaque nouvelle séquence grâce au cadre froid et calme de la Suède. Terre d’accueil pour certains, le pays est ici un personnage à part entière, un être le plus souvent cruel qui absorbe la détresse de ses occupants avec une efficacité quasi chirurgicale. Car il s’agit bien de détresse humaine dans Morse. Détresse psychologique mais également physique de ces deux personnages, Oskar et Eli, voués à une solitude destructrice qui les poursuit inlassablement depuis bien trop longtemps.

Leur rencontre, pourtant vouée à l’échec, sonnera comme la fin de cette souffrance intérieure qui les ronge. Morse met donc en scène la réunion de ces deux jeunes personnes, l’une vampire, obligée de tuer pour survivre et l’autre obligée de se taire et de subir les humiliations pour survivre. Tout est une question de survie ici. Mais contrairement à ce que certains pourront penser, Morse n’est pas un film de vampires. Cet aspect n’est qu’un grain de sable dans le récit. Eli aurait pu être issu d’un autre pays ou d’une autre situation sociale que la force du discours aurait toujours été aussi forte. Car Morse est avant tout le récit d’une lutte, souvent intérieure, d’un cri silencieux contre les discriminations et les injustices de la vie. Oskar mérite-t-il d’être traité de la sorte ? Eli doit-elle être considérée comme une pestiférée à cause de sa différence ? Autant de questions qui prennent le temps de s’installer et d’être analysées dans Morse.

En revanche, certains pourront décrocher à cause de la lenteur du récit, de cette mélodie poétique et de cette rencontre tout en douceur mais je tiens à signaler que ce procédé ne fait qu’accentuer le charme de Morse. Traiter de la découverte de l’autre n’est pas une mince affaire et nombreux sont les réalisateurs qui ont utilisé des ellipses afin d’accélérer l’histoire et ainsi aller directement dans le cœur de l’action pour viser un plus large public. Ici rien de tout cela, le réalisateur prend le temps de nous raconter une histoire de A à Z, ne bifurquant pas en cours de route, restant perpétuellement sur la même ligne directrice.

C’est principalement cette justesse du scénario et de la mise en scène, cette façon très particulière de filmer ces personnages, qui confèrent à Morse une sensation unique et déstabilisante sur fond d’acceptation de la différence qui est bien dure à accepter (l’un des protagonistes du film finira par se suicider à cause de sa soudaine différence).

Au final, Morse est une très belle leçon de vie et de cinéma qui nous entraîne dans une histoire poétique, originale, tendre, légère, dure et macabre à la fois. On ne peut rester indifférent face à ce récit tout en nuance mais indiscutablement brut de décoffrage au final (le réalisateur ne prenant pas forcément de pincettes pour édulcorer son récit). A noter également la performance de ces deux jeunes acteurs (Kare Hedebrant, Lina Leandersson) parfaits sur tout les points.

Pour moi Morse est l’un des meilleurs films de cette année 2009 et l’un des meilleurs films de vampires depuis de nombreuses années. Une perle que l’on se doit de voir sous peine de passer à côté d’un ovni sans prétention qui ne peut que m’encourager à me pencher sur le cinéma nordique et en particulier suédois.

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  1. Franchement, ce film est un vrai bijou, je suis tombé dessus complètement par hasard en rentrant de mon taf, je n’en avait jamais entendu parler,et au final je n’ai pas pu décrocher.
    Un des meilleurs film que j’ai pu voir ces dernières années, prenant, glauque et beau à la fois, j’ai du mal à mêttre des mots dessus, mais ils seront tous positifs.