[critique] Nowhere Boy

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John Lennon a grandi dans une famille pleine de secrets. Élevé par sa tante Mimi, il retrouve à l’adolescence sa mère, Julia. Arrivé en âge de comprendre le mystère qui a déchiré ces deux sœurs, John veut réconcilier sa famille. Une paix fragile s’installe, aussitôt ruinée par une tragédie. Mais sa mère a légué à John un don précieux : la musique. Un jeune homme tourmenté trouve enfin sa voie.

Note de l’Auteur

[rating:7/10]

Date de sortie : 8 décembre 2010
Réalisé par Sam Taylor-Wood
Film canadien, britannique
Avec Aaron Johnson, Kristin Scott Thomas, Anne-Marie Duff, Thomas Sangster
Durée : 1h38min
Bande-Annonce :

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L’ambition de raconter la vie d’une idole demande à l’artiste deux types de qualité : celle de l’historien et celle du vampire. Collecter les faits, sucer leur moelle. Sam Taylor-Wood s’attaque à un John Lennon pubère, c’est-à-dire en pleine cuisson, à peine doré, encore disponible aux quatre vents. L’attaque fait mouche, le célèbre barde à lunettes est ici redécouvert et même découvert par un public qui ne connaîtrait que sa stature. Le baba cool mystique et philanthrope disparaît pour faire place à un excité, un satyre, à un rebelle que l’amour de deux femmes va conduire sur la voie de l’émancipation.

John Lennon vit avec sa tante depuis qu’il a cinq ans. Insouciant, taquin, il coule des jours heureux. Surviennent tout à coup la mort de l’oncle et le retour de la mère. Tel un héros choisi pour l’Initiation, le jeune homme se confronte dès lors à la vérité de ses origines, tout en faisant l’apprentissage du talent qui le rendra exceptionnel. Le schéma de Nowhere Boy empreinte à la mythologie son goût de la révélation et du test. La transposition a lieu dans l’Angleterre des années 50, époque de suspension juchée à la sortie de la deuxième guerre mondiale et à l’entrée de l’âge d’or du rock’n’roll et des courants libertaires.

La jeunesse se désinhibe sous l’influence d’Elvis Presley, de James Dean, de Jean-Paul Sartre. Le jeune héros anglais, préparé par son tempérament à faire sauter les conventions, trouve en sa propre mère le guide qui exacerbera sa sensualité en lui donnant pour cadre une musique jugée infamante parce qu’enflammée. Doté de cette musique, Lennon déviera les coups du sort en les passant au crible de son œuvre. C’est la transfiguration d’une vie familiale difficile en moteur d’énergie qui fera de ce barde un sérieux musicien.

Touchant, frais, positif, Nowhere Boy dévoile avec inspiration la beauté de certains commencements, leur candeur nécessaire et l’étrangeté de leur puissance. Notre époque revenue de tout paraît bien artificielle, bien niaise et bien désespérée en comparaison. La carte maîtresse du film est son interprète principal, Aaron Johnson. Sa souplesse et sa sensibilité rappelle James Dean, cette autre idole. La scène de l’exposition du secret ente la mère, la tante et le héros paraît tout droit sortie de La Fureur De Vivre, pourtant Johnson y apporte une douceur et une rage qui sentent l’implication personnelle.

L’acteur de Kick-Ass adopte précisément le fort accent, l’attitude, la posture d’un jeune britannique de classe moyenne qui va conquérir le monde sans porter le costume ridicule d’un personnage de comics. Johnson fait même oublier que cet adolescent est particulier, il en fait quelqu’un de tous les jours, identifiable dans toutes les familles. Mais que ferait cet apprenti de 20 ans sans ses dames protectrices, Anne-Marie Duff, la mère dévoyée, Kristin Scott Thomas, la tante collet monté, toutes deux exemplaires, superbes de justesse ? Leur chaleur, leur engagement à aimer, à protéger John donnent raison à l’adage du succès de l’homme par la femme. Il n’est pas exagéré de penser que l’écoute des Beatles aujourd’hui peut dépendre de ce joli film, piquant comme du bon rock.

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