Soyons honnêtes, j’avais d’énormes à priori sur PACIFIC RIM. Les bandes-annonces et premières images étaient effarantes de kitch, plus sujet de moqueries que d’attentes exacerbées. Le réalisateur, Guillermo Del Toro était pour moi l’homme d’un grand film, le superbe Labyrinthe de Pan. Le reste de son œuvre me laissait relativement froid. Il est pourtant évident, malgré une avalanche de clichés et un concept rongé jusqu’à l’os (Evangelion, Transformers, tout ça, tout ça..), que l’on tient ici le blockbuster de l’année, au moins.
Et pourtant, tout commence assez mal. Dès les premières secondes, le spectateur est laissé de côté. Un monologue interminable ainsi qu’une scène d’action assez pataude laissent présager le pire. Et il faudra attendre un peu plus d’une demi-heure pour que le film décolle véritablement. La narration prend son temps, et le premier acte ne sert qu’a poser des enjeux dramatiques transparents. Relations père-fils, élève-mentor, fratrie détruite, tout semble aussi cliché que factice. Il faut dire ce qu’il en est, les relations entre les personnages ne se révèlent pas crédibles une seule seconde. Et, à l’exception d’un fabuleux trio comique formé par Charlie Day, Ron Perlman et Burn Gorman, on peine à s’attacher aux protagonistes.
Mais dès que le film entre dans sa deuxième partie et que les attaques commencent, tout bascule. Devant la magnificence du spectacle proposé, tous nos doutes s’évaporent et les faiblesses scénaristiques se retrouvent oubliées. C’est simple, PACIFIC RIM est l’un des films d’actions les plus beaux de ces dernières années. Robots et monstres sont des merveilles de design et d’animation, tant chaque muscle, chaque circuit, chaque parcelle de peau semble prendre vie devant nos yeux. Les décors ne sont pas en reste, ne serait-ce que au niveau de la lumière. Hong Kong, lors de la première attaque semble créature alien lui-même, traité à travers un sublime filtre fluorescent bleu et rouge qui n’est pas sans rappeler Blade Runner de Ridley Scott.
Pacific Rim s’apparente au blockbuster ultime, c’est un plaisir coupable sans interruption, un spectacle total et sûrement la meilleure entrée du genre pour longtemps.
Et que dire de l’action sinon qu’elle est spectaculaire? Comme prévu, ce sont les affrontements Jaeger-Kaïju qui portent le film et l’élèvent aux nues. Tout est ici osé dans des combats aussi absurdes que over-the-top sans aucun temps mort. On va de surprise en surprise, dans une montée exponentielle du spectaculaire, laissant le spectateur bouche bée et rivé à son siège. Si bien qu’on ne se lasse jamais, même après plus d’une heure de lutte, de cette jouissance enfantine et régressive.
Ce qui distingue ce film de la vague de Blockbusters actuelle est son jusqu’en boutisme et son honnêteté, à chaque plan, chaque seconde, on peut sentir le plaisir de l’équipe et l’affection sans borne d’un réalisateur pour son projet. Et si le scénario se révèle aussi prévisible que brouillon dans les parties narratives, on ne parvient pas à lui en tenir rigueur face à la satisfaction qui s’empare du spectateur, dès les lumières rallumées. PACIFIC RIM s’apparente au blockbuster ultime, c’est un plaisir coupable sans interruption, un spectacle total et sûrement la meilleure entrée du genre pour longtemps. Jusqu’à la suite, déjà annoncée? On espère.
Elias