[critique] Petits Meurtres Entre Amis

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A la recherche du colocataire idéal, trois amis font passer un examen d’entrée très strict à bon nombre de postulants jusqu’à ce qu’ils découvrent la perle rare en la personne de Hugo. Celui-ci se révèlent tellement discret qu’il meurt en silence, enfermé dans sa chambre, quelques heures seulement après avoir emménagé. Avec le corps se trouve une valise pleine de billets qui va rapidement avoir raison d’une longue amitié.

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 19 avril 1995
Réalisé par Danny Boyle
Film britannique
Avec Kerry Fox, Christopher Eccleston, Ewan McGregor
Durée : 1h 38min
Titre original : Shallow Grave
Bande-Annonce :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=-vvEn9bDBps[/youtube]

Petits Meurtres Entre Amis est le premier long métrage de Danny Boyle, qui s’est auparavant essayé à de nombreux téléfilms. C’est également sa première collaboration avec Ewan McGregor, dont c’est le premier grand rôle au cinéma, qui a depuis tourné dans une trentaine de films et se permet aussi bien de figurer dans de grosses productions américaines que dans des projets plus modestes sur le sol britannique. Les deux se retrouveront ensuite pour le cultissime Trainspotting et Une Vie Moins Ordinaire, avant que Danny Boyle ne se laisse tenter par les sirènes hollywoodiennes et adapte La Plage d’Alex Garland, sur un scénario de John Hodge. D’ailleurs, les trois films précédemment cités ont justement été écrits par ce même scénariste. Petits Meurtres Entre Amis ne va pas passer inaperçu lors de sa sortie et va permettre à tout ce petit monde de se faire un nom, ce qui vaut également pour Kerry Fox et Christopher Eccleston, qui n’en étaient pourtant pas à leurs débuts.

Le film débute avec le visage fixe de David en gros plan qui déclare en voix off que la confiance et l’amitié sont deux choses importantes dans la vie et que si on ne peut pas faire confiance à ses amis alors à qui ? S’ensuit une étourdissante recherche du colocataire idéal menée tambour battant et dont les différents entretiens ressemblent plus à une mise à mort pour les prétendants. Jusqu’à Hugo. Et si la question de savoir s’il a déjà tué quelqu’un n’appelle pas forcément une réponse positive, elle ouvre le bal des scènes dérangeantes du film. A peine le précieux locataire déniché, les choses ne vont pas se calmer pour autant car il est retrouvé mort le lendemain de son emménagement. Ainsi, si Juliet, Alex et David ont fait montre d’une solidarité et d’une complicité exemplaires jusqu’à présent, les choses vont commencer à se fissurer avec la découverte de l’argent et surtout la décision de le garder. Le point de non-retour sera atteint quand ils devront tirer à la courte paille pour savoir qui va découper le corps. Les choses ne seront plus jamais comme avant. La paranoïa et la violence vont s’installer petit à petit dans l’appartement et ce d’autant plus quand deux gangsters à la recherche de l’argent vont débarquer pour la plus inattendue des visites. Les deux durs ne vont pas tarder à rejoindre Hugo et la tension de monter d’un cran supplémentaire. Tant et si bien que le paroxysme va être atteint et l’affrontement, devenu inévitable, se révéler sanglant. L’amitié se dénombrant parmi les victimes.

Une plongée en apnée d’une heure et demie dans le glauque et le grotesque, saupoudrée d’une grosse touche de violence

Petits Meurtres Entre Amis est une fable noire et dérangeante à l’humour cynique. Une plongée en apnée d’une heure et demie dans le glauque et le grotesque, saupoudrée d’une grosse touche de violence. Un départ sur les chapeaux de roues dans les rues vides de « n’importe quelle ville, elles se ressemblent toutes ». Le montage est extrêmement rapide, tout comme la musique qui rythme les images. Les entretiens de passage sont montés en alternance, se concentrant sur les questions, vu que de toutes façons, les personnes concernées n’ont pas leur mot à dire. De même, lorsque les trois locataires découvrent le cadavre d’Hugo, le montage les suit en parallèle chacun leur tour, très rapidement, entre David qui, interloqué, ne peut quitter le corps des yeux, Alex qui fouille la chambre et Juliet qui est partie téléphoner, cette alternance accroissant la tension de la scène. Le script est un bijou d’humour noir et de cynisme et les punch lines se comptent à la pelle quand les lignes de dialogue ne ramènent pas les trois colocataires à la réalité des faits. Ainsi, quand David demande à Alex et Juliet combien ils ont payé pour une caméra qu’ils viennent d’acheter, il leur fait bien comprendre la différence entre le prix payé et le coût que cet achat pourrait avoir pour eux. En effet, la violence ne manquera pas son rendez-vous et elle sera brute, Danny Boyle ne fera rien pour l’éviter ou l’atténuer, le spectateur est prévenu. Des trois acteurs, c’est Christopher Eccleston qui est le plus remarquable dans l’extrême évolution de son personnage, qui aura d’ailleurs également le mot de la fin :  » Oh oui, je crois en l’amitié, je crois que nous avons besoin d’amis, mais si, un jour, vous vous rendez compte que vous ne pouvez plus leur faire confiance, et bien que se passe-t-il alors, que se passe-t-il? »

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