Secret d'état
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[critique] SECRET D’ÉTAT

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Mise en scène
5
Scénario
7
Casting
6
Photographie
5
Musique
5
Note des lecteurs0 Note
0
5.6

[dropcap size=small]L[/dropcap]

’histoire vraie de Gary Webb n’est pas forcément très connue et c’est regrettable – journaliste ayant accusé, à la fin des années 90, la CIA d’importer de la drogue, il est rapidement discrédité par ses confrères et sa fin tragique ne fera que renforcer le mythe autour de son personnage. C’est bien là la première qualité de KILL THE MESSENGER, sombrement traduit dans nos contrées par SECRET D’ÉTAT : traiter d’un faits divers pas très ancien et donc encore bouillant, rendre hommage à un homme ambigu dont on ne sait toujours pas s’il était un menteur compulsif ou un grand reporter honteusement écarté de sa profession. Michael Cuesta prend dès le départ parti en dépeignant un homme en quête de vérité qui n’est pas sans rappeler le duo gagnant de LES HOMMES DU PRÉSIDENT de Pakula.

Il y a beaucoup d’éléments très intéressants dans le film de Cuesta : une reconstitution fine, un casting et une direction d’acteurs à tomber, malheureusement plombé par un scénario aussi gentil qu’il apparaît plus que prévisible. Les personnages n’évoluent qu’en surface alors que l’absence de tension et d’une certaine brutalité diégétique fait clairement défaut au long-métrage. L’injustice mise en lumière ici ne nous atteint jamais vraiment : on compatit avec Gary Webb, mais on n’est jamais prêt à se battre pour sa cause – sa fonction de biopic n’étant pas réellement développée, c’était pourtant ici qu’il lui aurait fallu davantage approfondir ses ambitions.

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SECRET D’ÉTAT est loin d’être irregardable. Il parvient même à interroger, à un tel point qu’on aimerait vraiment l’aimer, le complimenter pour ses qualités évidentes malheureusement plombées par ses défauts sus-cités. Les seconds rôles – pourtant tous charismatiques – ne sont pas assez présents, les Michael Sheen, Michael K. Williams et autres Barry Pepper n’ont le droit qu’à guère plus d’une scène, et c’est bien dommage. Cuesta livre un produit propre mais anecdotique : on est bien loin des films d’investigation typique des seventies dont il semble pourtant fortement s’inspirer.
Au milieu de ces tâches regrettables, Jeremy Renner fait office de vrai vent d’air frais : il tient peut-être ici l’une de ses meilleures performances. On aimerait vraiment le voir plus souvent dans ce type de rôles, et ce ne serait pas une surprise s’il arrivait à se faire une petite place entre Michael Keaton, Joaquim Phoenix et Jake Gyllenhaal aux prochaines Oscars.

Secret d’état ne va pas plus loin que la petite adaptation de faits divers dont on ne retiendra que son interprète principal.”

Loin d’être immonde, et même plutôt intéressant par sa thématique, SECRET D’ÉTAT ne va pas plus loin que la petite adaptation de faits divers dont on ne retiendra que son interprète principal. Ni la réalisation académique et plutôt superficielle de Cuesta, ni un scénario mal exploité ne sauveront le film des maigres qualificatifs de « divertissement correct » et d’ « intéressante documentation ». Le même film réalisé par Scorsese, avec ces thématiques de descente aux enfers, de trafic de drogues et de corruption à échelle gouvernementale, serait bien plus enthousiasmant – il suffira juste de lui engager un vrai scénariste.

[divider]CASTING[/divider]

Titre original : Kill The Messenger
Réalisation : Michael Cuesta
Scénario : Peter Landesman, d’après Gary Webb et Nick Schou
Acteurs principaux : Jeremy Renner, Rosemarie DeWitt, Ray Liotta, Tim Blake Nelson, Barry Pepper, Oliver Platt, Michael Sheen, Michael K. Williams, Mary Elizabeth Winstead, Andy Garcia, Robert Patrick
Pays d’origine : États-Unis
Sortie : 26 novembre 2014
Durée : 1h52mn
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Synopsis : Une vérité incroyable se dessine : les rebelles du Nicaragua travailleraient directement avec la CIA pour introduire de la cocaïne aux Etats-Unis et l’argent résultant de ce trafic servirait à armer les milices des Contras que veulent soutenir les Etats-Unis. Pour faire exploser la vérité, Webb prend tous les risques et se rend au Nicaragua afin de soutirer des informations essentielles au baron de la drogue Norwin Meneses. Il écrit bientôt une série d’articles qui secoue l’Amérique tout entière…
Webb devient alors une cible pour les journalistes rivaux mais aussi pour les responsables du trafic : un véritable complot se trame contre lui…

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