STINKING HEAVEN

[critique] STINKING HEAVEN

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Mise en scène
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Ambition des choix plastiques
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Apport de ces choix
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Scénario / développement
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4.5
Note du rédacteur

[dropcap size=small]L[/dropcap]a programmation du Champs-Elysées Film Festival a le mérite de brasser large au sein du cinéma indépendant américain. Après deux documentaires (Cartel Land et Welcome to Leith), une comédie dramatique consensuelle (The Road Within) et une qui l’est nettement moins (Nasty Baby), voici qu’est présenté un film inclassable : STINKING HEAVEN.

Dans une maison du New Jersey vit une communauté d’anciens toxicomanes de tous âges, animés par l’envie de rester clean. Régi par des règles strictes et un partage permanent des moments de vie, cette communauté soutient une certaine harmonie. Cependant l’arrivée de Ann, ex-petite amie d’un autre membre, va bouleverser cet équilibre et révéler la réalité qui se cache derrière ce « paradis ».

Réalisé par Nathan Silver, dont la jeune carrière est déjà jalonnée de cinq longs-métrages, STINKING HEAVEN frappe immédiatement en adoptant des choix artistiques très forts. La volonté est ici de produire, voir même de reproduire, un documentaire sur cette communauté fictive. Cela va ainsi se caractériser par une image très « laide », tournée avec une caméra des années 70’, bidouillée pour être transformée en digitale, donnant des couleurs très fades et une qualité variable. Le choix est aussi fait d’un format de cadre très serré, permettant de souligner les visages sur lesquels la caméra ne cesse de se focaliser.

StinkingHeaven-4

Un film qui est donc esthétiquement singulier. La singularité du film ne s’arrête cependant pas là : STINKING HEAVEN est un véritable chaos organisé. Tourné très rapidement et sans scénario, le film est une fiction improvisée, puis filmée presque spontanément, toujours dans cette volonté d’approcher du documentaire. En tant que spectateur on ne peut guère que se raccrocher au titre du film (« paradis puant », traduction littérale assez moche) pour comprendre l’objectif du cinéaste. Lors du visionnage on se pose plus de question sur ce que l’on voit, que sur ce qui est à voir, créant alors une distance permanente et désagréable avec le film.

Nathan Silver s’attache ainsi à retracer la décomposition de cette micro-communauté en révélant et soulignant les vices de chacun des individus, dans ce prétendu havre de paix qui se révèle bien plus moche que la société que la communauté essaye de fuir. Cependant il est difficile de s’engager émotionnellement pour les personnages, d’une part du fait de la photographie donnant l’impression de regarder une vielle VHS apportée par votre grand oncle ; et d’autre part parce que les personnages sont assez désagréables et même parfois très détestable.

« Intriguant et singulier par ses choix artistiques, le film a au final peu d’intérêt. »

La démarche rappel celle du très grand Larry Clark avec Kids ou Ken Park, par cette manière de suivre ses différents personnages tel un docu-fiction. Mais il manque ici l’énergie et l’émotion propre aux films de Clark, constituant non seulement une expérience mais surtout une grande claque pour le spectateur. Dans STINKING HEAVEN l’implication de l’auteur ne se ressent pas, ne transparait pas. Le film bien qu’intriguant, semble dénué d’un propos plus large que son histoire, et donc manque d’intérêt.

STINKING HEAVEN fait partie de ce cinéma avec lequel je n’ai pourtant habituellement pas de problèmes, mais ici le film s’enferme dans ses choix, et Nathan Silver livre alors un film différent uniquement pour sa différence. Le long métrage aurait gagné à ouvrir son propos, et ainsi porter une réflexion sur le communautarisme, la société ou l’individu par exemple. Il en résulte que STINKING HEAVEN est intriguant et singulier par ses choix artistiques, mais cela cache un manque flagrant d’intérêt et de fond.

STINKING HEAVEN est présenté en compétition au Champs-Élysées film Festival édition 2015.

[divider]INFORMATIONS[/divider]
[column size=one_half position=first ]
stinking-heaven-poster
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[column size=one_half position=last ]– CEFF 2015 : ATMOSPHÈRES URBAINES : DETROIT
– CEFF 2015 : IMAGINAIRES AMERICAINS : DESERT
– CEFF 2015 : RETROSPECTIVE FRIEDKIN
– CEFF 2015 : SÉLECTION EMILIE DEQUENNE
– CEFF 2015 : la programmation
– CEFF 2015 : les films en compétition

Titre original : Stinking Heaven
Réalisation : Nathan Silver
Scénario : Nathan Silver, Jack Dunphy
Acteurs principaux : Deragh Campbell, Eleonore Hendricks, Henri Douvry, Hannah Gross
Pays d’origine : Etats-Unis
Sortie : prochainement
Durée : 1h10
Distributeur :
Synopsis : Un couple de jeunes mariés, Jim et Lucy (Keith Poulson, Derag Campbell), sont les pionniers d’une communauté qui prône les bienfaits d’une vie ascétique dans une banlieue du New Jersey. Les membres du groupe se nourrissent, se lavent et travaillent tous ensemble, tout en préparant du ‘thé sain fait maison’ qu’ils vendent dans leur van. Malgré les disputes et les problèmes individuels, Jim et Lucy ont réussi à créer un véritable havre de paix pour ce groupe de marginaux. Une harmonie qui va être perturbée par l’arrivée inattendue d’Ann (Hannah Gross), ancienne droguée et ex-petite amie d’un des membres de la communauté. Sa présence provoquera chez les membres des crises de paranoïa, des rechutes, et parfois même, la mort.

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Rédacteur depuis le 25.03.2015

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Ambition des choix plastiques
Apport de ces choix
Scénario / développement
Note finale