[critique] The Killer Inside Me

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Lou a un tas de problèmes. Des problèmes avec les femmes. Des problèmes avec la loi. Trop de meurtres commencent à s’accumuler dans la juridiction de sa petite ville du Texas. Et surtout, Lou est un tueur sadique et psychopathe. Lorsque les soupçons commencent à peser sur lui, il ne lui reste pas beaucoup de temps avant d’être démasqué…

Note de l’Auteur

[rating:6/10]

Date de sortie : 11 août 2010
Réalisé par Michael Winterbottom
Film américain
Avec Casey Affleck, Jessica Alba, Kate Hudson
Durée : 2h00min
Bande-annonce :

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Eros et Thanatos ont toujours fait bon ménage en littérature et au cinéma. Sade, Musset, Oshima, Verhoeven parmi de nombreux autres enquêteurs, ont mis la loupe sur le rapport inquiétant entre sexualité et  morbidité.
Du baiser à la morsure, de la caresse à la gifle, de l’étreinte à la bousculade, il n’y aurait qu’un pas immanquable. Les pulsions érotiques jailliraient de la même source que les pulsions funèbres. L’orgasme n’est-il pas désigné comme la petite mort ?

Avec The Killer Inside Me, le réalisateur Michael Winterbottom montre à quel point une sexualité mal assouvie peut entraîner un homme sur le terrain glissant de la boucherie. Né de parents sado-masochistes, le jeune Lou Ford confond violence et passion physique.
Devenu apprenti shérif, il parvient à refouler son penchant pour la castagne sentimentale jusqu’au jour où il fait connaissance de Joyce, une prostituée gênante. Les bas instincts de Lou vont alors le posséder comme jamais…

The Killer Inside Me est un thriller linéaire, fatal, prévisible. Malgré cela – grâce à cela – la tension nerveuse et le malaise qu’il propage n’en sont que plus ressentis. On voit venir les coups, on anticipe le mal, on retient le souffle. Tout l’art de la manœuvre pour Winterbottom est de ne jamais desserrer notre raideur.
Casey Affleck est là pour s’assurer que nous restons bien sous l’emprise de son extraordinaire habilité à faire mal sur un écran. Le film lui doit beaucoup. Les pauvres Jessica Alba et Kate Hudson font les frais de cette fureur sardonique que le comédien phare  revêt d’un calme et d’une impassibilité monacale. Lou Ford se dit gentleman. Le contraste entre la nature monstrueuse du personnage et sa sérénité ne peut que faire mouche, au son des standards dansants de la country music et de la célèbre romance pour ténor de Donizzetti.
Affleck possède tout à fait la maîtrise de cette puissante instabilité. Il n’est pas inférieur à Edward Norton et à Daniel Day-Lewis, les risques-tout à qui les rôles les plus dérangeants ne résistent pas. Il entre dans la famille des meilleurs comédiens de ce début de siècle aisément.

Notons toutefois que de film à film, Don Juan DeMarco est plus nécessaire à notre société que The Killer Inside Me. Société dans laquelle le rapprochement du sexe et de la mort obnubile plus d’un esprit. Notons que le postulat de départ est le même pour les deux films : un garçon renfermé, fasciné par la femme et n’envisageant le monde qu’à travers sa propre longue-vue, cherche à donner corps à la marginalité de ses fantasmes.
Dans un cas, ce vœu mène à de sanguinolentes relations, dans l’autre au Nirvana. Don Juan célèbre le sexe, ce qui ne l’empêche pas de faire un séjour à l’asile psychiatrique ! Mais à tout prendre, est-il plus positif de banaliser Eros, de le détruire ou de lui restituer sa chaleur ? L’érotisme affligé devrait céder du terrain. Il est partout. Millenium, Millenium, Millenium. Bacchus, reviens !

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