Tu dors Nicole
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[critique] TU DORS NICOLE

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Mise en scène / composition des plans
9
Scénario
5
Casting
8
Photographie
9
Musique
7
Note des lecteurs0 Note
0
7.6
Note du rédacteur

[dropcap size=small]I[/dropcap]t’s a show about nothing ! (« Une série qui ne parle de rien ! »). C’est à partir de cette phrase mythique qu’a été créée l’une des meilleures (la meilleure ?) sitcom de tous les temps, la série américaine de NBC : Seinfeld (1989-1998). Tout en abordant un style totalement différent, TU DORS NICOLE offre un ressenti similaire. Une histoire assez simple, un film qui observe la vie de la jeune Nicole durant l’été, son ennui et son passage à l’âge adulte. Si Seinfeld a réussi à ne parler de rien sur 180 épisodes de 20 minutes, ce film canadien fait de même et avec brio sur 1 heure 30. Avec une image sublime et une richesse de chaque plan, le réalisateur Stéphane Lafleur a fait de TU DORS NICOLE un film drôle et surréaliste, malheureusement éclipsé lors de sa présentation à la 67e édition du Festival de Cannes (sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs) par l’engouement critique, que nous ne partageons pas, autour de Mommy de Xavier Dolan (autre représentant canadien).

Profitant de la maison familiale en l’absence de ses parents, Nicole écoule paisiblement l’été de ses 22 ans en compagnie de sa meilleure amie Véronique. Alors que leurs vacances s’annoncent sans surprise, le frère aîné de Nicole débarque avec son groupe de musique pour enregistrer un album. Leur présence imposante vient rapidement ébranler la relation entre les deux amies. L’été prend alors une autre tournure, marqué par la canicule, l’insomnie grandissante de Nicole et les avances insistantes d’un garçon de 10 ans. Tu dors Nicole observe avec humour le début de l’âge adulte et son lot de possibles.

Tu dors Nicole 1

TU DORS NICOLE raconte un moment de vie d’une jeunesse qui s’apprête à entrer dans l’âge adulte, et son incapacité à avancer. D’un côté il y a Nicole qui veut partir en Islande pour ne rien faire ailleurs que chez elle mais sans jamais se lancer dans son voyage. De l’autre il y a son frère (Marc-André Grondin difficilement reconnaissable le crâne rasé), qui répète avec son groupe de musique. Mais sans réel projet il préfère pousser ses musiciens à bout jusqu’à les faire quitter le groupe. Cependant plutôt que de développer son sujet par le scénario, le réalisateur reste en observateur de la vie. Il ne se passe rien dans la vie de Nicole, à part son petit boulot dans un magasin et l’ennui le reste de la journée. Seulement à l’inverse de Sofia Coppola qui avec Somewhere (2010) nous plongeait dans la lassitude, Lafleur nous maintient dans son univers des plus agréable à l’aide d’un mélange d’ambiances pour le moins incongru. Drôle et surréaliste, comme avec le jeune Martin, garçon de 10 ans à la voix d’homme (Godefroy Reding, doublé par Alexis Lefebvre), pour un effet étonnant et hilarant, le film est aussi profondément naturel et gracieux, à travers le personnage de Nicole. Interprétée par Julianne Côté, charmante et amusante, la jeune fille dégage une vraie fraîcheur avec son sourire en coin malicieux et son flegme lié à l’incompréhension de ce qui l’entoure. Elle forme avec Catherine St-Laurent (Véronique) un excellent duo, toujours sublimé par la caméra.

”Absence de couleurs, combinée au non mouvement de la caméra de Lafleur, TU DORS NICOLE ressemble à un album de photographies, une merveille pour les yeux.”

Stéphane Lafleur montre un véritable talent pour placer sa caméra. Aucun mouvement, à l’exception de deux-trois panoramiques et travellings, le réalisateur choisit toujours le meilleur cadre imaginable. Comme une bande-dessiné, chaque plan est une case dans laquelle tout est déjà présent. Les personnages se déplacent régulièrement dans le cadre de manière horizontal jusqu’à en sortir, comme si les protagonistes tournaient eux même les pages. Le hors-champ prend alors tout son sens, laissant une place importante à l’imaginaire du spectateur. Avec cette optique de découpage Lafleur donne à son film un côté magique. D’une part avec la richesse des plans, obtenue grâce aux choix de décors et à une grande profondeur de champ, autant sur des plans larges que des plans resserrés, mais également par la photographie. Le film, qui a été tourné en couleur puis transféré en noir et blanc, trouve sa beauté dans le jeu de lumière. Une qualité d’image que l’on doit à la directrice de la photographie Sara Mishara. Cette américaine de 38 ans qui avait déjà illuminé les deux précédentes œuvres de Lafleur, Continental, un film sans fusil (2007) et En terrains connus (2011), mais également le beau Félix et Meira de Maxime Giroux sorti en France, ironie du calendrier, un mois plus tôt, atteint là un niveau d’excellence remarquable. La technicienne plonge chaque plan dans une moiteur relative à la chaleur de l’été tout en créant un contraste par l’absence de couleurs. Combiné au non mouvement de la caméra de Stéphane Lafleur, TU DORS NICOLE ressemble à un album de photographies, une merveille pour les yeux.

Tu dors Nicole 2
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Devant une telle qualité d’image, on en viendrait presque à oublier Nicole. Bien qu’étant l’héroïne du film le réalisateur s’amuse à la placer régulièrement dans un coin du cadre. Une manière d’intriguer, de gêner et de nous laisser dans un état de doute. Est-ce que ce que nous voyons est réel ? Nicole étant sujette à des insomnies, elle semble vivre dans une sorte de brouillard et dans une distorsion du réel. Pouvant s’assoupir sur un canapé au travail ou dans la voiture d’un inconnu tournant en rond dans le quartier pour endormir son enfant en bas âge. La jeune fille est la raison de cette ambiance onirique et surréaliste où se mêlent humour et émotion. Elle sera d’ailleurs entourée tout au long du film par le son extradiégétique (extérieur à la narration, non entendu par les protagonistes) de harpe façon conte de fée, et la musique intradiégétique (intégré à la narration, entendu par les protagonistes), rock grunge de son frère. Avec cette mise en scène si particulière qui fait oublier un scénario léger, Stéphane Lafleur prouve que parfois l’image et l’ambiance générale suffisent à faire du beau cinéma.

Les autre sorties du 18 mars 2015

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18 mars 2015 Tu dors nicole

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Titre original : Tu dors Nicole
Réalisation : Stéphane Lafleur
Scénario : Stéphane Lafleur, Valérie Beaugrand-Champagne
Acteurs principaux : Julianne Côté, Catherine St-Laurent, Marc-André Grondin
Pays d’origine : Canada
Sortie : 18 mars 2015
Durée : 1h33
Distributeur : Les Acacias
Synopsis : Profitant de la maison familiale en l’absence de ses parents, Nicole passe paisiblement l’été de ses 22 ans en compagnie de sa meilleure amie Véronique. Alors que leurs vacances s’annoncent sans surprise, le frère aîné de Nicole débarque avec son groupe de musique pour enregistrer un album. Leur présence envahissante vient rapidement ébranler la relation entre les deux amies. L’été prend alors une autre tournure, marqué par la canicule, l’insomnie grandissante de Nicole. Tu dors Nicole observe avec humour le début de l’âge adulte et son lot de possibles.

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