[critique] Twelve

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Des adolescents riches et désabusés, des fêtes sans joie, des parents absents, un peu de dope pour le grand frisson et parmi eux, White Mike, jeune dealer qui vient de quitter son école privée de l’Upper East Side à New York. White Mike ne fume pas, ne boit pas, ne va pas dans les fêtes, sauf pour vendre sa nouvelle drogue, le Twelve. Notre histoire commence quand Charlie, le cousin de White Mike, est assassiné… et se terminera lors d’un anniversaire, dans la violence et la perdition.

Note de l’Auteur

[rating:4/10]

Date de sortie : 8 septembre 2010
Réalisé par Joel Schumacher
Film américain
Avec Chace Crawford, Curtis « 50 cent » Jackson, Rory Culkin, Emma Roberts, Emily Meade, Esti Ginzburg, Billy Magnussen, Chanel Farrell, Zoë Kravitz, Ellen Barkin
Durée : 1h35min
Bande-Annonce :

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Le péril jeune est une source infinie d’inspiration. Les époques se succèdent mais les fondamentaux qui constituent l’âge ingrat restent inchangés. Le jeune patauge en quête d’une identité. Twelve ne surfe pas sur une autre vague mais ne s’aventure jamais très loin des côtes.

La mère de White Mike est décédée des suites d’un cancer. La peine du garçon le conduit à la délinquance, il devient dealer de drogue. La jeunesse dorée de Manhattan forme sa clientèle de choix, la jeunesse obscure de Harlem fournit la marchandise. Déambulant d’un monde à l’autre, White Mike ne sait pas mettre assez d’écart entre le nord et le sud. La collision « culturelle » s’avérera donc dramatique.

Le point de départ du film interpelle. Dans la même ville, deux jeunes communautés jettent sur la table des négociations leur désœuvrement commun : tête basse à l’égard de l’avenir, tête lourde à l’égard du présent. La drogue sert de calmant jusqu’à ce que la dépression prenne le dessus sur ses p’tits mondes. Malheureusement, les scénaristes ne prennent jamais le dessus sur leur paresse.

Twelve ne va pas au-delà d’un constat rebattu depuis Beverly Hills : les gosses de riches connaissent la souffrance. Ils sont mal-aimés de leurs parents. Ils vivent dans la solitude. Priez pour eux. Ce constat met mal à l’aise quand on se remémore la Cité de Dieu de Fernando Meirelles. La favela brésilienne est une vraie prison pour qui n’a pas la bonne étoile. Manhattan, décrite comme une prison par l’un des personnages de Twelve, est une prison pour les légumes. Ce qui agace dans ce genre de film (Hell de Bruno Chiche en est l’équivalent français) est bien l’absence de personnages sensés. Aucun gosse de riches n’a jamais le courage d’utiliser son argent pour voyager, se refaire une vie au contact d’un Monde Neuf. Aucun d’entre eux n’est rusé. Leur apathie n’est jamais vaincue et même, cette apathie porterait en elle le germe rare de l’héroïsme. On veut nous faire croire que la décadence est cool pourvu que l’on porte des chaussures Louboutin. Le message est d’une stérilité sans fond.

L’adaptation littéraire, la fidélité à un romancier (ici Nick McDonell)  n’est pas une excuse satisfaisante. Manhattan ou Harlem, même combat. La complaisance malsaine avec laquelle tous ces poseurs acceptent leur pauvre destin rend réactionnaire. Les scénaristes ne prennent pas le temps de développer le rôle de Curtis « 50 Cent » Jackson, emblème tout désigné de ce système D new-yorkais, sanguinaire, a priori sans issue. Ils ne prennent pas le temps de développer le rôle d’Esti Ginzburg, l’autre emblème, celui de la déesse pubère urbaine. Mille personnages à l’écran, aucun ne ressort. Défilé de mode. Et si, pour la prochaine fois, quelqu’un pensait à donner faim aux jeunes ?

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