En vampire flingueuse Kate Beckinsale fait toujours plaisir. Mais dans UNDERWORLD 5, qui cumule les fautes de goût, elle reste trop anecdotique.
Ironie du sort, c’est à moins d’un mois d’intervalle que sortent sur les écrans français les nouveaux opus d’Underworld et Resident Evil. Deux sagas franchement peu glorieuses, mais intéressantes par leurs similarités et leurs différences. Au-delà de leur héroïne respective – la vampire Selene d’un côté, la tueuse de zombie Alice de l’autre – on peut déjà les rapprocher par leur évolution au fil des films. Ayant démarré au début des années 2000 avec un budget plutôt réduit (32 millions de dollars pour Resident Evil en 2002 et 22 millions pour Underworld en 2003), il s’en dégageait une ambiance plus intimiste qui en faisait des séries B pas désagréable. Le public répondant suffisamment présent, les productions se sont dites que pour gagner plus il suffisait d’investir davantage – une logique récurrente à Hollywood mais qui fonctionne rarement.
C’est donc à partir des seconds Resident Evil et Underworld que les deux franchises se sont engouffrées dans un cinéma d’action bas de gamme. Cependant, en faisant preuve d’un « je m’en-foutisme » cinématographique le plus total avec Resident Evil, le réalisateur Paul W.S. Anderson a au moins réussi à proposer un semblant de divertissement. En ne respectant tellement pas les règles du bon gout, Resident Evil amuse au moins sur le canapé un jour de pluie. Ce qui est loin d’être le cas d’Underworld qui a opté pour une forme de sérieux. Mais ne disposant pas de créateurs de qualité – scénaristes comme réalisateurs et producteurs, Len Wiseman en tête – pour développer correctement l’univers, il résulte des Underworld des films ratés et assez cheap. Et évidemment UNDERWORLD 5 n’y fait pas exception.
Depuis Underworld 2 : Evolution, Len Wiseman a décidé de n’être présent que comme producteur sur la saga. Ainsi, après Patrick Tatopoulos (Underworld 3 : Le Soulèvement des Lycans) et Måns Mårlind et Bjorn Stein (Underworld : Nouvelle Ère), c’est au tour d’Anne Foerster de rejoindre les rangs. Comme ses prédécesseurs, l’allemande n’a pas grand-chose à son actif en tant que réalisatrice (quelques épisodes de série) et a été choisie uniquement pour suivre les consignes du grand manitou. Difficile donc de la juger responsable du résultat d’UNDERWORLD 5. D’autant plus qu’il fallait, à nouveau, faire avec un scénario calamiteux.
Après un rapide résumé des épisodes précédents, en voix off et flashback, permettant surtout de rendre évident le ridicule de toute cette histoire, on retrouve donc Selene, toujours poursuivie par son clan, les vampires, et celui des lycans – des loups-garous, en guerre contre les vampires depuis des siècles. Ces derniers sont à la recherche de la fille de Selene, un être hybride dont le sang pourrait rendre très, très fort tous les lycans. Sauf que pour la protéger, Selene a abandonné sa fille et ne sait pas où elle se trouve. Bon… Clap de fin ? Et bien non ! Forcément Marcus, chef des lycans, n’est pas au courant de ce détail. Et il fera tout, durant une heure, pour mettre la main sur Selene, avant d’être obligé de repasser à son plan initial : aller au manoir des vampires et tirer dans le tas.
[bctt tweet= »« Sans surprise UNDERWORLD 5 n’est pas bon, et même pas divertissant » » username= »LeBlogDuCinema »]
Entre temps il y aura des trahisons chez les vampires, une sorte de soirée SM (les vampires aiment le cuir) dans leur manoir, et le compagnon de Selene, David (Theo James), en pleine crise existentielle après avoir appris qui était sa mère… Justement, alors que la saga se suffisait de son héroïne et ses objectifs simples (la survie), ce personnage et son évolution ne servent malheureusement qu’à mener le film à un construction scénaristique limite obsolète. Lui, mais comme le reste des protagonistes du film (et des épisodes précédents), n’a finalement de vampire plus que les dents. A l’image finalement de l’évolution de la saga qui, plutôt que de n’en montrer que le minimum pour se focaliser sur l’essentiel, a essayé de développer un univers vampirique dans le monde moderne, mais de manière grossière, à la sauce hollywoodienne.
Ces ajouts de personnages secondaires provoquent dans UNDERWORLD 5 une mise en retrait de Selene, dont le charisme est pourtant le seul intérêt. C’est avant tout sa présence, dans une certaine retenue, qui maintenait le premier opus dans quelque chose d’envoûtant. Et avouons-le, il est toujours assez chouette de voir Kate Beckinsale dans sa tenue de cuir et ses flingues en main. Mais on ne peut pas dire que les quelques scènes d’action soient d’assez bonne facture pour la voir vraiment s’y exprimer. Bien mal filmés, les combats entre les lycans et les vampires sont trop statiques, limités à des fusillades insignifiantes durant lesquels aucun enjeu ne se fait ressentir. Reste alors en mémoire, au milieu d’un mauvais goût général, quelques plans de Selene virevoltante avec ses mèches blondes. Notamment cet arrachage de la colonne vertébral d’un lycan, qu’elle garde dans sa main ensanglantée ; résultat du Rated R (classification américaine pour un film interdit aux moins de 17 ans) comme bien maigre consolation.
Pierre Siclier
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• Réalisation : Anna Foerster
• Scénario : Cory Goodman
• Acteurs principaux : Kate Beckinsale, Theo James, Tobias Menzies
• Date de sortie : 15 février 2017
• Durée : 1h 31min