Une histoire américaine
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[critique] UNE HISTOIRE AMERICAINE

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Mise en Scène / Rythme
4
Scénario
5
Casting
6
Photographie
7
Musique / son
4.5
Note des lecteurs5 Notes
7
5.3
Note du rédacteur

[dropcap size=small]D[/dropcap]éroutant ! S’il n’y avait qu’un seul mot pour décrire Une histoire américaine, ce serait celui-là. Les yeux rivés sur le grand écran, le spectateur se sent impuissant. Ce film a cette force, celle d’impliquer le spectateur dans le récit, en véritable personnage témoin. Et puisque l’on ne peut changer le cours de l’histoire, nous devenons vite prisonniers d’une farce tragique, où le personnage principal fait les mauvais choix. Où l’on aimerait pouvoir lui glisser quelques mots à l’oreille.

Philip Roth disait : « L’amour, la seule obsession que tout le monde désire. » L’écrivain américain avait vu juste. Une histoire américaine est une chronique de la vie désolante d’un français à New-York. Vincent incarné par Vincent Macaigne, a tout quitté pour elle, Barbara. Il l’a suivi jusqu’à New-York et depuis, elle ne veut plus de lui. Obsédé par l’idée de reconquérir celle qu’il aime, Vincent ne renoncera jamais. Jamais ! Second long-métrage d’Armel Hostiou après Rives, présenté en 2011 au Festival de Cannes dans la sélection Acid, Une histoire américaine n’a rien du rêve américain. Rien de la belle et trépidante vie new-yorkaise. On pense plutôt volontiers au cauchemar, celui qui met dans un état de détresse, celui qui parle de désespoir. On ne sait strictement rien sur Vincent. L’histoire qui défile à l’écran raconte l’après-rupture. On ignore donc le pourquoi du comment, et qui est vraiment Vincent. Dès lors, le mystère s’installe pour ne plus disparaître, et le marginal se laisse aller à la dérive.

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Pareil à un oiseau, la caméra survole New-York, ses ponts grandioses, ses buildings majestueux, pour s’y poser pour un bon moment. Le paysage urbain est découvert à travers de longs travellings, qui montent, qui descendent. L’objectif suit les courbes de l’architecture, et comme si nous étions dans une attraction, la vivacité des plans procure une douce peur, un malaise délicieux.

Armel Hostiou organise notre première rencontre avec Vincent dans le métro. Et déjà, il y a cette tristesse ambiante, comme si autour de lui s’était construit une aura de désolation. Lorsqu’un vendeur lui demande pourquoi il veut à tout prix la récupérer, il répond « mais elle est très belle ». Est-il vraiment amoureux ? Connaît-il ce sentiment nébuleux ? Tout au long du film, Vincent ne trouve que cette raison pour se raccrocher à son amour, brandissant à tout bout de champ le portrait de sa belle. Quand vient la rencontre avec Barbara, c’est son dos en amorce que l’on voit en premier. Elle apparait comme une énigme. Ce n’est pas bon signe.

« Second long-métrage d’Armel Hostiou après Rives, présenté en 2011 au Festival de Cannes dans la sélection Acid, Une histoire américaine n’a rien du rêve américain. Rien de la belle et trépidante vie new-yorkaise. »

Il l’approche, essaie de lui faire la conversion, mais ils n’ont rien à se dire, comme s’ils ne se connaissaient pas. Vincent lui tourne autour, tel un dragueur désagréable, affligeant et mauvais. S’il met tout en œuvre, il est maladroit. Elle le repousse gentiment. Trop gentiment sans doute. La virée nocturne tourne court face à l’Hudson River, et les lumières de la ville remplacent l’ardeur tombante du soleil. Vincent parvient à ses fins, du moins pour quelques heures dans son lit. Barbara a eu pitié de lui, comme nous, lorsque l’on regarde son visage morne. Sa sympathie cache à l’évidence une certaine culpabilité de l’avoir amené jusque là. Côté mise en scène, l’incertitude, le trouble sont accentués par des jeux de flou appuyés, contrastant avec des coloris profonds et une lumière cadencée.

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Alors qu’il erre dans un bar polonais, il rencontre Sofie, une new-yorkaise qui a tout pour lui plaire. Elle est amusante, compréhensive et le trouve même attirant. S’installent entre eux une complicité : ils s’amusent, discutent, se baladent. Mais Vincent ne voit chez elle qu’un passe-temps. On se demande même quelques instants s’il va se passer quelque chose entre eux, avant d’être gagné par la déception. Le protagoniste a l’esprit trop occupé par la chimérique Barbara et passe à côté d’une véritable histoire, la vraie. (Et là, on a vraiment envie de le secouer.) Elle fini même par l’agacer et la rejette en disant « t’es un pot de colle ! ». Ironique, quand on connaît sa tenacité. Vincent est pitoyable, sans style (il porte sous sa chemise deux tee-shirts) et ennuyeux, si bien qu’il en devient drôle. Ce drôle de héros est constamment en marge des choses. Il ne cesse d’harceler Barbara, se mettant dans des situations improbables. Il ose lui demande sa main chez son nouveau compagnon, après lui avoir demandé un jus d’orange pressé par exemple.

« A Frenchman in New York ». La ville qui ne dort jamais est une actrice à part entière dans le film, passant au second plan les personnages. Tout le monde est gentil, tout le monde est courtois. Sans doute aurait-il fallu renforcer légèrement le caractère de chacun, leur donner plus de fougue. Dans cette ville singulière, où les gens du monde entier se retrouvent, le rapport avec les autres est plus codifié. Vincent transgresse largement ces règles.

Voilà une chose que manie habilement Une histoire américaine : la moquerie légère. Et heureusement ! Autrement, nous serions tous en dépression. Le film parvient à  faire esquisser de temps en temps quelques sourires imprevus. L’obsession alterne entre comédie et tragédie avec aux platines, une bande originale pop-rock mélancolique et harmonieuse. Vincent souffre d’une « folie amoureuse » et Vincent Macaigne donne à son personnage une dimension burlesque, créant un rapport poétique avec la société. Finalement, trouve-t-il un plaisir dans la souffrance ? Peut être.

 « New-York m’apparait parfois comme une sorte de Babylone capable de dévorer ses propres habitants. » affirme le cinéaste Armel Hostiou à propos de la Big Apple, et c’est exactement ce qui se passe pour Vincent. Jusqu’où tout cela va-t-il le mener ? Mystère…

Par Anna OUTY

En salles le 11 février 2015

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• Titre original : Une histoire américaine
• Réalisation : Armel Hostiou
• Scénario : Armel Hostiou, Vincent Macaigne, avec la participation de Léa Cohen
• Acteurs principaux : Vincent Macaigne, Kate Moran, Murray Bartlett
• Pays d’origine :  France
• Sortie : 11 février 2015
• Durée : 1h25
• Distributeur : Ufo Distribution
• Synopsis : Par amour, Vincent a suivi Barbara à New-York. Mais elle de veut plus de lui. Obsédé par l’idée de la reconquérir, il décide d’aller jusqu’au bout…

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