Photo du film WADJDA

WADJDA, film subtil et touchant – Critique

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wadjda
• Sortie : 6 février 2013
• Réalisation : Haifaa Al Mansour
• Acteurs principaux : Reem Abdullah, Waad Mohammed, Abdullrahman Al Gohani
• Durée : 1h37min
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4
note du rédacteur

Premier film saoudien officiel. A partir de 2002, seuls deux longs métrages et un documentaire ont vu le jour mais ce film reste la première véritable production saoudienne au cinéma.

De plus, c’est une femme qui le réalise et qui l’a écrit. Ce n’est pas rien, c’est tout d’abord une nouvelle page et un grand pas en avant qui, espérons-le, va amener vers un futur glorieux dans le cinéma saoudien. On peut l’espérer car ce film augure de belles choses.

C’est alors le premier film saoudien officiel et donc, par une logique implacable, le premier long-métrage de la cinéaste. Ce qui est admirable, c’est le sujet qui s’élève à une importance capitale, mais pas au point de vouloir en faire une satire radicale. Haifaa Al Mansour intégre dans son film un côté féministe très plaisant, qui nous porte vers l’ambiance agréable et le confort dans le sujet. Mais surtout, un côté féministe qui nous oblige à nous placer du point de vue de la femme, un peu comme l’avait fait Mohammed Diab avec Les Femmes du Bus 678 l’an passé.

De plus, ce côté féministe a comme personnage principale la petite Wadjda, une fille de 12 ans haute en couleurs. Et la puissance du film et surtout du message vient de là : on voit les problèmes tracés à travers les yeux d’une enfant. L’innocence s’ajoute et l’audace s’y colle. L’enfant veut aller au bout de ses désirs et volontés et fera tout pour y parvenir, quitte à transgresser les règles (on a peu voir cela dans Cartouches Gauloises de Mehdi Charef ou la guerre d’Algérie était vue par des enfants des deux pays).

Portrait moderne de la civilisation et de l’adolescence, avec des dualités et une odyssée optimiste de la résistance féminine saoudienne.

La petite Wadjda incarne donc ici les femmes saoudiennes. Mais pas dans n’importe quoi. A travers son innocence, sa naïveté et sa fougue certaines, elle incarne la résistance féminine saoudienne face à l’oppression des hommes, face aux règles religieuses et aux codes culturels. C’est une véritable odyssée que l’on peut vivre dans ce film. Une odyssée à travers laquelle les femmes vont faire preuve de bravoure face aux codes et aux règles imposés dans ce pays (pourrait-on y comprendre le développement tardif du cinéma saoudien ?).

Ensuite, la petite Wadjda représente trait pour trait la jeunesse universelle dans toute sa splendeur. Enfin, dans toutes ses caractéristiques. Quand les jeunes demandent à leurs parents une chose et n’abdiquent jamais. Quand les jeunes désobéissent aux règles scolaires. Quand la jeunesse se fait délinquante. Quand la jeunesse est la preuve de liens familiaux très forts. Quand la jeunesse découvre l’amour et l’amitié. Quand la jeunesse découvre la vie, en quelque sorte. Une vie pas facile dans laquelle ils doivent intégrer le système.

Photo du film WADJDA

Mais même si cette jeunesse et ces femmes doivent subir le système, ces règles et ces oppressions, ce n’est pas pour autant qu’elles gardent un oeil optimiste à la situation. Dans l’espoir que tout sera beau et couronné de succès, on peut y voir l’espoir d’un monde meilleur. C’est une course à l’avenir, c’est une course à la volonté de compter parmi les citoyens de ce peuple, de ce monde. C’est alors que la révolte publique devient une quête à la liberté.

On pourrait dire que ce film est composé de plusieurs dualités. Comme expliqué précédemment, il y a l’opposition entre l’homme et la femme. Il y a celle entre les règles, les codes et la liberté. Il y a celle entre les parents et leurs enfants. Mais est présent également une dualité entre l’émancipation et la religion. Il n’est pas question de s’interroger sur les pratiques ou les règles de la religion, mais il y est question de savoir comment s’en libérer pour s’acquérir de la liberté.

Finalement, WADJDA est un film subtil et touchant à la fois. On ne peut pas s’attarder sur les petits défauts de mise en scène tant ce sont les défauts des premiers films. Mais on pourra surtout retenir que Haifaa Al Mansour dépasse le cadre de son film pour en offrir un portrait moderne de la civilisation et de l’adolescence. A la fois question de dualités hommes / femmes, parents / enfants, émancipation / religion et règles / liberté, ce film est également une odyssée optimiste de la résistance féminine saoudienne vue à travers le regard naïf et fougueux de la jeunesse. Le cinéma saoudien est né, et il surprend déjà.

Teddy

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