Werewolf

[CRITIQUE] WEREWOLF

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Pour son premier long-métrage, Werewolf, Ashley McKenzie observe avec sensibilité et personnalité l’histoire déchirante d’un couple mis de côté par la société.

Au Cap-Breton au Canada, deux jeunes junkies, Blaise et Nessa, tentent de s’en sortir comme ils peuvent. Trimballant avec eux une tondeuse à gazon, ils font du porte-à-porte en proposant leurs services contre quelques billets. Le reste du temps, ils ne le passent pas à consommer, mais essaient justement de décrocher en suivant un programme de sevrage à la méthadone.

Cette histoire, Ashley McKenzie en a été témoin dans sa ville natale il y a environ cinq ans. Des personnages bien réels qui l’ont inspiré pour WEREWOLF, son premier long-métrage, sélectionné en compétition au Toronto International Film Festival en 2016. La réalisatrice a voulu comprendre qui ils étaient, qu’elle était la vie de ces personnes ignorées la plupart du temps. Au travers de cette histoire d’amour terrible, WEREWOLF pose un regard précieux sur la société actuelle. Car en suivant leur parcours au quotidien, Ashley McKenzie pointe l’absence de soutien envers des êtres humains, rappelons-le.

Werewolf

Qu’importe le passé de Blaise et Nessa, ce qui les a amené à sombrer dans la drogue, la réalisatrice reste dans l’instant présent. Nous plongeant immédiatement à leurs côtés, filmant en gros plan un visage, une main qui tremble. Le tout en jouant constamment de dé-cadrage, provoquant une forme de perte d’équilibre, comme un vertige ambiant qui se ressent au contact des protagonistes. Le jour, ils se baladent dans les rues, demandent un peu d’argent en laissant de côté (quand ils le peuvent) leur dignité face au regard des « autres ». En montrant un certain courage de leur part – surtout de Nessa, qui derrière son mutisme cache une force notable – et n’en faisant pas des êtres passifs, McKenzie pose des questions essentielles. Comment se sortir d’une telle situation ? Comment décrocher et retourner dans la société lorsqu’on vit dans une caravane au milieu de nulle part ? Ce n’est pas avec un suivi médical et une dose ponctuelle de méthadone que Nessa et Blaise pourront réellement avancer. Il faudra justement un coup de pouce d’une habitante du quartier, qui acceptera de les héberger gratuitement. Pas de gouvernement donc, mais le peuple qui aide le peuple. Par cette aide inattendue, Nessa pourra se laver (elle et ses habits) et être suffisamment présentable pour postuler à un travail dans la restauration, tout en poursuivant son programme de sevrage. Rien de bien glorieux à nettoyer de la friture, mais un lieu de sociabilité obligatoire pour espérer remonter la pente. Sauf que tout en étant l’endroit qui lui permettra de sortir de sa condition, il en reste un lieu aliénant et enfermant. À l’image de ce dernier plan, un filet à cheveux posé sur la tête de Nessa, qui prouve toute l’intelligence du regard de la réalisatrice.

[bctt tweet= »« Werewolf est un petit film indépendant qui bouscule en pointant l’isolement d’humains » » username= »LeBlogDuCinema »]

Si Nessa ira bel et bien de l’avant, ce ne sera pas le cas de Blaise. C’est alors que WEREWOLF se met à dépeindre une histoire d’amour des plus tragique. Car finalement le plus dur ne sera pas tant de décrocher de la drogue, mais bien d’une relation toxique (à un certain point). Blaise n’étant pas un mauvais garçon, mais juste bien plus détruit que sa compagne, il tirera leur couple vers le bas. Physiquement affaibli, incapable de redémarrer leur tondeuse, laissant Nessa faire la majorité du travail, il apparaît simplement bien trop en manque pour être d’un quelconque soutien. Parfois, l’union ne fait pas la force, et il faut parvenir à s’en détacher pour son propre bien-être. En cela WEREWOLF s’avère déchirant et rappelle même un certain Panique à Needle Park (Jerry Schatzberg, 1971).

Heureusement, Ashley McKenzie évite de tomber dans le pathos et garde toujours en vue la part d’humanité de ses personnages pour ne pas les accabler. Elle fait preuve ici d’une vraie personnalité et une sensibilité touchante, et dispose pour l’accompagner de deux interprètes émouvants (Andrew Gillis et Bhreagh MacNeil). Parfois dérangeant dans sa manière de nous confronter à une réalité difficile, mais si intéressant dans son fond comme sa forme, WEREWOLF se révèle en petit film indépendant d’une grande réussite, de seulement 1h20. Il n’en fallait pas d’avantage pour nous bousculer autant.

Pierre Siclier

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Titre original : Werewolf
Réalisation : Ashley McKenzie
Scénario : Ashley McKenzie
Acteurs principaux : Andrew Gillis, Bhreagh MacNeil, Kyle M. Hamilton
Date de sortie : 22 mars 2017
Durée : 1h18min
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