★★★★★★★★☆☆ Critique du film GRAND CENTRAL réalisé par Rebecca Zlotowski avec Tahar Rahim, Léa Seydoux, Denis Ménochet, Olivier Gourmet, Johan Libéreau et Nahuel Perez Biscayart.

[critique] GRAND CENTRAL

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Affiche du film GRAND CENTRAL

De petits boulots en petits boulots, Gary est embauché dans une centrale nucléaire. Là, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes, il trouve enfin ce qu’il cherchait : de l’argent, une équipe, une famille. Mais l’équipe, c’est aussi Karole, la femme de Toni, dont il tombe amoureux. L’amour interdit et les radiations contaminent lentement Gary. Chaque jour devient une menace.

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Titre original : Grand Central
Réalisation : Rebecca Zlotowski
Scénario : Gaelle Macé, Rebecca Zlotowski
Acteurs principaux : Tahar Rahim, Léa Seydoux, Denis Ménochet, Olivier Gourmet, Johan Libéreau, Nahuel Perez Biscayart
Pays d’origine : France
• Sortie : 28 Août 2013
Durée : 1h35min
Bande-Annonce :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Q_59YPKdlbM[/youtube]

En 2010, Rebecca Zlotowski sortait son premier long-métrage BELLE ÉPINE. La jeune et jolie réalisatrice française s’était fait remarquée pour son style. Disons, plus précisément, que l’ambiance et l’esthétique de son premier film ont fait parler. On passera les références, et les arguments du genre « héritière de Pialat » dont d’autres se donnent à coeur joie. On préférera parler du style Rebecca Zlotowski. Alors qu’elle affirme être une admiratrice de Paul Thomas Anderson, nous spectateurs pouvons s’assurer qu’elle fait partie du futur du cinéma français. Avec Guillaume Brac, Vincent Macaigne, Yann Gonzalez, Antonin Peretjatko, Justine Triet et ainsi Rebecca Zlotowski : la relève est là !

En ce qui concerne GRAND CENTRAL, on retrouve Léa Seydoux (déjà présente dans Belle Épine avec un rôle principal). Bien que je ne porte pas l’actrice dans mon coeur, que je n’apprécie toujours pas ses performances, elle n’empêche pas ma fascination pour ce film. A ses côtés, un Tahar Rahim qu’on découvre de plus en plus. Ce film confirme que l’acteur est polyvalent, mais surtout qu’il a encore de quoi nous impressionner. Tahar Rahim a une palette de jeu très appréciable. Un peu de spontanéité, une touche d’improvisation, une sincérité débordante, une énergie fulgurante.

Autre collaboration de Rebecca Zlotowski pour ce film : Rob. Vous ne connaissez pas ? Bien sûr que si, c’est un membre du groupe Phoenix. Tout de suite, ça donne un argument de valeur pour aller voir le film. Argument assuré, et validé. Dans GRAND CENTRAL, la musique et le son se confondent pour amplifier le récit. Exactement comme Paul Thomas Anderson avec THE MASTER (2013 également), Rebecca Zlotowski sait à quel moment placer sa musique. Ainsi, la musique et le son font coup double. D’une part, ça comble les fois où le spectateur peut s’ennuyer et allonge quelques scènes. D’autre part, la musique agit sur la narration. En effet, la musique devient une autre manière de raconter l’histoire du film.

Affiche du film GRAND CENTRAL

L’amour comme des radiations : une chose qui vient se coller sur notre corps. Reste la musique comme narration, la grâce et la peur.

Et cela vient se compléter à la narration déjà intelligente. Rebecca Zlotowski a compris que la linéarité est gage d’ennui dans une romance. Alors elle décide d’alterner la romance avec les situations dans la centrale nucléaire. De ce fait, la réalisatrice est partout à la fois. Aussi bien à l’extérieur de le centrale avec les personnages qui se dévoilent intérieurement, et à l’intérieur de le centrale où les personnages font des efforts physiques. De là vient le deuxième contraste du film : entre corps et dépendance.

Car avant tout, ce film est une romance. Et c’est ça le plus beau. L’histoire d’amour entre Gary et Karole est simple à expliquer. Mais la comprendre, c’est autre chose. C’est là que Rebecca Zlotowski agit. Elle décrit l’amour comme une chose qui vient vous coller à la peau. Jusque dans la bouleversante scène finale, la réalisatrice nous explique l’amour comme elle explique les radiations de la centrale. Gary a Karole dans la peau (et inversement), puis est constamment exposé au danger dans la centrale. Ainsi, comme dans la centrale, l’amour agit telle une radiation qui vient se greffer sur votre peau.

C’est pour cela que Rebecca Zlotowski n’a pas besoin de développer sur la psychologie des personnages. C’est un film qui privilégie le physique. Même si on a le droit, de temps à temps, d’apercevoir quelques désirs et tactiques de tricherie de la part des personnages (penser à Gary quand il veut quitter la région avec Karole, où quand il cache et ment sur ses doses, etc…). C’est de là que la réalisatrice tient une partie de son sujet (l’autre étant la romance). A travers sa caméra, elle montre avec plaisir la fascination qu’elle a pour la centrale. Elle nous accompagne dans son envie de connaître ce qu’il y a dans la centrale. Elle y filme les ouvriers, qui dans le film, sont aperçus comme des héros. Ces personnes de la précarité, choisissant ce métier si dur et éprouvant pour gagner leur vie, faisant pourtant preuve de beaucoup d’efforts et de courage devant le danger constant.

Enfin, Rebecca Zlotowski s’adresse aux plus cinéphiles des spectateurs. Avec son esthétique, la réalisatrice crée un nouveau contraste. Celui-ci est très intéressant dans le sens où il se lie à l’Histoire du Cinéma. Derrière la photographie à ambiance alternée, le film fait le lien entre ancien et moderne. Dans les scènes extérieures, le décor et les lumières sont naturelles. Rebecca Zlotowski tourne en bobine 35mm. Magnifique, soit dit en passant. Et dans les scènes intérieures (dans la centrale), le numérique fait son apparition. Le numérique restera toujours d’une beauté inférieure à la bobine, mais Rebecca Zlotowski l’embellit par son ambiance si singulière, entre grâce et perdition.

Pour finir, il faut glisser un mot pour certains spectateurs. Certes Rebecca Zlotowski tourne dans une centrale nucléaire et offre quelques soupçons de documentaire, mais jamais elle ne fera preuve d’un discours militantiste. Ni pro-nucléaire, ni pro-écolo, la réalisatrice ne se sert de sa centrale que pour créer le contraste avec la romance. En somme, le film agit comme une grenade. A vouloir se libérer du danger ou des sentiments, ça finit par exploser et provoquer des frissons.

Affiche du film GRAND CENTRAL

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