CHROMOSOME 3

La sélection « Série B » : CHROMOSOME 3

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CHROMOSOME 3
. Sortie : 1979
. Réalisation :David Cronenberg
. Acteurs principaux : Art Hindle, Oliver Reed et Samantha Eggar
. Durée : 1h32min
Note des lecteurs1 Note
4
Note du rédacteur

Pour vous aider à faire votre choix dans la multitude de séries B engendrées par le cinéma d’exploitation ces cinquante dernières années, voici une sélection de films qui comme Chromosome 3, se démarquent par leur haut degré d’improbabilité, leurs fautes de goûts assumées et leurs qualités de chef-d’œuvres méconnus.

Un psychiatre invente une thérapie révolutionnaire qu’il applique à ses malades : grâce à une substance appelée Psychoprotoplasmes, ces derniers sont en mesure d’extérioriser leurs troubles mentaux à travers des manifestations physiques spontanées, telles des pustules ou des tumeurs qui apparaissent instantanément. Mais il n’a pas prévu les effets secondaires, particulièrement destructeurs…

Dans les années soixante-dix, l’épouse de David Cronenberg tomba sous l’emprise d’un gourou et fut sequestrée pendant des semaines dans le lieu qui abritait sa secte antipsychiatrique. Quand sa femme voulut enrôler leur fille, le cinéaste dut se résoudre à kidnapper cette dernière pour la sauver. De cette douloureuse expérience, Cronenberg garda un regard vigilent sur le pouvoir de manipulation de ceux qui prétendent aider leur prochain, et se retrouve tout au long de sa filmographie des critiques acerbes des professionnels de l’emprise, que ce soit le prêcheur audiovisuel de Videodrome, les messies du jeu vidéo d’ExistenZ présentant leur oeuvre-manifeste dans une chapelle, ou les deux figures rivales de la psychanalise œuvrant dans A Dangerous Method. Dans le malnommé Chromosome 3, qui mérite davantage son titre original The Brood (La Portée), le réalisateur canadien choisit de s’exorciser de l’épreuve qu’a traversé sa famille en invoquant à l’image ses démons, dans un processus exutoire des plus violents.

photo de Chromosome 3
du sang sur le visage , des yeux illuminés par la folie… mais un brushing impeccable.

Le rythme particulier de Chromosome 3 caractérise le pratique de l’entrisme chez Cronenberg, qui s’immisce dans un cinéma d’horreur au budget modeste pour mieux en détourner les horizons d’attentes, et l’amener vers sa vision auteurisante du genre. Ainsi le réalisateur s’autorise une mise en place assez longue, centrée sur les problèmes du couple Frank/ Nola et le rôle trouble que joue le gourou dans la progression de Nola vers la folie, retardant du coup les effusions de sang au profit des dialogues. La proposition de l’auteur est claire, plutôt que de fournir au public une heure et demie d’un récit effrayant qui ne serait qu’un prétexte à l’utilisation des codes convenus de l’horreur, il souhaite avant tout installer une tension dramatique, reflet d’une réalité qu’il a vécu, et qui trouvera son apothéose en basculant dans le fantastique. L’idée qu’une secte puisse vous éloigner d’un être cher, transformer sa personnalité et mettre en danger la vie d’un enfant, représente déjà une projection assez terrifiante dans l’esprit du spectateur, pour que cela garantisse son implication dans la première partie du récit.

« La fonction originelle du fantastique étant de matérialiser nos peurs, Cronenberg prend avec Chromosome 3, la consigne au pied de la lettre »

Puis, dans le dernier tiers du film, c’est là que le génie du cinéaste opère. Le génie consiste parfois à revenir aux sources d’un type de récit, pour en dégager une approche nouvelle. La fonction originelle du fantastique étant de matérialiser nos peurs, Cronenberg prend la consigne au pied de la lettre quand il s’agit de donner une forme à la peur qui l’a habité pendant cette sombre période. On comprend que cette peur ait pu être si puissante, si néfaste quand on sait qu’elle se focalise sur une petite fille, qu’elle provoque une fois transposée à l’écran, l’association d’images traumatisantes avec l’innocence de l’enfance.

Les critiques ont souvent considéré Cronenberg comme le précurseur du body horror, cette ramification du genre horrifique qui questionne par une esthétique choc, notre rapport au corps, à ses métamorphoses comme ses dégénérescences. Avant de pousser ses expérimentations visuelles dans les années quatre-vingt et de marquer les rétines sensibles avec Videodrome, La Mouche et Faux Semblants, le réalisateur explorait déjà dans le final éprouvant de Chromosome 3, les tabous touchant à la représentation du corps de la mère, y appliquant à la fois la figure de matrice cannibalisée par l’être qu’elle porte, et celle de la furie des tragédies antiques reniant son humanité à force de n’être que le réceptacle d’émotions monstrueuses.

Arkham

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