les parfums

LES PARFUMS, road movie olfactif – Critique

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Le second long métrage de Grégory Magne, LES PARFUMS, raconte la belle rencontre de deux solitudes, magnifiquement interprétée par Emmanuelle Devos et Grégory Montel.

Il y a beaucoup de tendresse dans LES PARFUMS, de Grégory Magne. La rencontre de ces deux solitudes à un moment crucial de leur vie est douce et belle. Guillaume (Grégory Montel) est chauffeur dans une société de voitures de luxe, gérée par Arsène (Gustave Kervern). Impayable avec ses chemises et blouson en cuir, comme sorti tout droit d’un mauvais polar des années 70, ce dernier donne les ordres à ses chauffeurs, attablé au fond d’un restaurant chinois.

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Guillaume est donc amené à véhiculer Mademoiselle Walberg (Emmanuelle Devos) lors d’un déplacement professionnel en province. Elle exerce le métier de « nez » et a créé moult fragrances et parfums célèbres dans le monde entier. Elle a connu son heure de gloire mais après une anosmie -perte momentanée de l’odorat-, elle n’est plus sur le devant de la scène et a perdu tout crédit auprès de la profession. Son agent (Pauline Moulène) ne lui trouve désormais que des contrats bien peu prestigieux afin qu’elle crée des odeurs pour en masquer d’autres désagréables ou recréer des ambiances. Protégeant son outil de travail, cette femme sensible a de drôles de manies que le commun des mortels ne peut saisir, et Guillaume ne se gêne pas pour le lui dire.

LES PARFUMS se révèle un film lumineux et pudique, qui convoque un sens peu souvent utilisé au cinéma, mais ô combien puissant.

Le réalisateur, qu’on a rencontré aux côtés de Gregory Montel au Festival de Sarlat, dit avoir eu l’idée du récit en « envisageant les gens par le prisme de l’odeur et en imaginant, pour une personne qui aurait un odorat particulièrement développé, en quoi son rapport au monde serait différent ». On prend d’ailleurs un réel plaisir à suivre le propos et la gestuelle d’Anne, à l’écouter nommer les formules chimiques en rapport avec les effluves qu’elle croise.

Mais si le film évoque le métier de « nez », c’est surtout de regard dont il est question dans LES PARFUMS. Ainsi du regard aimant et parfois maladroit d’un père sur sa fille de dix ans (Zelie Rixhon) ou celui d’un chauffeur malicieux sur une femme qui n’est pas aussi capricieuse qu’elle en a l’air. Le regard d’une femme sur un homme séparé qui se débat pour accueillir sa fille une semaine sur deux, et qui lui soumet de bonnes idées. Mais un regard jamais jugeant et toujours bienveillant, encourageant, qui crée la confiance, la confiance en soi et la confiance en l’autre. Un regard qui peut tout changer.

Photo du film LES PARFUMS

Car le réalisateur, par ailleurs scénariste de LES PARFUMS, parvient très bien à montrer que Guillaume et Anne, tels des bonnes fées l’un envers l’autre, se transmettent peu à peu ce qu’ils ont de meilleur en eux et ce qui manque précisément à l’autre. Guillaume a ainsi le contact facile avec les gens mais manque de confiance en lui. Anne – car Guillaume mettra un certain temps à passer de Mademoiselle à Anne – a confiance en son don à qui elle a dédié toute sa vie, même si son odorat l’a déjà lâchée. Mais elle ne possède pas du tout les codes de la vie en société, trouve pesants tous ces gens qui l’interpellent et la déconcentrent. Guillaume donnera ainsi quelques trucs à Anne pour ouvrir son regard sur le monde. Et Anne à Guillaume pour l’aider à positiver son regard sur lui-même. Car « Anne a peut-être du nez, mais Guillaume a du flair ».

LES PARFUMS se meut à un rythme lent, que d’aucuns trouveront peut-être ennuyeux. Mais ce temps est propice à la transformation de ces deux êtres. Peu de récits, tels Intouchables ou Green Book : Sur les routes du Sud tiennent ainsi grâce à la singularité seule des personnages et à leurs deux brillants interprètes. Grégory Montel, pour qui le rôle a été écrit, apporte à Guillaume sa bonhomie et son humour tranquille, quand Emmanuelle Devos offre à Anne sa classe, sa timidité et sa fausse distance froide. On n’apprendra pas grand-chose des vies de Guillaume et Anne avant leur rencontre, perdus chacun dans leur bulle de vie, sans éclat. Si ce n’est leurs souvenirs qui jaillissent parfois, à l’évocation des odeurs de leur enfance, et chaque spectateur nostalgique de sa propre enfance, ne manquera pas d’y être sensible. LES PARFUMS se révèle donc un film lumineux, chaleureux et pudique, qui convoque un sens peu souvent utilisé au cinéma, mais ô combien puissant.

Sylvie-Noëlle

Cette critique a été publiée le 15 novembre 2019, lors du Festival du Film de Sarlat.

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Note des lecteurs5 Notes
Titre original : Les parfums
Réalisation : Gregory Magne
Scénario : Gregory Magne
Acteurs principaux : Emmanuelle Devos, Gregory Montel, Gustave Kervern
Date de sortie : 1er juillet 2020
Durée : 1h40min
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