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RUSH sent bon l’huile de ricin – Critique

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Les films de sport ne sont pas légion, et les bons encore moins. Ceux sur le sport automobile, pourtant éminemment cinégénique, se comptent sur les doigts des deux mains et quant à la F1, c’est un événement tellement ils sont rares. Le SENNA de Asif Kapadia a marqué les esprits mais c’était un documentaire. La fiction sportive, plus que n’importe quel autre genre, souffre du syndrome du « faux » : le spectateur ne pardonne pas les rebondissements scénarisés (« comme par hasard, il s’est passé ça »…) alors qu’ils sont source de grande émotion dans le « vrai » sport (rien de tel qu’un but dans les arrêts de jeu).

Une seule solution : la reconstitution historique. Si le scénario est du coup sans surprise car « on connait la fin », l’auteur n’est au moins pas suspecté d’en avoir rajouté. Ne reste plus qu’à trouver un réalisateur capable d’apporter du souffle à l’ensemble. Et là, mauvaise nouvelle: c’est Ron Howard qui s’y colle. D’une part il est Américain, et comme chacun sait les Américains ne comprennent rien à la F1, ils sont juste bons à hurler devant des voitures qui se poussent sur un ovale. D’autre part il entre dans la catégorie des cinéastes pompiers. Pas seulement parce qu’il a fait BACKDRAFT mais parce que c’est le genre de mec à appuyer sur les violons quand le petit Brian pleure la mort de son chien Toby dans les bras de sa mère.

Un film rare, qui sent bon l’huile de ricin et peuplé de noms évocateurs : Nürburgring, McLaren, le Commendatore…

Le choix de la rivalité Lauda / Hunt laisse aussi dubitatif. Bien loin d’être emblématique de la F1 comme put l’être celle de Prost et Senna, elle n’a duré réellement qu’une année, celle de la saison 1976, qui de fait occupe la majeure partie du film. Elle semble surtout avoir été choisie pour son manichéisme: le playboy blond tête brûlée qui pilote à l’instinct contre le brun taciturne, calculateur et allergique au risque (qui finira quand même tête brûlée mais pour d’autres raisons). Une aubaine pour un réalisateur hollywoodien. Au casting, Chris « sois beau et tais-toi » Hemsworth, caricatural et toujours pas convaincant; et Daniel Brühl, accent autrichien à couper au couteau, dans le rôle ingrat du relou qui se fait traiter de rat toute sa vie.

Mais contre toute attente, Ron Howard s’en tire honorablement en rendant parfaitement l’ambiance de la course. Son film, très bruyant, est baigné de montées en régime rageuses. Il est composé de plans qui régalent les fans de voitures, avec pneus qui patinent sur la pluie, gros plans sur les moindres recoins de la carrosserie voire à l’intérieur du moteur et offre ce que les retransmissions TV ne peuvent pas faire: les regards des pilotes, leurs discussions ou chambrages sur la grille ou dans le paddock et quelques plans de batailles en course impossibles à tourner « en vrai ». Les courses sont cependant abrégées pour ne pas lasser les non-amateurs, qui risquent de constituer la majorité du public. Les initiés, eux, savoureront un film rare qui sent bon l’huile de ricin et peuplé de noms évocateurs : Nürburgring, McLaren, le Commendatore…

Romain

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