[critique] Wonder Boys

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Grady Tripp a eu la chance – et l’infortune – d’écrire jadis un roman culte. Depuis, plus rien. Ecrasé par son succés passé, meurtri en amour, outrageusement courtisé par sa locataire et déstabilisé par son protégé, le pauvre se voit sommer de boucler en 48h l’interminable roman fleuve qu’il peaufine maniaquement depuis des années…

Note de l’Auteur

[rating:8/10]

Date de sortie : 10 Janvier 2001
Réalisé par Curtis Hanson
Film américain
Avec Michael Douglas, Tobey Maguire, Katie Holmes, Robert Downey Jr.
Durée : 1h50min
Bande-annonce :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=sveK_fhIqhs[/youtube]

Wonder Boys… En anglais, cela signifie bien évidemment (et un peu niaisement il faut le reconnaître) des « Garçons Merveilleux ».
Mais ces mots cachent également une autre signification. Ils décrivent la situation d’une personne autrefois devenue célèbre et admirée grâce à une œuvre artistique talentueuse, mais dont le public est depuis toujours en attente d’un second chef-d’œuvre, celui qui confirmera le talent de l’auteur, chef-d’œuvre qui peine à voir le jour et remplace peu à peu par son inexistence persistante son prédécesseur dont la qualité se fait progressivement oublier.

C’est le cas de Grady Tripp, modeste professeur de littérature anglo-saxonne dont le premier livre a été un succès phénoménal. Et depuis sept ans, son public attend son deuxième opus, que Grady n’en finit plus d’écrire, remodeler, modifier, sans arriver à son terme. Son éditeur et ami, Terry Crabtree, ayant lui aussi connu le succès grâce à son auteur prodige, lui fait de plus en plus sentir son impatience, utilisant le prétexte d’un week-end de rencontres littéraires organisé par l’université dans laquelle travaille Tripp pour se déplacer en personne voir Grady en espérant, si ce n’est repartir avec un nouveau livre sous le bras, en lire une partie et sérieusement motiver son plus si jeune « poulain ».
James Leer, lui, est un jeune étudiant de Tripp. Solitaire, mythomane, torturé, dépressif voire suicidaire, talentueux écrivain en herbe et peut-être lui aussi un futur « wonder boy ». Il sera en compagnie de Tripp et Crabtree lors de ce week-end universitaire de décembre, quelques jours enneigés pendant lesquels tous trois vivront expériences et leçons peu académiques les amenant un peu plus loin dans leur compréhension d’eux-mêmes et des gens qui les entourent.

Michael Douglas est Grady Tripp. Il l’est réellement, ce rôle lui va à la perfection. Quarantenaire hippie et éternel adolescent, les péripéties émotionnelles qu’il vivra pendant ces deux heures de film le forceront à mettre enfin de l’ordre dans sa vie, dont le chaos est symbolisé par ce livre inachevé qui le nargue de ses pages blanches. Fraîchement divorcé, amateur de joints, entretenant une liaison secrète avec la femme du doyen de son université, son immaturité est semblable à celle de Crabtree, fêtard sexuellement peu conventionnel, ou à celle de James Leer, menteur compulsif presque contre son gré…
Ce film nous les fait accompagner pendant une tranche importante de leur vie, dont l’issue sera différente pour chacun et qui ressemblera bien plus à un nouveau départ qu’à une fin en soit. Les personnages secondaires tels que la maîtresse de Tripp (interprétée par Frances McDormand, excellente et toute en nuances) ou l’aguicheuse et insistante étudiante de Grady Tripp (Katie Holmes), probablement plus attirée par l’ex-auteur à succès que de l’homme lui-même, déclinent de manière subtile et différente une même trame : la dure conciliation de la future ou présente ingrate vie d’adulte avec les passions et envies d’insouciance de l’éternel adolescent qui est en nous. L’apparente légèreté de ce week-end initiatique aura une résonance subtile pour le spectateur qui prêtera l’œil et l’oreille.

Moments intimistes et pures scènes de comédie se succèdent, Robert Downey Jr. est comme on l’adore, c’est-à-dire drôle et déjanté, Tobey Maguire, loin encore de Spiderman, rappelle que son talent ne date pas de quelques années seulement. Seul le personnage de Katie Holmes reste trop superficiel et moins exploité, à l’inverse du livre de Michael Chabon dont est issu ce film qui apporte bien plus de subtilité à cette « Lolita »…
Détail non négligeable, la bande originale est une superbe collection de titres bluesy estampillés 60’s-70’s, parmi lesquels on découvrira deux titres de Bob Dylan qui a écrit spécialement pour le film la superbe chanson « Things have changed » qui ouvre le film. La mise en scène de Curtis Hanson est belle et douce, évitant le tape-à-l’œil pour laisser les acteurs s’exprimer tout au long du film.
Un film qui peut se savourer autant comme un subtil moment entre amis intimes que comme une douce soirée solitaire, introspective et mélancolique.

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