Et au milieu coule une rivière

ET AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE, film enivrant – Critique

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Dans le Montana, durant l’entre deux guerres, il est une petite ville encadrée par des coteaux verdoyants… Et au milieu coule une rivière.

C’est un film singulier sur l’éducation, la famille et le paradis perdu – l’Amérique sauvage devenue, depuis l’Amérique profonde -, que signe Robert Redford en 1992; un film plein de mélancolie qui pourtant, transporte comme un long rêve. La sortie de l’édition remasterisée en DVD et Blu-Ray est l’occasion idéale pour se replonger dans cette adaptation de « La rivière du sixième jour« , le best seller semi-autobiographique de Norman Maclean.
Nous suivons l’histoire de la famille Maclean, Tom Skeritt (Alien, Top Gun) en prêtre presbytérien et sa femme jouée par Brenda Blethyn (Orgeuils et Préjugés, Reviens-Moi) élèvent leurs deux fils : le calme Norman auquel Craig Sheffer (La Vie à l’Envers) prête ses traits et Paul l’extraverti sans peur incarné par Brad Pitt (ai-je besoin de préciser sa filmographie ?). Chacune de ces performances d’acteurs est convaincante et charismatique, en particulier Brad Pitt. Quant à la narration, elle est assurée par Robert Redford lui-même et sa voix chaleureuse – un fil conducteur qui nous guide le long de cette croisière.

L’éducation des fils Maclean, se divise en deux temps. Le matin a lieu un apprentissage méthodique, répétitif, et exigeant. Qu’il s’agisse d’écriture comme de pêche, il faut l’élever au rang d’art pour atteindre la perfection et l’art n’est pas facile à atteindre. L’après midi est consacrée à devenir un homme, dans ce monde rude et sauvage, l’apprentissage se fait en autodidacte, entre baston et exploration.
Il est au final rare de voir un film sur l’éducation aussi complet. Plus grandiose qu’une simple coming-of-age-story qui se contente d’une leçon sur le passage à la maturité, le film englobe une vie entière pour montrer comment les graines plantées en enfance forment différemment le caractère de deux hommes. On recommandera aux amateurs de ce genre de films précieux, les œuvres Printemps, Ete, Automne, Hiver… Et Printemps (2003) ou encore Le Conte de la Princesse Kaguya (2013)

Photo du film ET AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE

La cellule familiale semble être un sujet cher à Robert Redford qui avait déjà gagné un Oscar du meilleur réalisateur en 1982 pour Des Gens Comme les Autres sur le même thème. Néanmoins si le premier présentait une famille clairement dysfonctionnelle, ET AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE déborde d’amour. Dans la famille Maclean d’une part, mais également dans la famille Burns, si protectrice de son Neal – le fils prodigue malgré ses défauts évidents.
La relation entre les deux frères Maclean est très intéressante. Malgré leur éducation commune, et la façon dont tous deux ont appliqué les rigoureux préceptes de leur père – l’un à la pèche à la mouche, l’autre aux lettres -, quelques années de séparation auront suffit à les éloigner progressivement, jusqu’à ce qu’ils ne se connaissent plus vraiment… Pourtant, un amour fraternel, brut mais fort transpire à l’écran entre ces deux là, malgré leur incompréhension commune. Il en est de même pour la famille Burns, dont le fils ainé, Neal, s’est déconnecté de ses proches au fil des années – ce qui ne les empêchera jamais de continuer à le soutenir, en essayant de le re-sociabiliser.

Si le ton mélancolique du film est ainsi certainement du à l’intrigue, il provient également également du décor, des espaces vierges de nature magnifiés par le directeur de la photographie Philippe Rousselot (Liaisons Dangereuses, Big Fish). Robert Redford, lui-même un activiste pour l’environnement, semble exprimer par son film un certain regret envers cette Amérique sauvage qui n’existe plus. Anecdote ironique, la rivière mentionnée dans le film, le Big Blackfoot, n’a pu être utilisée lors du tournage car devenue trop peuplée. Cette époque perdue est ici immortalisée avec poésie à travers le vol de la ligne d’une canne à pêche au dessus de la surface frémissante d’une rivière sur laquelle le soleil se reflète.

Photo du film ET AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE

ET AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE semble n’être qu’une oeuvre simple, dénuée de péripéties… Mais c’est justement la beauté du film de nous parler d’incompréhensions, existant toutefois en dehors de tout conflits, entre des personnages qu’on ne peut qu’apprécier. Notre empathie envers chacun d’entre eux, patiemment construite, se retourne contre nous lorsque la communication leur fait défaut. La simplicité du film est touchante plutôt qu’ennuyante. C’est une ligne difficile à tracer et bien qu’en l’occurrence cela fonctionne bien, c’est aussi une limite du film qui se perd lui même dans les méandres de son propre courant lors de certains passages qui, comme celui du frère Burns ou lors de l’ellipse finale, n’apparaissent pas forcément comme nécessaire.

C’est un voyage particulier que de regarder ET AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE, une dérive au gré du courant qui plaira tout particulièrement aux amateurs de nature et qui est parfait pour souffler un bon coup en attendant les vacances. Il ne vous reste qu’à mettre la main sur un Blu-Ray de la version remasterisée, ou à le redécouvrir en salles puisqu’il est ressorti dans quelques cinémas depuis le 24 Mai 2017.

Théo Cerceau

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Note des lecteurs3 Notes
Titre original : A river runs through it
Réalisation : Robert Redford
Scénario :Richard Friedenberg, d'après le roman deNorman Maclean
Acteurs principaux : Craig Sheffer, Brad Pitt, Tom Skerritt
Date de sortie originale : 1992
Date de ressortie : 24 mai 2017
Durée : 2h03min
4
Enivrant

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