RED RIVER

RED RIVER – Critique

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Howard Hawks, parfois confondu à tort avec John Ford, n’a pas débuté par des Western. RED RIVER fut néanmoins son premier pas dans le genre avant que Rio Bravo ne lui fournisse la carte de membre du club très fermé des maîtres incontestés du 7ème art.

C’est en 1851 que l’affaire se déroule, un convoi est brutalement attaqué par le feu dévastateur des indiens alors que le jeune Tom (John Wayne), un homme fort qui a la vie devant soi, vient de faire ses adieux à sa chère et tendre. Dès lors, le monde vacille, la guerre de Sécession et les Carpetbaggers balaient les terres du Sud jadis « luxuriantes », emportées par le vent et RED RIVER s’envole quinze ans plus tard, offrant au passage l’une des plus belles ellipses de l’histoire du cinéma, sur une promesse, celle d’ériger la plus grande ferme que l’Amérique n’est jamais connue,  un élevage démesuré de quelques 10 000 bêtes.

RED RIVER s’enfonce alors dans une sombre mélancolie qui surgit d’un noir et blanc aussi majestueux que désertique. Car quinze ans plus tard, Tom est un vieil homme acariâtre, totalitaire et fatigué. En face de ce géant, règne l’enthousiasme de Matt (Montgomery Clift), ce petit garçon récupéré sur le bas de côté de l’American dream. C’est un avatar de Tom, devenu au gré des années, son mentor. Matt est une innocente résurrection mais aussi, un fidèle compagnon de route. Et alors, enfin, le projet semble se concrétiser quand les quinze années de dur labeur arrivent à leurs termes. Soudain, comme une fatalité, tout s’effondre et l’impossible périple de la dernière chance pointe le bout de son nez. La vente du bétail se fera à n’importe quel prix et les profondes blessures du passé, réapparaîtront au grand jour.

RED RIVER

Au cœur d’une mise en scène aride, turbulente, déchaînée, la mutinerie grandit dans l’ombre de l’intransigeance aveugle de Tom et Howard Hawks ausculte dans chaque plan le conflit nuancé entre le passé et l’avenir, entre Tom et Matt, entre la folie et la raison. Dès lors, le dialogue se fait de plus en rare et la surdité, de plus en plus évidente. On se retrouve ainsi chez John Ford, et plus particulièrement dans La Charge Héroïque (1949), au moment même où RED RIVER pose la question d’une communauté portée à bout de bras par le véritable héros de l’Histoire, amené à disparaître de celle-ci. Chez Hawks, aussi, la femme tient une place de premier choix dans ce groupe fracturé de l’intérieur. Cette force salvatrice, qui surgit comme un miracle inespéré, ne renonce jamais devant l’affrontement, la contradiction, et referme avec tendresse les lourdes cicatrices d’antan.

« RED RIVER, comme la rivière ensanglantée qui borde la vie et traverse le temps. »

Inutile de préciser que RED RIVER est un chef d’œuvre. C’est avant tout un voyage qui explore des motifs immortels tels que l’histoire de l’Amérique et de sa conquête par l’Ouest, de ce qui construit le groupe, et le sens désintéressé du sacrifice. Howard Hawks signe donc un récit épique, écorché, émouvant, où l’on admire la composition aussi tyrannique que mélancolique de John Wayne. RED RIVER, comme la rivière ensanglantée qui borde la vie et traverse le temps, est l’histoire d’un homme à jamais meurtri, coincé entre deux mondes, qui s’accroche à son rêve comme à sa vie. L’essence même du Western.

Sofiane

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Note des lecteurs2 Notes
Titre original : Red River
Réalisation : Howard Hawks
Scénario :Borden Chase & Charles Schnee, d'après l'oeuvre de Borden Chase
Acteurs principaux : John Wayne, Montgomery Clift, Joanne Dru
Date de sortie : Août 1949
Date de reprise : 17 Janvier 2018
Durée : 2h13min
5
MÉLANCOLIQUE

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Note finale

  1. Mon western préféré. Chef-d’oeuvre parmi les chef-d’œuvres.
    L’affrontement Clift Wayne est exceptionnel. Même Ford n’aurait pas osé.