Simetierre

SIMETIERRE, la vie après la mort – Critique

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Énième adaptation d’un roman de Stephen King, mais aussi remake du film du même nom sorti il y a 30 ans, cette version 2019 de Simetierre nous invite une fois de plus à suivre la descente aux enfers d’une famille américaine ayant quitté la ville pour les joies bucoliques de la campagne.

La famille Creed pose ses bagages dans leur nouvelle maison, une imposante bâtisse clouée au beau milieu de plusieurs hectares de forêt et juste en face d’une dangereuse route nationale, où les poids lourds dépassent allègrement la vitesse maximale autorisée. La joie qui emplit Louis (Jason Clarke), Rachel (Amy Seimetz) et leurs deux enfants, liée à cette promesse d’une nouvelle vie rafraîchissante et au rythme moins soutenu que celle qu’ils connaissaient en ville, ne sera que de courte durée.

Un peu plus loin derrière la maison se trouve un cimetière d’animaux, probablement érigé par des enfants, ce qui expliquerait les fautes d’orthographe visibles sur le panneau en bois à l’entrée. Lorsque Church, le chat adoré de la petite Ellie (Jeté Laurence) se fait renverser par un camion, Louis décide, avec la complicité de son seul voisin Jud (John Lithgow), de lui donner une sépulture décente. L’endroit pour le faire est tout trouvé.

Photo du film SIMETIERRE

Le texte de Stephen King partait d’une idée de départ simple et universelle. Une question que nous nous sommes tous posés au moins une fois dans nos vies. Et si une personne qui nous est chère ne mourrait plus ? Si elle n’était qu’endormie dans son cercueil et décidait d’ouvrir les yeux pour nous faire la blague la plus cruelle de notre existence ? C’est un peu ce qui va se passer pour le chat lorsque Jud va proposer à Louis de l’enterrer un peu plus loin sur ses terres, des terres au passé mystérieux et à l’aura magique. Mais comme nous sommes dans l’univers d’un des maîtres de l’horreur et du fantastique, le revers de la médaille peut s’avérer particulièrement déconcertant.

En 1989, en plus d’apparaître dans le rôle d’un prêtre le temps d’une séquence, Stephen King s’était également occupé de réécrire le scénario de son propre récit. Ce n’est plus le cas désormais et la réalisation est confié à deux auteurs (l’un est scénariste, l’autre monteur) pour lesquels Simetierre est leur second long-métrage.
Nous nous rendons compte assez rapidement que les réalisateurs ne proposent rien d’autre qu’un lifting visuel banal soumis aux normes horrifiques actuelles, à savoir une photographie désaturée, sans prise de risque esthétique ni véritable proposition de mise en scène, hormis quelques inévitables jumpscares placés ici et là. Un cahier des charges dont on a bien du mal à se défaire dans le genre de nos jours.

Criblé de défauts, pas réellement effrayant, Simetierre glisse néanmoins progressivement dans une horreur pure où l’on rira jaune. Et où l’on saluera le jusqu’au-boutisme de ses réalisateurs.

Et puis il y a le problème Jason Clarke. On le sait, l’acteur australien n’est pas un habitué des plateaux de cinéma à tendances « auteurisantes » et hormis un passage chez Terrence Malick pour Knight of Cups, il a plutôt tendance à enchaîner les super-productions dopées à l’adrénaline. Il traverse ce Simetierre d’une manière totalement fantomatique, ce qui est d’autant plus regrettable que le rôle lui offrait la possibilité d’étoffer sa palette de jeu, qu’il soit confronté au deuil ou bien lorsqu’il sombrera dans la folie. En face de lui, Amy Seimetz se montre plus juste tandis qu’on ne boudera pas notre plaisir de retrouver ce bon vieux John Lithgow.

Photo du film SIMETIERRE

Les première minutes sont également bancales et assez poussives. Le film de Mary Lambert réalisé en 1989 apparaît aujourd’hui comme une relique kitsch, pas seulement à cause de la période qu’il représente, mais aussi car il souffrait d’événements scénaristiques peu flatteurs à mettre en scène. On retrouve trente ans plus tard le même mort-vivant annonciateur d’un danger entourant la famille Creed, qui se montre à Louis lors d’insomnies et le film insiste beaucoup sur un arc décrivant à coups de flashbacks l’horrible passé de la mère confrontée dans sa jeunesse à la maladie de sa propre sœur. Très fouillis, le script nous balade à droite et à gauche sans vraiment savoir où il veut nous mener, du moins au début. Bien qu’incapable de réellement nous terrifier par la suite, le film se range toutefois dans les adaptations récentes plutôt réussies des romans de King, aux côtés de Jessie, Ça et 1922.

Parce que la famille Creed subit une série d’événements de plus en plus tragiques, le registre du film mute et perd peu à peu de son sérieux, de façon totalement assumée. Malgré les nombreux défauts dont il est criblé, Simetierre se détourne du texte original et de la précédente adaptation et glisse malgré tout progressivement dans l’horreur pure, tout en gardant un zeste de second degré, où l’on rira parfois jaune. À ce titre, on ne peut que saluer le jusqu’au boutisme de l’entreprise, lors d’un final très noir qui donne un coup de fouet salvateur au genre. Déstabilisante, voir dérangeante, la dernière ligne droite réussit ce que tout bon film d’horreur devrait provoquer chez le spectateur. Un effet cathartique qui nous fait comprendre lorsque les lumières se rallument, tout le sens de la phrase d’accroche visible sur les affiches du film : parfois, il y a vraiment pire que la mort.

Loris Colecchia

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Titre original : Pet Sematary
Réalisation : Kevin Kölsch et Dennis Widmyer
Scénario : Jeff Buhler, d'après l'oeuvre de Stephen King
Acteurs principaux : Jason Clarke, Amy Seimetz, John Lithgow, Jeté Laurence
Date de sortie : 10 Avril 2019
Durée : 1h41min
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