le vent tourne

LE VENT TOURNE, le désir d’un ailleurs – Critique

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Le dernier film de la réalisatrice suisse Bettina Oberli, LE VENT TOURNE, est en Compétition au Festival Francophone d’Angoulême.

LE VENT TOURNE s’attache aux pas de Pauline (Mélanie Thierry, toujours aussi lumineuse, qu’on a pu également voir dans Au Revoir Là-Haut ou La Douleur). Elle travaille avec son mari Alex (Pierre Deladonchamps) dans la ferme transmise par ses parents. C’est une jeune femme simple, qui n’a jamais quitté son village. Elle aime son mari, leurs rapports sont emprunts de douceur, nécessaire pour faire face à la dureté de leur travail. Elle fait sienne les grandes idées d’Alex sur l’écologie, son refus absolu de la société de consommation, son besoin de développer les productions en autonomie et un mode de vie alternatif. C’est un homme autocentré, presque extrémiste, qui refuse même que Mara, la sœur de Pauline vétérinaire, vienne contrôler ses vaches laitières.Photo du film LE VENT TOURNESon nouveau projet, c’est d’installer une éolienne dans ses champs pour produire sa propre électricité. C’est paradoxalement cette dernière lubie qui va remettre en question cette vie en quasi autarcie. Car par l’intermédiaire de l’ingénieur Samuel (Nuno Lopes), c’est un souffle de liberté qui entre dans cette maison, une nouvelle conception de vie faite de plaisirs et d’échanges à laquelle Pauline n’a jamais été confrontée jusqu’à présent.

De nombreuses images montrent alors Pauline, les pieds bien ancrés dans la terre, lever les yeux vers le ciel. Comme si son regard s’ouvrait enfin à la verticalité et découvrait qu’il existe autre chose que l’horizontalité. Elle monte ainsi les escaliers de l’annexe dans laquelle loge Samuel pour lui porter à manger. Elle le regarde s’élever avec sa grue. Elle voit l’éolienne se dresser, ses trois pales brassant l’air.

« LE VENT TOURNE dessine le portrait émouvant d’une jeune femme sur la voie de son émancipation, non pour un homme, mais grâce à un homme. »

Troublée et portée par le regard et le désir de Samuel, Pauline perçoit en elle son propre désir naissant. Un désir déraisonnable, insurmontable, tourmenté. Elle est encouragée par la jeune ukrainienne Galyna, que le couple reçoit dans sa ferme grâce à une association post Tchernobyl. Une complicité s’est créée entre les deux jeunes femmes. Celle de seize ans, malade des dégâts de Tchernobyl qui vient se refaire une santé dans la ferme. Et celle d’une trentaine d’année, pour qui le travail est une seconde nature et qui ne semble pas avoir vécu sa jeunesse ni eu beaucoup le temps de rêver. On les voit danser et rire en boite de nuit comme deux gamines.

Filmer le désir d’une femme n’est pas nouveau, mais la façon dont la caméra de la réalisatrice Bettina Oberli ne lâche jamais Pauline permet au spectateur empathique de partager intensément avec elle ses regards, ses frôlements de mains, ses soupirs, ses espoirs, sa colère et sa tristesse. Et quand on voit Pauline au bord du précipice, au propre comme au figuré, on se dit que LE VENT TOURNE dessine le portrait émouvant d’une jeune femme sur la voie de son émancipation et de ses choix de vie, non pour un homme, mais grâce à un homme.

Sylvie-Noëlle

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Titre original : Le vent tourne
Réalisation : Bettina Oberli
Scénario : Bettina Oberli, Antoine Jaccoud, avec la collaboration de Céline Sciamma
Acteurs principaux : Mélanie Thierry, Pierre Deladonchamps, Nuno Lopez
Date de sortie : 26 Septembre 2018
Durée : 1h27 min
3.5
Troublant

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