Photo de The Grandmaster

[FESTIVAL LUMIERE 2017] THE GRANDMASTER

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Vendredi 20 octobre, Wong Kar-wai recevra le neuvième prix Lumière, pour l’ensemble de son œuvre. Pendant toute une semaine, l’intégralité de ses films est projetée à Lyon.

THE GRANDMASTER est donc un film de Wong Kar-wai, sorti en 2013 après trois ans de travail. C’est son plus récent et si c’est avant tout un biopic d’Ip man, maître du wing chun (forme de kung-fu), on peut aussi y déceler une sorte d’autobiographie. Mais on y reviendra plus tard.

Le long-métrage raconte donc une partie de la vie d’Ip Man, des années 30-40 aux années 50. S’entremêlent, dans cette fresque romanesque sur fond de bastons, la guerre sino-japonaise, des jeux de pouvoirs entre écoles d’arts martiaux et un amour, sinon impossible, au moins platonique, entre Ip Man et la fille de maître Baosen.Photo de The GrandmasterCe qui frappe dans cette histoire de course en avant et d’héritage, c’est le parti pris de Wong Kar-wai. Fidèle à lui même, le Hong-kongais se pose au plus près des protagonistes. Les décors, pourtant somptueux, sont au second plan. Ici, les gens sont filmés en gros plan, au grand angle. Une façon de mettre l’emphase sur le jeu des acteurs, précis, à commencer par Tony Leung et Zhang Ziyi, déjà partenaires à l’écran dans 2046, du même Wong Kar-wai, ultra charismatiques. De plus, une légère plongée permanente souligne habilement le poids de l’héritage que tous les personnages portent. Leurs visages sont également travaillés comme des paysages, à travers une lumière magnifique et des noirs ciselés, comme pour rappeler qu’il s’agit là d’une histoire d’Hommes avant tout. Leur environnement importe peu, au fond et ne sont vraiment visibles qu’à l’occasion de plans larges où les groupes sont mis en scène comme des tableaux. Certains crieront au grandiloquent, d’autres y verront une esthétique aboutie…

Alors c’est joli, certes, et les acteurs jouent bien, mais qu’est-ce que ça dit ? La question de la transmission est centrale dans THE GRANDMASTER. Il s’agit en effet pour maître Baosen, grand unificateur de deux styles de kung-fu, de trouver un successeur. De rivalité en traitrise, ces guerriers tentent de s’imposer pour préserver leur héritage pendant, qu’en toile de fond, le monde poursuit sa marche. La guerre civile, le chaos, la modernisation, sont autant d’élément avec lesquels ils doivent composer. Mais surtout, c’est à grand coup de poings qu’avancent les négociations.Photo de The GrandmasterEt à ce niveau là, Wong Kar-wai fait fort. Actuellement, la plupart des films d’actions usent et abusent de coupes pour dynamiser les combats. Souvent, ils deviennent illisibles et perdent en puissance. Dans THE GRANDMASTER, si les combats ne sont pas toujours lisibles, c’est voulu. Les coupes n’ont rien de gratuites et viennent surtout renforcer les impacts. Mouvement de caméra fluides et ralentis maîtrisés donne du corps aux chorégraphies de Yuen Woo-ping (Kill Bill, Matrix, Tigre et dragon).  Par ailleurs, à l’inverse de nombreux Wu Xia Pian (du genre Tigre et Dragon ou Hero), à l’aide de gros plans, Wong Kar-wai insiste sur les corps en mouvement, les chocs, les cassures. Quoi qu’en ai dit Eric, dans sa critique, le résultat est prenant. La scène inaugurale est un modèle du genre.

« THE GRANDMASTER raconte comment l’Homme doit savoir s’adapter à un monde qui bouge. »

Mais l’essentiel n’est pas là. En effet, THE GRANDMASTER dit quelque chose du monde. Il raconte comment l’Homme doit savoir s’adapter à un environnement en mouvement. Cette marche en avant tout en sachant regarder en arrière, fait écho à la vie personnelle de Wong Kar-wai. Né en Chine continentale, le réalisateur a très vite déménagé à Hong-Kong avec sa mère. Son père, lui, est resté à Shanghai. Le cinéaste a donc toujours fait des allers-retours entre une Chine ancestrale et une Chine ultramoderne. Ces deux mondes l’ont nourri. Cette faculté d’adaptation tout en assumant le poids du passé sont les seules conditions de la réussite. Ça, et le fait de ne pas trop s’attacher à certaines choses. Une idée retranscrite avec brio dans le film.

Pendant le festival Lumière, une galerie d’art abrite une exposition consacrée à Wong Kar-wai. Dans un petit documentaire projeté là, le réalisateur explique ne pas attacher d’importance aux écoles de cinéma. L’apprentissage, selon lui, passe par l’action de faire des films. S’inscrire dans une lignée, un style, tout ça ne l’intéresse pas. S’il fait du cinéma, c’est parce qu’il ne saurait pas faire autre chose. Et sa façon de faire lui est propre. Un peu comme Ip Man. Celui qui est devenu le maître de Bruce Lee, dit dans le film n’avoir que faire des écoles et des styles : l’important, c’est le kung-fu. Qu’il résume en deux mots : horizontal, vertical.

Comme un écran de cinéma…

Etienne C.

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Titre original : Yat doi jung si
Réalisation : Wong Kar-wai
Scénario : Wong Kar-wai
Acteurs principaux : Tony Leung Chiu-wai, Zhang Ziyi, Jin Zhang, Chang Chen
Date de sortie : 17 avril 2013
Durée : 2h10min
4
Intéressant

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Rédacteur depuis le 16.05.2015

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