Festival International du Film Indépendant de Bordeaux 2017 : le bilan

FIFIB 2017: Bilan et Palmarès

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Le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux, communément dénommé FIFIB, s’est tenu pour sa 6ème édition, du 18 au 25 octobre. On revient sur le palmarès et nos coups de cœur parmi les longs métrages en compétition et les films présentés en avant-premières.

Cette année, il y avait une volonté de décloisonner les genres, de les emmêler, de les confondre et de semer le doute. Car l’esprit du FIFIB, c’est de ne répondre à aucun critère et être à la fois étrange, drôle, romantique ou engagé! Son objectif est de promouvoir avant tout l’indépendance d’esprit et la liberté de création et d’innovation. On a vu les 10 longs métrages en compétition, qui font la part belle aux femmes, ainsi que 4 films en avant-première. Les échanges ont été riches avec les passionnants réalisateurs-trices venus présenter leur film ! Et puis, pour rire un peu, on a aussi vu Problemos en présence de Éric Judor.

Festival International du Film Indépendant de Bordeaux 2017 : le bilan

Compétition Longs Métrages

Le Jury Compétition Longs Métrages, dont les membres étaient Nicolas Maury (Dix pour cent), Mariam Al Ferjani (La belle et la meute), Rachel KhanYann Gonzalez et Sabrina Seyvecou (Victoria) ont donc décerné leur Palmarès:

 – Les garçons sauvages de Bertrand Mandico (sortie le 14 Février 2018) a obtenu un double prix: le Grand Prix a été décerné à l’unanimité et le Prix du Jury Erasmus+, présidé par Fabien Gaffez. Pourtant, si le film entre tout à fait dans l’esprit transgressif mi- fantastique, mi-poétique du FIFIB, on n’a pas été plus convaincu que cela, d’autant qu’il sera interdit aux moins de 12 ans.

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Début du vingtième siècle, cinq adolescents de bonne famille épris de liberté commettent un crime sauvage.  Ils sont repris en main par le Capitaine, le temps d’une croisière répressive sur un voilier. Les garçons se mutinent. Ils échouent sur une île sauvage où se mêlent plaisir et végétation luxuriante. La métamorphose peut commencer…

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– Meteors du turc Gûrcan Keltek (sortie non encore programmée) repart avec la Mention spéciale du Jury. Le réalisateur en colère et frustré suite aux événements dans son pays en 2015, dit avoir éprouvé le besoin de faire son film en urgence. De fait Meteors évoque de façon assez nébuleuse le conflit entre les turcs et les kurdes via un événement de météorites tombées sur le territoire. Le réalisateur assume ce choix, souhaitant ne pas tout expliquer au spectateur, mais lui donnant des bases propices à d’autres recherches de sa part. Meteors est donc une expérience visuelle et sonore à mi chemin entre le documentaire et la fiction, assez floue avec de nombreuses longueurs.

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Le réalisateur turc Gürcan Keltek revient sur les affrontements qui opposèrent de nouveau les Kurdes et les Turcs en 2015. La Turquie déploya, à cette occasion, la plus vaste opération militaire de son histoire. Signe divin ? Alors que le conflit grondait, une pluie de météores est venue s’abattre sur l’Anatolie.

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Le palmarès complet est ICI

 

Repartent bredouilles cinq longs métrages de la Compétition qu’on a beaucoup aimés, à l’origine d’émotions riches et variées :

 Pin Cushion  en présence de la réalisatrice britannique Deborah Haywood (sortie non encore programmée)

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Deborah Haywood pour Pin Cushhion

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Iona, adolescente introvertie, vit à l’unisson avec sa mère Lyn, également sa meilleure amie. Fraîchement installées dans une nouvelle ville, les deux femmes rêvent d’un nouveau départ. Mais les choses s’enveniment quand Iona rencontre trois reines du lycée. Elle est prête à tout pour devenir leur amie.

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NOTRE AVIS (★★★★☆) : On a eu un réel coup de cœur pour ce film! L’empathie est immédiate envers cette mère et sa fille fusionnelles qui perdent leur innocence dans ce monde si rude. Les regards moqueurs et méprisants que leurs semblables portent sur elles et leurs différences sont ignobles, de même que leurs actions humiliantes, d’autant que les deux héroïnes font beaucoup d’efforts pour se faire accepter. Pin Cushion est une vraie réussite!

[toggler title= »RENCONTRE AVEC LA RÉALISATRICE DEBORAH HAYWOOD  » ]

Deborah Haywood a mis beaucoup de son histoire personnelle dans ce premier film, au cas où elle n’en ferait pas de second, car en Angleterre 2% seulement des femmes réalisatrices parviennent à faire un deuxième film. Elle a connu elle-même le harcèlement et espère qu’elle donnera un peu d’espoir à ceux qui sont concernés et qu’ils se sentiront ainsi moins seuls. Elle voulait que le public ait envie de sauter sur l’écran pour prendre les personnages dans ses bras et puisse les sauver. L’actrice qui interprète Iona, Lily Newmark, a elle-même été harcelée, et la réalisatrice sait que certaines scènes ont été difficiles à tourner pour elle. Elle est tout de suite tombée en amour avec l’actrice Joanna Scanlan qui interprète le rôle de la mère. Quant aux multiples couleurs vives qui parsèment le film, elle les a souhaitées très présentes afin que le sujet sombre de son film émerge encore mieux.

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 Soleil Battant, en présence des réalisatrices Clara et Laura Laperrousaz  (sortie le 13 décembre 2017)

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Laura et Clara Laperrousaz pour Soleil Battant

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En vacances au Portugal, Gabriel, Iris et leurs filles jumelles Emma et Zoé retournent dans une maison de famille. Bientôt, le passé et les rancoeurs du couple refont surface tandis qu’Emma découvre un lourd secret qu’elle ne peut partager avec sa sœur. C’est le premier film de Clara et Laura Laperrousaz (soeurs, mais pas jumelles), remarquées pour leur moyen métrage Retenir les ciels.

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NOTRE AVIS (★★★★☆) : Le passé dramatique, qui resurgit crescendo dans cette famille solaire emplie d’amour, est abordé de façon poignante. Il donne même au film un côté thriller car l’angoisse des répercussions sur le présent reste jusqu’au bout prégnante. La façon différente des parents de gérer ce douloureux passé est particulièrement bien traitée, provoquant autant d’empathie pour l’un que pour l’autre. La réussite du film provient aussi du casting formidable: les petites filles Margaux et Océane Le Caoussin sont épatantes. Les deux acteurs principaux sont très touchants par la mise en exergue de la vulnérabilité qu’ils véhiculent. Ana Girardot (Ce qui nous lie) a enfin un rôle qui lui permet d’explorer dans son jeu une partie plus sombre. Quant à Clément Roussier, c’était très troublant de le voir aussi sensuel alors qu’il interprétait un prêtre dans Ainsi-Soient-Ils ! Soleil Battant est une réussite!

[toggler title= »RENCONTRE AVEC LES RÉALISATRICES CLARA LAPERROUSAZ ET LAURA LAPERROUSAZ  » ]

Les deux réalisatrices ont transposé un matériau familial, puisque leurs parents ont eux aussi perdu un enfant dans les mêmes conditions du film. Elles ont déjà réalisé un moyen métrage traitant de la même thématique avec une petite fille de 4 ans. Au départ, le scénario de Soleil Battant faisait état de leurs différences d’âge à toutes deux (2 ans 1/2) puis la rencontre avec les jumelles de 6 ans Margaux et Océane Le Caoussin leur a fait modifier le scénario. Elles ont volontairement évité les prologues et flash back, préférant se situer à hauteur des petites filles et la façon dont le secret crée une scission au sein du bloc gémellaire formé par Emma et Zoé. Quant aux acteurs qui incarnent les parents, elles ne souhaitaient pas mettre en scène un couple modèle au sein duquel resurgit la tragédie. Elles se sont attachées à développer une sensualité et une sensorialité fortes. Les réalisatrices ont vu en Ana Girardot un côté solaire et une délicatesse qui permettaient d’avoir accès à la fêlure de son personnage. Quant à Clément Roussier, avec qui elles travaillent depuis 10 ans, il parvient à composer le personnage du père rationnel qui devient de plus en plus le pilier de la famille. Elles se sont attachées à faire circuler le point de vue des 4 personnages, sur un socle émotionnel fort, tout en les plaçant dans un contexte d’Eden. Car à partir d’un drame intimiste, Clara et Laura Laperrousaz, dans une recherche picturale, souhaitaient créer une dramaturgie de la nature, porteuse d’une symbolique forte. La nature solaire et spectaculaire du Portugal était aussi menaçante, et a permis de donner au film un côté western.

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 Son of Sofia de la réalisatrice grecque Elina Psykou (sortie non encore programmée)

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Son of Sofia

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Sofia, immigrée en Grèce depuis deux ans, fait venir son fils de Russie. L’y attendent un bel appartement athénien et un beau-père, ancienne vedette de télévision sous la dictature, bourgeois conservateur et original. Les deux hommes se disputent l’affection de la femme aimée, dans une Grèce encore flamboyante, avant la crise économique.

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NOTRE AVIS (★★★★☆) : Son of Sofia est un drame intimiste,  puissant et dense sur fond de liens intimes entre Russie et Grèce via les Jeux Olympiques des deux pays, préfigurant la crise économie grecque. La recherche de symétrie dans les plans symbolise parfaitement cette drôle de famille recomposée, imparfaite et bancale, qu’a souhaitée Sofia, la mère, engluée dans ses secrets et ses non-dits. Comment dans ces conditions prodiguer de l’affection et accepter de la recevoir? Misha, petit garçon déraciné, se tient à bonne distance de ses émotions, et s’engouffre dans le conte onirique pour y parvenir. La complexité du personnage du vieux beau-père Monsieur Nikos est très bien pensée et provoque une empathie inattendue: sa rigidité et sa fierté envers sa patrie, son histoire et sa langue sont contrebalancées par son propre parcours d’amuseur éducateur auprès des enfants et ses figurations au cinéma. Jusqu’au bout, Son Of Sofia maintient une tension forte, prenant plaisir à embarquer le spectateur sur de nombreuses fausses pistes.

 

I am not a Witch en présence de la réalisatrice Rungano Nyoni (sortie le 27 Décembre 2017)

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Rungano Nyoni pour I Am Not A witch

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Shula, 9 ans, est accusée de sorcellerie par les habitants de son village et envoyée dans un camp de sorcières. Entourée de femmes bienveillantes, condamnées comme elle par la superstition des hommes, la fillette se croit frappée d’un sortilège : si elle s’enfuit, elle sera maudite et se transformera en chèvre… Mais la petite Shula préfèrera-t-elle vivre prisonnière comme une sorcière ou libre comme une chèvre ?

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NOTRE AVIS (★★★★☆) : L’histoire est particulièrement originale sur fond de vieilles croyances. La petite fille impassible trouve un peu de bienveillance auprès de la communauté de ses congénères solidaires. Elle suit l’officier du gouvernement qui la prend sous sa coupe tout en profitant de ce qu’elle peut lui rapporter, comme apprendre à trouver les coupables ou tenter de faire pleuvoir. On a eu beaucoup d’empathie pour Shula et on a été subjugué par la façon dont la réalisatrice magnifie son histoire grâce à sa photographie: comment en effet oublier ces rubans blancs qui volent dans la campagne au gré du vent et de la musique classique? I am not a witch est notre troisième coup de cœur!

[toggler title= »RENCONTRE AVEC LA RÉALISATRICE RUNGANO NYONI  » ]

Rungano Nyoni, originaire de Zambie et élevée au Pays de Galles, s’est intéressée à la façon dont certaines personnes imposent des règles dans le monde à partir desquelles d’autres vont fonctionner. Ses modèles d’indépendance sont sa mère  qui travaille dans des organisations contre les violences faites aux femmes, et sa grand-mère, qui avait son entreprise mais devait contourner les lois faites pour les hommes. Pour stimuler son imagination, la réalisatrice s’est beaucoup documentée sur les camps de sorcières, visitant ceux de Zambie ou au Ghana, mais lisant aussi à propos de ce qui s’était passé en Europe au XVème siècle. Elle a beaucoup appris sur ces traditions perpétuées souvent par les femmes qui font d’autres femmes des boucs-émissaires, en situation de vulnérabilité, de plus de soixante ans et souvent dénoncées par jalousie, et dont le destin dépend de l’endroit où tombe le sang d’un poulet sacrifié. Les rubans qu’elle montre dans le film n’existent pas mais sont une représentation visuelle du lien et des contraintes qu’elles subissent. Elle a casté 1000 petites filles pour le rôle de Shula, et a trouvé la jeune actrice Maggie Mulubwa au Nord de la Zambie.

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L’amour des hommes, en présence du réalisateur tunisien Mehdi Ben Attia  (sortie le 28 Février 2018)

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Mehdi Ben Attia pour L’Amour des hommes

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Tunis, aujourd’hui. Amel est une jeune photographe. Quand elle perd son mari, sa vie bascule. Encouragée par son beau-père, elle reprend goût à la vie en photographiant des garçons de la rue. Sans craindre d’être scandaleuse, elle fait le choix de regarder les hommes comme les hommes regardent les femmes.

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NOTRE AVIS (★★★☆☆) : On s’attache au caractère aventureux et confiant de Amel (Hafsia Herzi, lumineuse), belle jeune femme à la double culture franco- tunisienne. Éprise d’art et de liberté, un peu naïve, elle pousse avec audace son travail d’artiste, frôlant souvent le danger, sous le regard désapprobateur  de ses pairs. Elle est soutenue et encouragée par son beau-père Sidi Taïeb, qui se comporte tantôt comme un père, tantôt comme un vieil amant jaloux. Le film interroge sur les limites de la liberté d’expression d’une artiste dans un pays qui a amorcé un changement mais semble encore en stand by sur certaines idées. Beau film sur le regard, L’amour des hommes se révèle au final un portrait foisonnant de la Tunisie, entre modernité et traditions.

[toggler title= »RENCONTRE AVEC LE RÉALISATEUR MEHDI BEN ATTIA « ]

Mehdi Ben Attia réalise des films pour construire des trajectoires de libertés pour ses personnages. Il sait que sans le Printemps Arabe, il n’aurait pu faire ce film sur une femme artiste dont le désir est au cœur du travail artistique, qui érotise les hommes. C’est la première fois qu’un tel sujet est abordé, car ce sont généralement les artistes hommes qui érotisent les femmes. Mais il voulait aussi que son artiste soit regardée avec désir. Il voulait aussi que les désirs circulent dans toutes les classes sociales. Quant à la relation entre Amel et son beau père Taïeb, il avait envie d’aborder les personnages par leurs points de contradiction et celle du beau-père lui semble intéressante. Car le vieil homme fait partie de cette génération d’hommes qui sont restés dans la position du roi dans la famille tout en étant progressistes, et dont la présence est libératrice pour les arts et les artistes. Les jeunes hommes qui interprètent les modèles, dont le réalisateur a veillé à la diversité, ont eu énormément de plaisir à être regardés et désirés. Mehdi Ben Attia a fait sienne cette phrase de Pasolini : « Scandaliser est un droit, être scandalisé est un plaisir« .

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Longs Métrages présentés en Avant-Première

On a aussi assisté à quatre des films présentés en avant-première:

 Abracadabra (sortie le 3 janvier 2018), présenté à la cérémonie d’ouverture du FIFIB, en présence du réalisateur Pablo Berger 

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Pablo Berger pour Abracadabra

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Carmen est mariée à Carlos, un conducteur de grue macho, fan de foot, qui ne lui prête guère beaucoup d’attention. Après une séance d’hypnotisme de music-hall dont il est le cobaye, Carlos change radicalement et devient le parfait époux. Mais quelque chose de plus mystérieux est à l’oeuvre… Pablo Berger a été récompensé par le Goya du meilleur film (l’équivalent espagnol des Césars) pour  Blancanievesimprobable relecture de Blanche-Neige façon film muet et de corrida.

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NOTRE AVIS (★★★☆☆) : Kitsch et hypnotique, Abracadabra est à mi chemin entre le burlesque et le drame. Les personnages dépassés par ce qui leur arrive sont attachants, filmés de si près qu’on a l’impression d’être dans leur tête. Le réalisateur replonge avec bonheur le spectateur dans les années 80, mais le film ne tient hélas pas tout à fait ses promesses.

 

 Jusqu’à la garde de Xavier Legrand (sortie le 7 février 2018) en présence de Mathilde Auneveux et Thomas Gioria et du producteur Alexandre Gavras,

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Alexandre Gavras, Mathilde Auneveux et Thomas Gioria pour Jusqu’à la garde

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Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.

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NOTRE AVIS (★★★★☆) : Jusqu’à la garde est une puissante et glaçante plongée dans le mécanisme de l’escalade de la violence conjugale. le spectateur assiste, désemparé et très énervé à cette descente aux enfers pourtant prévisible malgré les signaux en rouge qui n’ont pas été déchiffrés par les différents responsables. Léa Drucker et Denis Ménochet, ainsi que les enfants interprétés par Mathilde Auneveux et Thomas Gioria sont remarquables de justesse, de sobriété et d’humanité. Le réalisateur réussit le tour de force de ne pas prendre partie, mais de démontrer et démonter les rouages de l’engrenage. Il donne à voir un homme violent, qui est aussi un homme qui souffre, mais qui n’a pas conscience qu’il doit se faire aider pour comprendre l’origine de sa violence. D’utilité publique, Jusqu’à la garde devrait être montré aux magistrats, aux avocats, aux services sociaux, aux médiateurs et faire l’objet de débats et d’une réflexion commune.

[toggler title= »RENCONTRE AVEC LE PRODUCTEUR ALEXANDRE GAVRAS  » ]

Le producteur Alexandre Gavras et le réalisateur Xavier Legrand ont commencé à travailler ensemble pour le premier court métrage du réalisateur Avant que de tout perdre (César du meilleur court-métrage en 2014), qui devait être le premier d’une trilogie: la fuite, la juge et la fin. Mais le réalisateur a finalement décidé de développer un long métrage, qui commence chez la juge aux affaires familiales. Le producteur a expliqué que le réalisateur a côtoyé une juge pendant une semaine et plutôt que de faire une critique du système judiciaire ou des autres acteurs impliquées dans les affaires de violence conjugale, a préféré montrer le système tel qu’il est et placer le spectateur du point de vue de la juge. De même, il montre les parents de dos (les mêmes acteurs que dans le court-métrage), qui s’expriment par la voix de leurs avocats respectifs. La musique est volontairement absente du film, car le réalisateur souhaite laisser le spectateur avec sa propre émotion, sans besoin d’une emphase pour la surligner.

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 Chienen présence du réalisateur Samuel Benchetrit (sortie le 14 mars 2018) 

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Adaptant son roman éponyme, Samuel Benchetrit propose une fantaisie absurde et parfaitement déroutante. Vincent Macaigne est épatant dans le rôle d’un homme qui, après une succession d’échecs, se voit adopté par un maître chien (Bouli Lanners).

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NOTRE AVIS (★★★☆☆) : Le film instille un malaise qui ne cesse de grandir au fur et à mesure de cette chute pathétique d’un homme trop bon. Chien offre une réflexion brutale sur la force du regard d’autrui et l’influence que la fréquentation de certaines personnes peut avoir sur soi, au risque de disparaître complètement. A noter la sacrée performance de Vincent Macaigne, très sobre, qui n’a rien à envier à celle de Bouli Lanners, très violente.

   
Battle of the Sexede Valérie Faris et Jonathan Dayton (sortie le 22 Novembre 2017), présenté en cérémonie de clôture

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En 1972, Bobby Riggs (Steve Carell), un ex-champion de tennis macho et roublard, défie des joueuses de le battre en public dans une « bataille des sexes » alors que les tenniswomen américaines se sentent marginalisées. La championne Billie Jean King (Emma Stone) relève le défi pour la cause féministe, tout en étant traversée d’une crise d’identité… Inspirée d’une histoire vraie, le nouveau film des réalisateurs de Little Miss Sunshine revient sur un chapitre crucial du combat pour l’égalité des femmes.

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NOTRE AVIS (★★★☆☆) : Enthousiasmante remontée dans le temps, mêlant combat féministe dans le tennis du début des 70’s et questionnement intime. Les deux héros Bobby et Billie Jean ont deux vies : celle qu’ils renvoient au monde extérieur de par le métier et l’image qu’ils représentent. Et celle liée au drame intime qu’ils traversent chacun est de loin la plus intéressante. Le parallèle entre les deux vies de Battle of the Sexes offre un joli parallèle et prépare le terrain à  chaque protagoniste, afin qu’il décide de la place qu’il a s’autorisera à occuper. 

 

Vous l’aurez compris, le bilan du FIFIB est encore très positif cette année et on attend la 7ème édition avec impatience!

Sylvie-Noëlle 

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