François Delisle

[INTERVIEW] François Delisle (CHORUS)

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François Delisle n’en est pas à son premier long métrage mais c’est sa sixième réalisation CHORUS qui lui permet d’atteindre une reconnaissance internationale – de nombreuses fois primé dans les festivals canadiens, notamment pour Le Météore. CHORUS est cette année en compétition au Festival de Sundance et présenté à la 65e Berlinale. A l’occasion de sa sortie française le 20 janvier 2016, nous avons pu interviewer son réalisateur et en savoir un peu plus sur son film brillant et extrêmement sensible qui propose de plonger dans l’intimité d’un couple confronté au drame.

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Photo du film CHORUS
© UFO Distribution

Vous avez initialement voulu co-écrire le scénario, pourtant, CHORUS était un projet qui vous habitait depuis longtemps. Pourquoi avoir entamé l’écriture à quatre mains, puis renoncé ?

L’idée de base s’est très vite dessinée dans un texte sans dialogue. Par la suite, j’ai voulu mettre à l’épreuve cette idée en travaillant avec un coscénariste. Une mauvaise idée. Le résultat était vraiment trop loin de mon désir premier. Je suis donc revenu à la base en solitaire cette fois. La dernière version de scénario a été écrite très rapidement, sans hésitation.

 

Vous êtes scénariste, réalisateur, producteur et signez également la photographie et le montage du film. Comment prépare-t-on une implication si totale dans un projet ?

Je ne sais pas. C’est naturel pour moi. Faire un film c’est une expérience totale et cela doit absolument l’être. Aussi, je m’entoure bien. Ça change tout.

 

 N’est-il pas trop difficile de quitter son film ?

Non. Je ne suis pas attaché au film une fois terminé. Lors de son lancement au festival de Sundance, l’an passé,  j’écrivais déjà mon prochain film.

 

Irène et Christophe sont des rôles extrêmement intérieurs. Comment avez-vous choisi vos comédiens ?

Je connaissais déjà Sébastien car j’ai produit un film dans lequel il tenait un rôle principal. En voyant les rushs quotidiennement, Sébastien est devenu incontournable pour moi. Pour Fanny Valette, le chemin fut plus classique. Je l’ai rencontré lors d’une séance de casting. Là, il y a eu un lien direct entre elle et l’objectif de ma caméra.

 

Comment dirige-t-on des comédiens vers ce type d’interprétation toute en retenue ?

La situation de base est tellement forte et tendue que tout devait être retenu et dosé. C’était une évidence pour nous tous. Une fois lancés sur cette voie, les acteurs modulent en fonction de cette direction, et moi je reste à l’écoute

 

« Faire un film, c’est une expérience totale. »

 

Dix ans après les faits, Irène et Christophe tentent de retrouver un équilibre qui reste très fragile. Irène laisse même entendre que le deuil est une notion absurde puisqu’il lui est impossible. Croyez-vous tout de même au pouvoir de la résilience et, à terme, de renaissance ?

Vivre c’est apprendre à perdre. En ce sens, je crois que les personnages ont appris et grandi au terme de cette histoire.

 

Vous avez réussi à trouver un équilibre parfait entre le lien intime du couple qui se reconstitue au fil des heures et la posture individuelle de chacun, ainsi vous nous gardez maintenus dans une ambivalence. Nous assistons à des retrouvailles dont on sait qu’elles ne seront qu’un élan vital vain. N’avez-vous pas eu envie parfois qu’ils se retrouvent, qu’ils surmontent ?

Ils font ensemble le deuil de leur fils et aussi de leur relation. Un « happy end » allait contre le mouvement du film. Mais je ne crois pas que cela soit vain. Il y a un vide entre les deux qui se reforme à la fin, mais c’est un espace qu’ils doivent remplir eux-mêmes autrement. Un défi. C’est aussi la place que je laisse aux spectateurs pour qu’ils investissent le territoire du film.

 

Pourquoi avoir choisi de laisser en suspens la scène où Irène retrouve la mère de Blake ? Nous devinons l’objet de sa visite, mais cela reste très implicite. Qu’auraient-elles pu se dire ?

L’incapacité et la fragilité de la mère du criminel renvoient Irène à sa propre vulnérabilité. Pour ce qu’elles auraient pu se dire, je vous laisse l’imaginer…

 

La scène du visionnage par le couple des aveux du prisonnier est insoutenable. N’avez-vous pas craint qu’elle crée une polémique ?

Non. C’était un passage obligé. Il fallait laisser parler le mal.

 

Avez-vous enquêté, rencontré des prisonniers pédophiles avant d’écrire le personnage de Blake ? Comment vous êtes-vous inspiré ?

Non. Il s’agit d’aller puiser cela au fond de soi-même. Exercice difficile et périlleux.

 

Avez-vous déjà le projet d’un septième long métrage ?

Oui. Nous complétons en ce moment le financement de mon prochain film intitulé Cash Nexus et je développe les scénarios de deux autres longs métrages.

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Affiche du film CHORUS
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[column size=one_half position=last ]+ CRITIQUE
+ Interview de François Delisle

Titre original : Chorus
Réalisation : François Delisle
Scénario : François Delisle
Acteurs principaux : Sebastien Ricard, Fanny Malette
Pays d’origine : Canada
Sortie : 20 janvier 2016
Durée : 1h36
Distributeur : UFO Distribution
Synopsis : Le jour où leur fils a disparu, un après-midi après l’école, la vie d’Irène et Christophe s’est brisée. Chacun de son côté a survécu à sa façon, lui au Mexique, elle en reprenant sa carrière au sein d’une chorale. Dix ans après, un appel de la police les amène à se retrouver…

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