cinéma taïwanais

Rencontres du cinéma Taïwanais : CRITIQUES DES FILMS EN SELECTION

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LES RENCONTRES DU CINÉMA TAÏWANAIS qui auront lieu du au 11 février 2016 au cinéma les 3 Luxembourg (Paris) accompagneront notre volonté de découverte de ce cinéma, en nous présentant les œuvres de réalisateurs émergents à travers le cycle « nouveaux auteurs ».

Au vu des différents films de la sélection, on peut commencer à définir quelques récurrences du cinéma taïwanais: Les deux longs métrages Design 7 Love et Together lorgnent vers le portrait intime, l’un de façon quasi-anthropologique dans le milieu fermé des designers, l’autre dans un microcosme familial taïwanais, les deux sans conséquences autres que celles du divertissement immédiat et futile. Paradoxalement, les courts-métrages étonnent par leur richesse en dépit de leur format réduit. Ceux-ci lient assez intelligemment problèmes sociétaux et portraits intimes comme la question de l’immigration philippine (Chicharon, Nia’s Door) ou celle de l’identité sexuelle (The Death of a Security Guard, Fan Fan, Summer Trifles). Parfois le mysticisme s’invite pour étoffer ces discours, comme dans The Great Buddha, The Palace on the Sea ou encore le philosophique Some Conjectures on Existence Itself – peut-être le court métrage le plus ambitieux et riche, tout en restant accessible.

Il y a en tous cas, cette fascinante maîtrise formelle rarement gratuite, utilisant plusieurs niveaux de narration à travers l’image (et parfois même le son), le scénario et le dialogue, ce qui rend chaque oeuvre assez stimulante !
Parfois même, nous sommes littéralement bouleversés dans nos habitudes cinéphiliques, comme avec The Death of a Security Guard, qui adopte la forme d’un docu-fiction sur l’événement éponyme, porté toutefois par les mêmes thèmes sociétaux / intimes que les autres.

On félicite au final l’éclectisme de cette sélection, ou aucune oeuvre ne ressemble à une autre, nous permettant de multiples angles d’approches quant à la culture taïwanaise et ses obsessions.

Bref. Les Rencontres du cinéma Taïwanais sont une excellente porte d’entrée vers un cinéma méconnu mais fascinant.

NOTRE AVIS SUR LES FILMS DE LA SÉLECTION

COURTS MÉTRAGES

[divider]À VOIR LE 9 FÉVRIER 2016[/divider]

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FAN FAN, de Chia-Hsin LIU

Rencontres du cinéma Taiwanais - (10)

Taiwan|2015|29min

[toggler title= »SYNOPSIS » ]

Suite à une déception amoureuse, Fan Fan, étudiante en anthropologie, décide de travailler temporairement en tant qu’hôtesse de karaoké dans un club du quartier. En rencontrant un client qui la traite avec gentillesse, les frontières entre travail et vie privée se brouillent…

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Bien que porté par une sensibilité aux personnages et une maîtrise tout à fait différente des outils cinématographiques, FAN FAN partage avec le court métrage précédemment vu, Nia’s Door (voir avis ci-dessous), plusieurs choses.

Il y a cette subtile gestion de l’information donnée à l’image, nous explicitant le vécu et le comportement des personnages et nous facilitant l’empathie envers chacun. Il y a ce beau protagoniste féminin, dont la caméra épouse littéralement le regard. Il y a cette façon de faire du trivial un élément subtilement déclencheur dans la vie de cette femme (justifiant la captation du quotidien et de l’instant, à l’intérieur d’un court-métrage). Il y a un point de vue sur la société à partir d’obsessions propre à chaque personnage ; dans Nia’s Door c’était l’immigration, l’intégration et les obligations sociales, dans FAN FAN, il s’agit de trouver sa place émotionnelle dans un univers d’hommes.

Si FAN FAN se démarque, c’est parce que Chia-Hsin LIU ne capte pas que les mots et les actions des acteurs au sein d’un environnement, elle nous enveloppe dans l’humeur de Fan Fan à travers changements de tonalités, cadrages, placements dans l’image, ambiances, la captation d’un instant – étiré ou compressé ; si la maîtrise formelle et son pouvoir imageant méritait déjà qu’on s’intéresse à ce court-métrage, la sensibilité aux choses imperceptibles (un mot, un regard, un mouvement, l’inaction) dont fait preuve Chia-Hsin LIU pour décrire les choix et hésitation de Fan Fan, ainsi que le ton sucré salé définissant ce rapport à l’amour… Voilà qui achève de nous toucher. FAN FAN est une petite perle.

fan fan

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FAN FAN sera à découvrir aux Rencontres du Cinéma Taïwanais, le mardi 9 février 2016 à 20h – en présence de la réalisatrice

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CHICHARON, de Rina TSOU

CHICHARON Film Stills4

Taiwan|2013|30min

[toggler title= »SYNOPSIS » ]

Fan Ting, née d’une mère philippine et d’un père taiwanais, rentre à Taiwan suite à la faillite de l’entreprise de son père en Chine. Dans sa nouvelle vie, la fillette n’arrive pas à trouver sa place, ni à l’école, ni à la maison jusqu’au jour où Jason, un petit garçon philippin, vient à son secours avec un paquet de Chicharron magique…

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[toggler title= »NOTRE AVIS » ]

: Comme dans Nia’s Door (voir avis ci-dessous), l’immigration Philippine et sa perception par les taïwanais sont au cœur de ce court métrage – cette fois, par le prisme de l’enfance. Loin d’être gratuit, ce choix permet un regard vierge sur un plus grand nombre d’aspects socio-culturels.

Dans un premier temps, il s’agit pour nous d’un constat d’autant plus cruel, qu’il est perçu par le prisme de l’innocence et de la naïveté. La moquerie, l’exclusion et la marginalité définissent la perception de masse des philippins, chose dont on peut souffrir dès l’enfance, au cœur d’une famille métissée, ou dans sa vie de quartier. Puis, Rina Tsou commence un processus d’empathie envers la culture philippine. La réalisatrice met en scène une succession de dialogues interculturels entrecoupés d’actes de bienveillance inter-générationnels, l’un dans l’autre renforçant par étapes, l’importance du rapport à l’autre quel qu’il soit. La narration accompagne ce portrait sociétal humaniste, en renvoyant intelligemment les différentes notions au coude à coude. Enfance, transmission, héritage, communication, altruisme, partage, bienveillance. D’ailleurs, un trait récurrent aux trois œuvres que nous avons vues, c’est que la bienveillance, composante primordiale du rapprochement, relève du secret partagé entre les partis concernés. Étrange, mais probablement culturel.

CHICHARON Film Stills2

Sur les trois courts présentés, il y a cette notion d’urgence qui s’oppose à notre occidentale gratuité artistique auteurisante. Chaque film trouve un moyen de présenter une facette sociétale du pays, tout en s’envisageant comme une espèce de fantasme de rapport à l’autre propre à son auteur. La morale commune semble être qu’il suffit d’un minuscule geste (toutefois fruit d’un intense parcours personnel), pour changer beaucoup de choses. Un destin, une perception, des mentalités.

Un premier axe pour définir le cinéma Taïwanais ?  C’est en tout cas aussi troublant que fort.

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CHICHARON sera à découvrir aux Rencontres du Cinéma Taïwanais, le mardi 9 février 2016 à 20h – en présence de la réalisatrice

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[divider]À VOIR LE 10 FÉVRIER 2016[/divider]

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SOME CONJECTURES ON EXISTENCE ITSELF

Some conjectures on existence itself (3)

Taiwan|2014|40min

[toggler title= »SYNOPSIS » ]

La petite amie d’un jeune homme a disparu sans laisser un mot. Confus, il tente de la  retrouver au temple qu’elle a mentionné le jour précédant sa disparition. Une fois là-bas, il rencontre un homme qui vend de l’eau fraiche et une bergère. En discutant avec eux de choses banales, il comprend peu à peu pourquoi son amie est partie.

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[toggler title= »NOTRE AVIS » ]

Malgré son apparente inaccessibilité (le film est contemplatif et sensoriel, et ne possède aucune porte d’entrée socio-culturelle) le réalisateur Albert Zoe donne une sorte d’universalité à son propos philosophique à travers la forme, la narration, le rythme impeccable et les enjeux (intimes) du protagoniste. SOME CONJECTURES ON EXISTENCE ITSELF possède plusieurs niveaux de lecture et d’interprétation ce qui permet de ne jamais larguer le spectateur, mais également de toujours le stimuler.

Ainsi, il y a une certaine sensorialité dans le court métrage, facilitant notre compréhension de ce cinéma philosophique : la nature, le noir et blanc, le son intradiégétique* constituent le présent du jeune homme, tandis que la couleur, le son extradiégétique*, un environnement urbain définissent ses souvenirs. L’introspection s’oppose à la sublimation, une sorte de purgatoire s’oppose à un paradis fantasmé. Déjà audio-visuellement, deux bulles radicalement opposées nous incitent à la réflexion et à la mise en perspective. Par exemple, le jeune homme décrit sa rencontre avec sa petite amie comme un moment magique – une fusion… Lorsque nous voyons plutôt un type un peu éméché se jeter gauchement sur une fille qui n’a pas forcément demandé grand chose. Ces souvenirs possèdent donc plusieurs niveaux de lecture: le point de vue égocentré du jeune homme, et un point de vue plus objectif – le notre – qui uniquement par l’Image, montre des détails que le jeune homme ne voit pas.

Deux personnages à l’apparence humble, sortes de dieux à l’apparence humaine et au métier symbole (le « vendeur d’eau glacée », et la « jeune fille aux chèvres »), serviront de catalyseurs à l’introspection du jeune homme; ils feront preuve d’une sagesse et d’un pragmatisme hors du commun face aux souvenirs du jeune homme – dont ils semblent être spectateurs. Par effet d’emphase, ils donneront un sens précis à quelques détails, et inviteront à une réflexion sur le sens de l’existence, à travers l’observation de choix personnels marqués par l’ego-centrisme et le dilettantisme.

Le court métrage SOME CONJECTURES ON EXISTENCE ITSELF et son titre obscur renvoient ainsi au cinéma de Apichatpong Weerasethakul, et notamment son Cemetery of Splendour, ou le héros se confronte (volontairement ?) au mystique et au philosophique pour donner un sens à l’incompris. C’est assez fascinant, hypnotique, et génère même une certaine identification par l’universalité du raisonnement introspectif…  Mais cela demande un évident laissez-aller, et d’accepter de transposer d’incompréhensibles codes socio-culturels en une sensorialité parfaitement dosée faisant corps avec le sujet du film.

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SOME CONJECTURES ON EXISTENCE ITSELF sera à découvrir aux Rencontres du Cinéma Taïwanais, le mercredi 10 février 2016 à 20h00  au cinéma les 3 Luxembourg – en présence du réalisateur.

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NIA’S DOOR
de Kek-Huat LAU

Nia's Door : Rencontres du cinéma Taiwanais

Taiwan|2015|25min

[toggler title= »SYNOPSIS » ]

Nia a quitté sa famille aux Philippines pour aller travailler comme domestique à Taïwan. Elle aime se retrouver seule dans sa chambre, séparée de ses employeurs par une porte. Mais sa patronne n’apprécie pas son attitude et les conflits commencent.

[/toggler][toggler title= »NOTRE AVIS » ]

Notre premier film taïwanais visionné dans l’esprit d’en tirer une analyse de la situation du pays, renvoie à quelque chose d’étrangement familier ; cette histoire donne l’impression qu’elle aurait aisément pu se dérouler sur le sol français, ou même dans d’autres pays pourtant culturellement éloignés de Taïwan, comme le Brésil. NIA’S DOOR raconte donc, sous forme d’une immersion dans le quotidien taïwanais, le court parcours d’une immigrée Philippine embauchée comme nourrice et se débattant avec ses obligations économiques envers sa famille restée « au pays ».

Les codes sociaux filtrant à travers cette histoire sont à la fois liés à l’histoire et à la culture du pays (immigration philippine à Taïwan), aux relations humaines (indifférence et condescendance face à l’immigré, mais bienveillance face aux failles humaines) et possèdent quelque chose d’universel (empathie pour la condition sociale la plus difficile, suspens en cas d’échec de cette insertion). L’un dans l’autre, ce cinéma est à la fois très accessible, d’autant plus que le court métrage est formellement léché et cinématographiquement réussi, pour un portrait social de 25 min. Il donne en outre une piste de découverte du quotidien Taïwanais, qu’il nous faudra toutefois mettre en perspective par la vision d’autres œuvres cinématographiques.

nia's door
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NIA’S DOOR sera à découvrir aux Rencontres du Cinéma Taïwanais, le mercredi 10 février 2016 à 20h00, en présence du réalisateur.

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[divider]À VOIR LE 11 FÉVRIER 2016[/divider]

RUNNING, de Yung-Chi CHEN

Rencontres du cinéma Taiwanais - (7)

Taiwan|2014|14min

[toggler title= »SYNOPSIS » ]

A minuit, Chia-Wei sort courir pour lutter contre une insomnie. Sur son chemin, elle rencontre A-sen, un autre joggeur qui l’approche comme s’ils étaient amis de longue date.

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NOTRE AVIS : ce court métrage très simple aborde pourtant énormément de thèmes et motifs très forts, qu’il s’agisse d’esthétique (le film capte la magnifique ambiance nocturne d’une mégalopole taïwanaise), d’ambiance (une certaine paranoïa s’oppose à une forte mélancolie), ou d’aspects plus intimes : comment gérer l’absence de l’autre, la monoparentalité, la solitude. Ici encore, le pouvoir évocateur de la mise en scène fait des ravages, le son jouant un élément primordial pour notre empathie envers le(s) protagoniste(s).

Au final, l’émotion irrigue Running malgré son apparent minimalisme.

À voir le jeudi 11 février 2016 21h45 aux 3 Luxembourg

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THE PALACE ON THE SEA
de Midi Z

Rencontres du cinéma Taiwanais - (17)

Taiwan|2014|15min

[toggler title= »SYNOPSIS » ]

Un bateau est amarré au port. Le fantôme d’une femme cherche le chemin du retour. Il semble qu’elle se soit échappée, mais ses souvenirs l’emprisonnent. Au loin, des chants bouddhiques se font entendre. L’amant de sa vie passée est devenu moine, il chante des textes sacrés pour la guider vers l’autre monde…

[/toggler][toggler title= »NOTRE AVIS : » ]

 Cette fois le synopsis apporte un éclaircissement bienvenu, quoique pas totalement nécessaire. Il est à mon sens à lire APRES avoir vu le film, empêchant d’avoir une idée préconçue de ce cinéma très expérimental. Cela s’appliquant également à ma propre interprétation, je ne la laisserai pas non plus ici, vous invitant à découvrir le film par vous même et à en tirer vos propres conclusions.

Il apparaît en tous cas évident que Midi Z était un réalisateur accompli bien avant ce court-métrage, et que celui-ci n’existe que comme parenthèse destinée à expliciter et compléter le reste de son oeuvre. C’est un peu comme si l’on découvrait David Lynch avec Mulholland Drive: on doit l’aborder sans autre clé de décryptage que notre propre imagination ce qui demande une certaine ouverture, contrairement au cas ou l’on connaîtrait le réalisateur d’avance.

En nous montrant le souvenir de la vie passée d’une jeune femme qui se matérialise en personnages-souvenirs à l’intérieur d’un immense et vide temple bouddhiste – lui même situé dans un port industriel, THE PALACE ON THE SEA, nous plonge donc sans préliminaires dans un univers semblant exister depuis longtemps, un espace à la fois mental et concret, à la fois industriel et mystique, entre deux mondes quoi. Midi Z nous convie exclusivement par la sensorialité, à l’empathie avec la quête de ses spirituelle de cette femme. THE PALACE ON THE SEA laisse ainsi l’impression d’un film complet et indéniablement évocateur, malgré son rythme très oscillant et son absence d’explications.

Cela reste, fascinant, mais il faut accepter de ne pas forcément comprendre grand chose; THE PALACE ON THE SEA est de ces films qui se ressentent et s’expérimentent mieux qu’ils ne se décrivent. À découvrir le jeudi 11 février 2016 21h45, aux 3 Luxembourg

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SUMMER TRIFLES
de Dan-Chi HUANG 

Rencontres du cinéma Taiwanais - (15)

Taiwan|2013|28min

[toggler title= »SYNOPSIS » ]

Alors que deux jeunes hommes s’apprêtent à fêter leur diplôme, une pluie soudaine déjoue leurs plans. Xiao-Hai manque son rendez-vous au parc avec Xiao-Pan. L’été arrive, mais la certitude de la mort teinte les choses d’une couleur particulière pour les deux amis…

[/toggler][toggler title= »NOTRE AVIS : » ]

Cette chronique adolescente empreinte de naturalisme traite en apparence de la mort, mais semble également aborder un thème déjà présent dans un autre court métrage… l’homosexualité.

Si SUMMER TRIFLES parle effectivement d’homosexualité, il le fait en outre avec beaucoup de subtilité et de suggestion, exclusivement à travers la sensibilité. On peut imaginer la difficulté à aborder ce sujet tabou, surtout lorsqu’il s’agit de cette période charnière pour l’identité sexuelle qu’est l’adolescence. Une attention particulière est ainsi portée aux gestes et regards envers l’autre, aux non-dits significatifs, à l’image, celle-ci captant la langueur chez l’un des protagonistes (sachant qu’il n’y en a que deux) ou enfermant les deux jeunes hommes dans une bulle à ciel ouvert. Il y a aussi ce symbolisme que j’avoue ne pas totalement saisir (le chien et la vieille dame, morts) mais qui m’évoque quelque chose… Un secret commun qui rapproche autant qu’il éloigne, invisible à tous mais pourtant important pour les deux jeunes hommes.

Comme souvent, la mise en scène, le rythme ou la photo sont … très propres. En tout cas trop pour évoquer grand chose en dehors de ce qui est visible. Une scène est peut-être plus intéressante que les autres, celle ou l’on entend une voiture de police passer dans le quartier – hors champ – durant les repas que les deux jeunes hommes prennent au même moment, avec leurs familles respectives. C’est beau, car seuls eux perçoivent un sens (commun) à ce son du quotidien.

Un court métrage moins fascinant que les autres (on lui préfèrera 100 fois plus The Death of A Security Guard, bien que dénué de véritable sensibilité) mais exprimant tout de même, quelque chose de profond. SUMMER TRIFLES sera à découvrir aux rencontres du cinéma Taïwanais, le jeudi 11 février 2016 20h00 aux 3 Luxembourg (en présence de la réalisatrice)

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THE GREAT BUDDHA
de Hsin-Yao HUANG

Rencontres du cinéma Taiwanais - (9)

Taiwan|2014|23min

[toggler title= »SYNOPSIS » ]

Une statue de Bouddha, trois hommes et une femme mystérieuse. Leur rencontre inattendue crée un moment de suspense. Le Bouddha va-t-il les protéger? Veillera t-il sur ces êtres insignifiants et infortunés? Finalement, n’est-il pas qu’une simple statue…

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[toggler title= »NOTRE AVIS : » ]

les synopsis de ces courts métrages taïwanais sont aussi géniaux que trompeurs. Car chaque postulat, si classique soit-il, réduit le film à quelque chose d’occidentalement accessible, lorsque le film en lui même, par sa forme ou sa sensibilité aux problèmes de société et/ou intimes, transforme cette base en quelque chose de fantastique et de profondément ancré dans les obsessions de la société taïwanaise.

THE GREAT BUDDHA prend dans les faits, plusieurs formes cinématographiques. Du portrait social à la comédie de mœurs, en passant par le polar ainsi qu’une touche mystique. C’est esthétiquement chiadé : plans presque fixes associés à un classieux noir et blanc expriment la terne réalité sociale, tandis que la couleur, fugace mais significative, renvoie aux fantasmes – qu’ils soient positifs ou négatifs. L’ensemble possède cet aspect plus théâtral que réaliste (très liée à l’interprétation enjouée d’un des comédiens) ce qui renforce notre trouble quant à ce cinéma-social.

Ainsi, cette « rencontre entre Bouddha, trois hommes et une femme mystérieuse » se transforme en un conte socio-culturel ou les à priori définissent l’autre, mais ou l’image montre une tout autre « réalité » : l’homme et ses choix sont les seuls à pouvoir changer les mentalités. La religion elle aussi montre une double facette. Bouddha est cette figure rassurante vers qui l’on se retourne en quêtes de réponses, mais également le symbole le plus hypocrite de cette histoire. Cela n’a beau être que du cinéma, il y a quelque chose de fort et d’universel qui transcende le matériau filmique et culturel.

THE GREAT BUDDHA rejoint en ce sens les autres courts métrages de la sélection, dans cette intelligence du regard sur la société taïwanaise à travers les histoires d’individus, à travers un récit centré autour d’un geste prenant un sens différent suivant l’angle de notre regard. Le cinéma taïwanais a décidément beaucoup de choses à dire, et sait le faire de façons multiples et surprenantes.

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THE GREAT BUDDHA, est à découvrir le jeudi 11 février 2016 20h00 au cinéma les 3 Luxembourg.

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THE DEATH OF A SECURITY GUARD
de Wei-Hao CHENG

PHOTO : Rencontres du cinéma Taiwanais

Taiwan|2014|25min

[toggler title= »SYNOPSIS » ]

Un agent de sécurité d’une communauté résidentielle meurt pendant sa ronde. A cause d’une rupture amoureuse récente, sa famille le soupçonne de s’être suicidé. Alors que la nouvelle fait le tour des médias, des rumeurs commencent à circuler sur internet.

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[toggler title= »NOTRE AVIS : » ]

 

 THE DEATH OF A SECURITY GUARD est le premier court-métrage sur les 5 que nous avons pu voir, à (relativement) bouleverser nos habitudes cinéphiliques:  pour comprendre les circonstances de la mort dudit Security Guard, le film adopte le style clinquant et racoleur des reportages sensationnalistes, troquant toute empathie pour ce jeune homme disparu contre un nocif « réalisme télévisuel ».

THE DEATH OF A SECURITY GUARD commence donc par l’interview des dernières personnes vu Lu vivant. Une connaissance, une locataire, un collègue, sa logeuse… D’un coté, il y a ce troublant détachement chez les interviewés, comme si le suicide était quelque chose qui faisait partie du quotidien; de l’autre, il y a une plongée dérangeante dans l’intime de ce jeune homme. Dans les deux cas, c’est télévisuel, selon nos propres codes de consommation de l’information. Et cette mise en abîme de notre propre comportement fait froid dans le dos, malgré la barrière culturelle.

 présenté aux rencontres du cinéma taïwanais

Puis, il y a cette fameuse rumeur sur la raison véritable de la mort de Lu [SPOILER ALERT] [spoiler mode= »inline »] il serait homosexuel [/spoiler].

Qu’elle soit avérée ou décontextualisée, chaque parti à un intérêt à propager cette rumeur. Qu’il s’agisse du souci du rythme pour les réalisateurs du reportage, des motifs divers des intervenants, ou de la règle du sujet brûlant fournisseur d’audimat. Cette rumeur, gagnera quoi qu’il en soit une ampleur folle, jusqu’à devenir l’emblème d’une question de société particulièrement d’actualité (à Taïwan comme chez nous). Un combat pour une cause universelle, ironiquement aux dépends du décédé.
Ainsi, comme dans les autres courts métrages, l’intime et les problèmes sociétés sont intelligemment mixés, pour générer cette identification indépendante de toute barrière culturelle. Mais ici la forme rajoute un niveau de lecture supplémentaire, quant à la dépersonnalisation des échanges ou la viralité des informations, formant ainsi une critique franche du pouvoir nocif de la télévision (et accessoirement des réseaux sociaux) et la nécessité de s’interroger sur les choses au delà de ce qui nous est présenté.

Mais THE DEATH OF A SECURITY GUARD est également réussi formellement; son rythme hallucinant, parvient à nous soumettre une somme conséquente d’informations par sa maîtrise du montage; l’image et le son reprennent avec acuité la mise en scène des médias parodiés, tandis que l’immersion dans ce(s) quotidien(s) est renforcée par la qualité générale de l’interprétation. Enfin, la narration climactique rajoute au plaisir de la découverte du film !

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Bref. THE DEATH OF A SECURITY GUARD est une petite claque que nous vous recommandons chaudement. À voir le jeudi 11 février 2016 20h00, aux 3 Luxembourg.

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LONGS MÉTRAGES

DESIGN 7 LOVE, de Hung-I CHEN

Design 7 love, présenté aux rencontres du cinéma taïwanais

Taiwan|2014|116min

SYNOPSIS: Dans une agence de designers de Taipei, sept collègues liées à sept histoires d’amour. L’arrivée d’une designer senior, ex-copine du patron sème le trouble… Lorsque mensonge et vérité ne font plus qu’un, comment saisir la sincérité de l’autre ? Lorsque l’on dit « Je t’aime », peut-on le croire ?

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À voir le mardi 9 février 2016 à 21h45 aux cinéma les 3 Luxembourg

TOGETHER, de Chao-Jen HSU

Rencontres du cinéma Taiwanais - (18)

Taiwan|2012|114min

SYNOPSIS : Vous vous rappelez quand vous aviez dix-sept ans? Xiao Yang, un lycéen de dix-sept ans, est le confident de son entourage. Son père, patron d’une petite imprimerie, rencontre Li, la fille d’à côté, qui va bientôt se marier. Pendant ce temps, sa mère se rapproche de Shi-An, tailleur de la boutique voisine. Dans sa solitude, Yang observe les romances qui l’entourent, et commence à lire les lettres d’amours dont il est le coursier…

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À voir le mercredi 10 février à 21h45 aux cinéma les 3 Luxembourg 

 

[divider]LES RENCONTRES DU CINÉMA TAÏWANAIS[/divider]

Nous livrons ici nos impressions sur les courts et longs métrages présentés en sélection, pour tenter de brosser un premier portrait de ce cinéma, avant d’embrayer courant mars 2016, avec des chroniques dédiées aux auteurs plus reconnus, tel Hou Hsia Hsien (The Assassin), Edward Yang, ou Tsaï Ming-liang.

Nous publierons tout au long de la semaine, nos avis sur les différents films de la sélection.
Nous vous invitons en outre à les découvrir au cinéma les 3 Luxembourg (Paris) du 9 au 11 février 2016, dans le cadre de l’événement : LES RENCONTRES DU CINÉMA TAÏWANAIS, dont voici le programme en détail !

 

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Ambrose Bierce
Ambrose Bierce
Invité.e
10 février 2016 18 h 37 min

I would love to find a way to view Some Conjectures on Existence itself.

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