Photo du film SING STREET
© Mars Films

[Interview] Lucy Boynton pour SING STREET

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Délaissant la couleur châtain de son personnage, c’est avec une chevelure blonde, une robe élégante et un grand sourire que Lucie Boynton nous a accueilli. Un rayon de soleil au milieu de la grisaille de Deauville, ce jour-là. Dans SING STREET, nouveau film de John Carney (Once, New York Melody), elle interprète le premier rôle féminin, Raphina, une mystérieuse adolescente dont s’éprend un jeune garçon, Conor, prêt à monter un groupe de musique pour l’impressionner. C’est à l’actrice qu’est revenue la lourde tâche de venir présenter le film, en compétition au festival de Deauville. Un bon moyen pour elle de garder encore quelque chose de ce personnage riche, pourtant bien différent de l’actrice.

 

Dans SING STREET votre personnage de Raphina devient une inspiration pour Conor et ses chansons. Qu’est ce que cela fait d’être la muse d’un jeune garçon ?

(elle rit) C’était très drôle ! Il y avait quelque chose d’excitant dans l’idée qu’elle soit une inspiration pour lui et qu’il veuille l’impressionner. Mais assez vite cela dévoile un rapport intime entre Conor et sa musique, en grande partie en raison de sa relation avec sa famille. Du coup, pour Conor, la musique devient un refuge. Et c’est là que son rapport à Raphina change puisqu’il devient, lui, un refuge pour elle.

Photo du film SING STREET
© Mars Films

  
Et le fait d’avoir été choisie par John Carney ?

C’était un immense honneur et un soulagement même, parce qu’en lisant un script comme cela on a vite conscience que ce n’est pas le genre de rôle qui arrive tous les jours. Surtout parce que John a une manière bien à lui de créer ses personnage. Ce fut donc une audition très intense pour moi et j’étais ravis d’être choisis et d’essayer de faire honneur à Raphina.

Comment vous voyez vous par rapport à Raphina ?

Je suis complètement différente. On ne se ressemble pas beaucoup en fait. Raphina est bien plus cool que moi et dispose de bien plus de force.

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur vous ?

J’ai commencé à jouer quand j’avais 12 ans. Un jour un directeur de casting est venu à l’école voir une pièce que l’on jouait et m’a proposé de participer à une audition. J’ai eu beaucoup de chance d’être retenue pour le rôle. J’ai ainsi pu jouer dans le film Miss Potter (Chris Noonan, 2006). Ce fut une expérience vraiment magique pour moi. Malheureusement, j’ai dû poursuivre mes études et laisser tout ça de côté durant quelques années. Mais dès que j’ai pu me libérer de l’école je me suis entièrement replongée dedans.

 

Le cinéma de John Carney a cette particularité qu’il semble mettre beaucoup de lui-même, de son passé. Il doit donc avoir une vision très précise de ce qu’il veut. Est-ce qu’il laisse pour autant une certaine liberté ?

John est vraiment brillant je trouve parce qu’il accorde beaucoup de confiance à tous ceux qui l’entourent, les acteurs comme le reste de l’équipe. Par exemple il avait tellement bien développé le personnage de Raphina que j’étais prête à le suivre et à reproduire ce qu’il avait décrit. Mais finalement très vite il m’a demandé mon opinion, ce que je pensais d’elle, de ses actions. Ca nous a permis de créer l’histoire de Raphina ensemble. Donc même si son histoire est en grande partie autobiographique, il s’en détache beaucoup au final. Il peut décider sur un coup de tête de changer toute une scène. Ca a quelque chose d’un peu inquiétant mais ça lui permet surtout de créer un environnement au sein duquel tout le monde participe et obtient une liberté créatrice.

 

Le film se déroule dans les années 1980 en Irlande, et la musique de l’époque y tient un rôle très important. Aviez-vous déjà des connaissances en la matière ?

Photo du film SING STREET
© Mars Films

Non, c’était une vraie découverte pour moi cette musique. Je suis née dans les années 1990 donc même si je connais un peu cette époque je n’écoute pas vraiment ce genre de chansons. Ce fut une sorte d’apprentissage pour moi, aussi bien pour la musique que pour la mode. On a écouté beaucoup de musiques et regardé des vidéos. Je me suis aussi renseignée sur la mode de l’époque, pour réfléchir à l’attitude que devait avoir Raphina, à la manière dont elle devait porter ses différents costumes. Parce que les « costumes » que je porte pour jouer Raphina sont également des costumes pour elle. C’est une façade et elle se cache derrière.

D’ailleurs il y a beaucoup de changement de costumes dans le film. Est-ce que ces changements servent à montrer son évolution personnelle ?

Oui on peut dire ça. En fait sur le tournage on réfléchissait les costumes en fonction de son humeur du moment, à ce que cela devait refléter d’elle. Par exemple, les moments où Raphina se sent bien avec le monde qui l’entoure, on peut la sentir plus confortable dans ses habits et avec elle-même. Et quand elle est davantage habillée, avec plein de couleurs et des coupes de cheveux très recherchées, c’est qu’elle tente de s’éloigner de sa vie et du monde. Je trouve ça intéressant d’avoir choisi cette manière pour refléter son humeur. Et puis j’aime l’idée du film qu’il n’y a pas à représenter une version unique de soi, mais qu’on peut expérimenter.

 

Pourtant au final le moment où elle montre vraiment qui elle est, c’est lorsqu’elle n’a plus de costume, qu’elle est le plus naturel et qu’on ne la reconnait presque plus. Ce moment où, par honte, elle tente de se faire passer pour sa sœur jumelle auprès de Conor.

Oui je pense que ce passage montre que derrière cette façade elle reste une enfant très vulnérable. Une adolescente fragile de 17 ans. Et cela, même si elle désire ne plus être une enfant et voudrait déjà être plus grande et plus sophistiquée. Mais dans sa manière de réagir, de laisser Conor finalement voir qui elle est, je pense que c’est une manière pour elle de s’ouvrir au monde.

 

Egalement on pourrait poser la question de la maturité liée à leur différence d’âge. Bien qu’étant plus âgée que lui, plus le film avance et plus Conor semble être le plus mature.

Oui exactement. Parce qu’avec le temps il cesse de l’idolâtrer et la voit finalement comme elle est.

 

En plus de Conor il y a le groupe qui l’accompagne. Vous vous êtes donc retrouvée un peu seule au milieu de ces jeunes garçons.

Oui c’était très drôle. Ces garçons sont tellement fous et imprévisibles. Du coup chaque jour était différent et inattendu.

 

Quelle a été votre scène la plus difficile à jouer ?

Physiquement c’était sans aucun doute la scène où je dois sauter dans l’eau. C’était en novembre en Irlande donc évidemment glaciale. Et il a fallu la refaire pendant deux jours entier. C’était vraiment intense mais le chocolat chaud aidait pour tenir (elle rit)

 

Votre prochain film s’intitule Rebel in the Rye, pouvez-vous nous en parler ?

Oui c’est un film sur la vie de J.D Salinger et réalisé par Danny Strong. Le scénario est vraiment génial, je suis très excitée. Il suit la vie de Salinger, qu’interprète Nicholas Hoult, au moment où il commence à écrire ses nouvelles. Et je joue Claire, sa deuxième femme.

 

Du coup il y a déjà eu des changements pour vous depuis Sing Street (sorti il y a plusieurs mois en Grande-Bretagne).

Oui évidemment c’est le genre de film qui amène vers de nouvelles choses et ouvre des portes. D’un point de vue personnel ça a changé la manière dont je lis un scénario et réfléchis aux personnages, parce que Raphina était assez unique. C’est aussi là qu’on voit la qualité d’écriture de John, qui parvient à créer des personnages qu’on voit rarement. C’est pour cela qu’il est assez difficile de mettre Raphina de côté maintenant. On pourrait dire qu’elle me manque. Mais en présentant le film dans différents festivals, ça me permet de rester encore un peu en contact avec elle.

Lucy Boynton
© Pierre Siclier / Le Blog Du Cinéma

Vous êtes d’ailleurs venue seule pour présenter le film à Deauville. Cela ne vous met pas trop de pression ?

Si, totalement ! C’est terrifiant même ! Je vais juste essayer de ne pas trébucher en allant sur scène et de faire au mieux pour représenter le film.

 

 

Au final elle n’a pas trébuché et le film a été particulièrement bien reçu par le public, certainement un des favoris pour le Prix du Public (notre critique ici).

Propos recueillis par Pierre Siclier au Festival de Deauville

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