GREN WELLS

[interview] Gren Wells, réalisatrice de THE ROAD WITHIN

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[dropcap size=small]P[/dropcap]résenté en compétition au Champs-Elysées Film Festival, THE ROAD WITHIN se penche sur trois jeunes atteints de syndrome de la Tourette (Vincent), d’anorexie (Marie) et de TOC (Alex). Un joli road movie qui a convaincu le public parisien, venu assister à la première du film en France au cinéma le Balzac, mercredi 10 juin 2015. Pour l’occasion la réalisatrice Gren Wells était présente pour répondre aux questions des spectateurs après la séance. Une séance de Q&A durant laquelle Gren Wells s’est livrée, partageant notamment sa propre expérience sur l’anorexie.

THE ROAD WITHIN sera rediffusé, toujours dans le cadre du festival, le mardi 16 juin à 20:30 à l’UGC George V.

Pour votre premier film, pourquoi avoir voulu traiter de la névrose de la jeunesse ?

Je suis partie de mon passé. Quand j’étais plus jeune j’étais anorexique et boulimique. C’est une partie de ma vie importante. Egalement ma mère, elle, était dépressive. A cause de sa maladie j’avais honte d’amener des amis à la maison car on est immédiatement stigmatisé. Je n’ai jamais compris ce stigmatisme autour des maladies mentales. C’était donc important pour moi d’en parler.

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Au centre du film il y a une maladie difficile à traiter au cinéma, le syndrome de la Tourette.

J’avais vraiment envie de faire un film vrai, qui ouvre l’esprit et montre les choses différemment. Souvent les films qui traitent du syndrome de la Tourette tombent dans la moquerie ou à l’inverse le drame pesant. C’est un sujet qui n’est pas facile à montrer et à regarder. Je veux donner aux gens un autre point de vue sur les personnes différentes, qu’il y ait davantage de compassion et de compréhension.

Comment les acteurs ont-ils préparés leur rôle ?

Robert Sheehan, Vincent dans le film, s’est entraîné avec moi pendant six mois. Et nous avons eu la chance de pouvoir travailler avec une personne atteinte du syndrome de Tourette durant un mois. Par son témoignage il nous a permis de rester authentique. Zoë Kravitz (Marie) et Dev Patel (Alex), eux, ont rencontré des médecins et des patients qui souffrent soit d’anorexie soit de TOC.

Le sujet est dur mais votre film fait beaucoup rire.

Oui, ces maladies sont graves mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas en rire. Car on a tous quelque chose de bizarre en nous. Et j’avais envie de montrer que les personnages avaient de l’humour. Ils arrivent à avoir de l’autodérision ce qui est très important.

Était-ce difficile de trouver le bon équilibre entre rire avec les personnages et non pas d’eux ?

Les premières minutes sont volontairement inconfortables dans ce sens. Il y a un équilibre délicat à trouver c’est évident.

Dans le film la musique classique apaise les personnages. Est-ce que cela vient d’une réalité ?

Tout à fait. C’est quelque chose que plusieurs personnages atteintes de la Tourette m’ont confié. Un moyen pour eux de se détendre et se relaxer.

Parlez nous de Robert Sheehan qui incarne Vincent ?

J’ai cherché beaucoup d’acteurs. Je voulais quelqu’un dont on puisse tomber amoureux. Mais également avec une vraie énergie. Et c’était difficile à trouver. Quand mes producteurs m’ont demandé de le définir en une phrase j’ai répondu : « je dois avoir envie de m’asseoir sur son visage ! » (rire) J’ai dû rencontrer tous les jeunes d’Hollywood, mais sans les auditionner. Comme je ne trouvais pas on a du retarder le tournage. Enfin Rob est entré, habillé comme un clown, l’air complètement fou, on aurait dit qu’il avait déjà la Tourette. Il était parfait pour incarner Vincent.

”Je veux donner aux gens un autre point de vue sur les personnes différentes, qu’il y ait davantage de compassion et de compréhension.”

Quel est le sens du titre THE ROAD WITHIN ? Et parlez nous du thème du voyage.

Ce n’est pas un long voyage mais il est très émotionnel pour les personnages. Vincent, à cause de sa maladie, est resté totalement reclus. Il ne peut pas descendre au supermarché. Pour moi le voyage est leur destination. L’important est de faire ce premier pas, d’y aller étapes par étapes. Et donc ce petit voyage va devenir une épreuve intérieur.

Dans votre film, Marie, ne peut pas tomber amoureuse à cause de son anorexie. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

D’abord je voulais rester vague sur les raisons de son anorexie. Il n’y a pas telle ou telle raison qui peut l’expliquer. C’est une maladie mentale qui peut arriver à n’importe qui. On a donc simplement parlé avec Zoë de son personnage, de son passé, pour qu’elle puisse le créer. Par rapport à l’amour, le personnage de Marie aime. Mais elle ne peut pas l’exprimer simplement parce qu’elle n’aime pas Vincent davantage qu’elle veut être maigre. Elle est encore trop dans la maladie. Et Vincent ne peut pas gagner contre ça.

Zoë Kravitz a perdu beaucoup de poids pour le film. A-t-elle été surveillée ?

Oui elle a perdu une vingtaine de kilos. Elle était suivie par un médecin, un nutritionniste et par moi. Avec mon expérience j’ai su lui dire stop à un moment car je voyais que ça la travaillait. Elle a été marquée par cette étape. Mais après le tournage elle a repris ses kilos et elle est même mieux qu’avant désormais, elle est plus forte et ça se voit.

Vous parlez de votre expérience, ayant un passé d’anorexique, n’était-ce pas dur durant le tournage ?

C’était étrangement facile de me détacher de ma vie simplement parce qu’il le fallait. Il y a tout de même la scène à l’hôpital qui était difficile pour moi et toute l’équipe. Surtout la dernière scène qu’on a tourné, lorsque Vincent tient la main de Marie. Ca a été un moment bouleversant.

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Vous êtes également actrices. En quoi cela vous a-t-il aidé pour diriger les acteurs ?

Je pense que tous les réalisateurs devraient prendre des cours de comédie. Car on demande aux acteurs de vivre des émotions fortes à la demande et il faut les respecter. J’ai donc dit à tout le monde que s’ils avaient le moindre problème ils pouvaient venir m’en parler. Qu’on pouvait et devait tout se dire. Finalement personne n’a rien eu à dire et ça s’est très bien passé.

Pour ce premier film, qu’est-ce qui a été le plus difficile ?

Déjà de ne pas pouvoir porter de talons sur le tournage ! (rire) Sinon les journées étaient longues mais à la fin j’étais toujours très contente de ce qu’on avait fait. Je pense que c’est important que le réalisateur reste positif.
Par contre si vous faites un jour un road movie, vérifiez avant si vos acteurs savent conduire. Parce que Zoë vient de New York et donc elle a l’habitude des transports en commun. Rob avait une sorte de permis accompagné irlandais, donc ça ne servait à rien. Et Dev qui a son permis et peut-être le pire conducteur que j’ai jamais vu ! Ca c’était difficile à gérer ! (rire)

CRITIQUE DU FILM
– CEFF 2015 : ATMOSPHÈRES URBAINES : DETROIT
– CEFF 2015 : IMAGINAIRES AMERICAINS : DESERT
– CEFF 2015 : RETROSPECTIVE FRIEDKIN
– CEFF 2015 : SÉLECTION EMILIE DEQUENNE
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