MASTER CLASS JEAN DUJARDIN

Masterclass de JEAN DUJARDIN

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[dropcap size=small]L[/dropcap]e Festival du Film Francophone d’Angoulême, qui s’est tenu du 25 au 30 Août, a été l’occasion d’assister à la première Masterclass de l’acteur Jean Dujardin, venu présenter en Avant- première le dernier film de Claude Lelouch, Un + Une, dans lequel il tient le rôle principal aux côtés de Elsa Zylberstein.

Il a confié que cette première Masterclass l’amusait et le plaisir de jouer motive manifestement l’acteur, qui est apparu sincère et attachant, avec les pieds sur terre. Nous avons eu droit, pendant une heure, à un show de sa part et à quelques imitations impayables des voix de Bertrand Blier, François Damiens, et Francis Huster, mais aussi de son personnage Hubert Bonisseur de la Bath dans OSS117 dont il a nous a rappelé l’attitude, la démarche et les mimiques, y compris de sourcil !

Metropolitan FilmExport
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Les films et séries TV qui l’ont inspirés dans son enfance : Happy Days, Benny Hill,  et les films du dimanche soir à la télévision avec Jean-Paul Belmondo ou Lino Ventura. Mais aussi les films de Pagnol, j’étais fasciné par le jeu des acteurs et par le plaisir qu’ils avaient l’air d’y prendre. c’est comme ça que je vois le cinéma, quand un acteur s’amuse et est épanoui!

Son plaisir à imiter et jouer des personnages : j’étais le dernier d’une famille de 4 garçons et très inhibé, ce n’était quand même pas Zola, mais faire des improvisations à 16 ans m’a vachement donné confiance, je me sentais beaucoup plus fort avec mes personnages, je me suis senti exister. J’imitais les amis de mes parents, et j’ai écrit mes premiers sketchs pendant mon service militaire, sacrée source d’inspiration! Brice de Nice, ça a commencé comme ça, j’ai toujours avancé masqué avec mes personnages… maintenant, j’enlève le masque de plus en plus !

Sa formation et ses premières expériences : A l’école, j’étais nul et lent. Être admis au bac m’a libéré! Alors pas question d’aller au Cours Florent, j’aurais eu l’impression de retourner à l’école! On ne peut pas m’apprendre le plaisir de jouer. Jouer dans Un gars, une fille a été un super apprentissage, cette série grâce à ses plans séquences m’a permis de faire du muscle, d’être à l’aise. On se marrait, on n’avait pas idée du succès les deux premières années.

Wild Bunch Distribution
Wild Bunch Distribution

Le passage au cinéma: mon parcours a été un peu étrange, mais j’avançais mois par mois, sans plan. Il faut qu’en France on enlève les étiquettes, il y a trop de chapelles, un acteur doit pouvoir passer de la télé au cinéma et au théâtre. C’est comme s’il y avait deux seules cases: soit on fait rire, soit on fait pleurer! Aux USA, tu commences par le Stand Up de toute façon et tu enchaînes sur le cinéma!

Patrick Sébastien le découvreur et Isabelle Nanty la bonne fée: J’ai été découvert par Patrick Sébastien avec Les nous C nous, il a fait le boulot des castings. Quant à Isabelle Nanty, elle a un œil très juste et bienveillant pour plein d’acteurs; elle m’avait remarqué sur M6 quand je faisais Graines de Stars et j’ai échangé avec elle mon premier baiser au cinéma dans une voiture dans le film Toutes les filles sont folles de Pascale Pouzadoux .

Les conseils bienveillants de André Wilms et de Gérard Jugnot: dans Bienvenue chez les Roze, j’étais à chier, à côté, j’avais le syndrome de l’imposteur, j’avais peur tous les jours, dès que j’entendais Moteur et au moment de mes répliques. André Wilms est venu me trouver et m’a dit la phrase qui m’a guérie : « Jean, pardonnes toi! ». C’est vrai au fond, peur de quoi? Du jugement? Au pire, on ne le fait pas, on se barre! J’ai 43 ans, je ne suis pas le centre de la Terre, tout le monde ne me veut pas du mal! Et je n’oublie pas Gérard Jugnot, avec qui j’ai tourné Il ne faut jurer de rien, qui m’a dit « Surtout, fais toi rare! »

oss 117 4 JD

Jouer dans une comédie: la comédie, c’est une question de rythme, comme la musique; ce qui compte, c’est le temps avant la vanne, et celui juste après, pas la vanne en elle-même! Par exemple Michel Hazanavicius pour les OSS117 a parfaitement la science des vannes, même racistes. Le personnage de Hubert de la Bath est drôle parce qu’il est plus con que méchant: il suffit de le voir allumer et éteindre la lumière pour faire caqueter les poules!

Les réalisateurs qui lui ont offert des rôles tourmentés : Nicole Garcia (Un balcon sur la mer) qui m’a dit m’avoir choisi parce qu’elle avait vu mes zones d’ombre…dans Brice de Nice! Bertrand Blier (Le bruit des glaçons) est un inventeur, avec une certaine poésie, il est moderne, mais peu de producteurs nous ont aidé pour le film… on n’aime pas trop nos seniors en France, et pourtant on a la place de faire des films comme ça; alors nous on les accompagne, on baisse nos prix!

Les rôles qu’il ne ramène pas chez lui après les tournages: Je ne suis pas du tout dans la méthode de l’Actor Studio! A part Hubert de la Bath pour lequel j’ai eu envie de rester dans le personnage, je laisse les personnages dans ma loge, je ne les ramène pas chez moi, ça gonfle tout le monde, j’aime bien rejoindre ma vie et faire les courses! Dans Contre-Enquête de Franck Mancuso, je me suis fait souffrir, j’avais de sales pensées, mais c’est ce que demande le cinéma, se mettre dans certains états, pas vivre avec 24h/24! Si j’ai bien travaillé et transpiré, je suis heureux, mais je suis content aussi d’arrêter, il faut que ça s’arrête, je n’ai pas de nostalgie, il y a toujours un autre film après.

Warner Bros
Warner Bros

Les relations avec la presse: les acteurs sont déjà très critiques envers eux-mêmes, et si la presse nous épargne, nous les acteurs, ce n’est pas le cas pour les réalisateurs; pour Brice de Nice, je me suis fait défoncer! C’est devenu honteux de dire qu’on aimait le film, comme Dirty Dancing! Alors qu’au départ c’était un petit conte candide, on n’avait pas prévu que le « j’tai cassé' » devienne un tel phénomène autour du personnage, et du coup la presse l’a pris comme si j’avais dit « je m’appelle Jean Dujardin et je t’emmerde! » Pour OSS 117, la presse a été très bonne!

Mes plus grands pieds au cinéma sont The Artist, les OSS 117 et Un +Une !

The Artist, l’Oscar et les Etats- Unis : l’Oscar, je ne l’ai jamais espéré, c’est miraculeux! Ça change les autres, pas moi, je n’ai pas pris la grosse tête, je ne suis pas dupe! Ce n’est pas une posture, c’est vrai! Ca m’est tombé dessus, je l’ai pris! Je n’ai jamais souhaité faire carrière aux Etats- Unis, j’ai un niveau d’anglais de 4ème! S’il y a un beau truc, pourquoi pas, mais j’ai autant de plaisir à faire Nespresso avec Georges Clooney que Monuments Men ! Et puis les derniers français qui ont percé là-bas, c’est Maurice Chevalier et Gérard Depardieu! Les actrices françaises y arrivent mieux, elles sont plus des porte-drapeaux, comme Marion Cotillard ou Juliette Binoche.

Un + Une et Claude Lelouch: Claude Lelouch libère les acteurs, il chope aussi leurs silences; il est moderne, alerte, il ose tout, il a du courage et de l’audace, et il nous encourage à avoir de l’audace! Avec mes partenaires, j’ai senti qu’on était en train de faire un truc!

Metropolitain FilmExport
Metropolitain FilmExport

Son regard sur ses autres films : avec 99 Francs, j’ai quand même vécu avec la tête de Beigbeder pendant quelques semaines, ça m’a demandé beaucoup d’énergie, et Jan Kounen est très exigeant! Avec Ca$h, je ne sais pas trop ce que je cherchais à ce moment là; Lucky Luke était finalement un personnage très chiant, beige comme on dit au Québec: c’était un beau film, mais pas un bon film. Pour L’amour aux trousses!, on s’est planté mais j’aime beaucoup le film! Quant aux films en costume, comme Il ne faut jurer de rien, je me dérange un peu, je ne me trouve pas bon et je ne sais pas pourquoi je l’ai joué comme ça.

Le théâtre:  Deux sur la balançoire, mise en scène par Bernard Murat (qui est quand même la voix française de Fonzy dans Happy Days ou de Woody Allen!) était une pièce dure, avec un personnage qui m’a fait du mal mais qui m’a beaucoup appris; je m’en étais d’ailleurs servi pour jouer dans le film de Nicole Garcia. On l’a joué 200 fois, pendant 6 mois, c’était un plaisir mais les applaudissements ne me nourrissent pas: c’est le truc des anciens cancres, comme l’a écrit Daniel Pennac dans Chagrin d’école, on n’est jamais satisfait, on veut toujours mieux faire!  C’est très bluffant de voir les grands acteurs au théâtre, comme Jean-Pierre Marielle, qui a une telle maîtrise du temps et du verbe! Le théâtre, c’est comme une salle de muscu: on se traîne pour y aller, on est content dans l’effort mais on est content d’en sortir!  J’y retournerai peut -être dans les 5 ans, avec quelque chose de plus léger, de plus déconnant. Ce qui est quand même bien au cinéma, c’est que chacun polit la boule qu’est le film avec son art (réalisateur, acteurs, techniciens…) et j’aime cet objet terminé.

Je ne me cache plus derrière mes personnages, j’enlève le masque et je me libère!

Ce qui le motive et ses envies aujourd’hui : mon emploi, c’est essayer de tout faire, il n’y a pas de « contre-emploi;  j’essaye, je n’écoute personne, au pire si je me plante, ce n’est pas grave! Le cinéma est là pour essayer des trucs. Je progresse, j’essaye de ne pas retomber dans ce que j’ai déjà fait, mes tics ou mes mauvaises habitudes. Je ne suis pas tout le temps en train de faire le zouave dans ma vie, je suis parfois tourmenté, angoissé, chiant, et donc dans le cinéma, j’ai envie aujourd’hui d’ouvrir vers des choses plus personnelles, d’être égoïste dans mon plaisir d’acteur. Pour La French, j’ai vraiment eu l’impression de faire un film de Monsieur, comme Lino Ventura, et j’ai de plus en plus envie de ça, je garde ma tête d’enfant. Mon luxe aujourd’hui, c’est la liberté de dire non… c’est donner plein de nons pour que les ouis deviennent des vrais ouis !  Il se passe de belles choses, je n’ai pas pris la grosse tête, je n’ai pas été élevé comme ça. Et puis avec mon frère, je monte des projets en production (NB: Marc Dujardin est co-producteur du film de Lelouch)

LIRE ÉGALEMENT: la critique du film, par Sylvie Noëlle, ci-dessous

UN +UNE, de Claude Lelouch

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affiche un plus une

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Titre original : Un + Une
Réalisation : Claude Lelouch
• Scénario : Claude Lelouch, Valérie Peerin
• Acteurs principaux : Jean Dujardin, Elsa Zylberstein, Christophe Lambert, Alice pol
• Pays d’origine : France
• Sortie : 9 Décembre 2015
• Durée : 1h53min
• Distributeur : Metropolitan FilmExport
• Synopsis : Antoine ressemble aux héros des films dont il compose la musique. Il a du charme, du succès, et traverse la vie avec autant d’humour que de légèreté. Lorsqu’il part en Inde travailler sur une version très originale de Roméo et Juliette, il rencontre Anna, une femme qui ne lui ressemble en rien, mais qui l’attire plus que tout. Ensemble, ils vont vivre une incroyable aventure…

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[cbtab title= »critique (★★★☆) « ]

L’aventure que nous promet Claude Lelouch est très dépaysante, esthétiquement et spirituellement parlant, puisqu’elle nous mène en Inde, sur les bords du Gange.
Anna/ Elsa Zylberstein va sur le chemin de la fertilité, à la rencontre d’Amma, sorte de déesse vivante emplie d’amour qui a le pouvoir mystique de guérir et de changer les destins.
Elle est accompagnée d’Antoine/ Jean Dujardin, souffrant de migraines et rencontré chez son mari Ambassadeur Samuel/Christophe Lambert. Leur attirance mutuelle renvoie à un autre film de Claude Lelouch : Un homme qui me plait, les deux héros étant compositeurs de musiques de films. La musique, comme toujours dans les films de Lelouch, est omniprésente, et souligne généralement les émotions. Comme souvent, les scènes alternent entre celles de personnages qui discutent beaucoup sur ce qu’ils sont en train de vivre, et celles sur le tournage du film pour lequel Antoine travaille.

Croit-on pour autant à cette histoire d’attirance plus forte que la raison, et dans laquelle le réalisateur parsème allègrement ses petites phrases sur les femmes, les boomerangs, les hirondelles et la vie ? Bof…

Nous observons les personnages mais nous ne ressentons pas vraiment d’empathie pour eux… Les acteurs jouent plutôt juste, le film est assez drôle et enjoué – en tout cas dans la première partie, qui porte sur la rencontre de nos deux héros et le processus de séduction.
Le rythme est toutefois ralenti, lors de la traversée de l’Inde en train et en bateau… Mais normal : le voyage est long et prend du temps. De fait, le réalisateur nous perd un peu en route; si les souvenirs d’Anna et Antoine à propos de leurs rencontres avec leurs conjoints respectifs nous ramènent dans le film, la scène théâtrale des retrouvailles en couple ne parvient ni à nous surprendre, ni à nous émouvoir et la fin est plutôt convenue.

Un Lelouch sans trop de surprises… Mais un Lelouch quand même, et en Inde.
Et puis quel plaisir de revoir Venantino Venantini, qui incarne le père d’Antoine !

par MASTER CLASS JEAN DUJARDIN@sylvienoelle33

photo Un plus une
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