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[CYCLE] LE DÉCALOGUE – 10 : Tu ne convoiteras pas les biens d’autrui

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À l’occasion de la ressortie en version restaurée des dix parties du Décalogue de Kieslowski distribuées par Diaphana, retour sur l’une des œuvres fondatrices du cinéma est-européen post-Walesa, un monument de dix heures réalisé par l’un des plus grands metteurs en scène de son temps. Fort de thèmes variés naviguant entre social et religion, nous chroniquerons l’intégralité des épisodes à quatre mains, avec chaque jour un nouvel article. Étude au cas par cas au sein d’une analyse suivie plus large : nous découvrirons l’auteur derrière le patchwork, la pensée derrière le drame humain.

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Ce dixième et dernier épisode du DÉCALOGUE de Kieslowski suit deux frères qui héritent de la collection de timbres de leur père, qui se révèle avoir plus de valeur qu’ils ne l’avaient initialement cru. Ultime surprise de la série, Tu ne convoiteras pas les biens d’autrui est une comédie noire touchante et jouissive sur la cupidité et les liens fraternels, qui justifie à elle seule l’ensemble de l’œuvre, de par son contraste libérateur avec les neuf épisodes l’ayant précédé.

 

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LE DÉCALOGUE 10 – Tu ne convoiteras pas les biens d’autrui

LE DÉCALOGUE n’est pas une série qui respire la joie de vivre. On y meurt, on y trompe, on y ment – les happy ends à proprement dit sont eux, quasiment absents (malgré les dires du metteur en scène qui soulignait que toutes ces conclusions étaient, d’une certaine façon, positives). Lorsque ce dixième volet s’ouvre sur une chanson punk-rock où l’interprète exhorte son public à violer tout le Décalogue (adultère et parricide, entre autres), une douce odeur d’ironie s’installe brutalement : oui, Kieslowski termine sa saga avec une comédie.

Ce n’est certes pas une comédie populaire où l’on sortirait hilare de chaque scène, ce n’est à vrai dire même pas une comédie qui fait rire – on se rapproche davantage d’une farce humaine à la Coen, où tous sont cupides et n’hésitent pas à se traîner en ridicule les uns les autres pour le simple appât du gain. Après neuf épisodes plus lugubres les uns que les autres, Kieslowski fait enfin le choix de la légèreté, et, étrangement, c’est bien la fin qu’il fallait.

« Après neuf épisodes plus lugubres les uns que les autres, Kieslowski fait enfin le choix de la légèreté, et, étrangement, c’est la fin qu’il fallait. »

Il serait facile de croire que tout cela est un virage total – le dixième DÉCALOGUE n’est en réalité pas si lointain de ses prédécesseurs. On reconnaît la patte de son cinéaste, proche des visages et filmant avec un regard infaillible cette banlieue polonaise – les décors sont les mêmes, la mise en scène conserve les mêmes tons, la même langueur. Ce n’est pas tant une trahison à sa cohérence exemplaire qu’un essai audacieux et inattendu sur des bases religieusement construites.

Kielowski réinvente son art sans tromper son spectateur : ce final, derrière ses airs de comédie noire anecdotique (quand on la compare aux chocs l’ayant précédé), est un bol d’air frais remarquable porté par un génial duo d’acteurs. Le réalisateur renonce au caractère fondamentalement dépressif de son œuvre le temps d’une heure et y insuffle une énergie et une bonhomie foudroyante. Tout fonctionne et les relations inter-personnages, point central du succès du DÉCALOGUE, n’ont jamais paru aussi touchantes et crédibles qu’ici.

« Kieslowski se défait de tout misérabilisme, il se libère et s’ouvre à une narration lestée d’un symbolisme forcé. »

Difficile de parler d’humour, mais il est certain que le metteur en scène fait preuve de beaucoup de second degré quand il filme ces différentes situations – cela tranche avec le premier degré du regard qu’il pose sur ses deux personnages principaux, tous deux d’une grande simplicité. C’est d’ailleurs là la clé de la réussite de cet épisode : Kieslowski se défait de tout misérabilisme, il se libère et s’ouvre à une narration lestée d’un symbolisme forcé.

Cela ne se traduit non pas par un abandon de la parabole et de l’allégorie – elles sont là, justifiant la démarche – mais plutôt par une double-écriture : en parallèle de la métaphore, on propose le divertissement. Le carcan se défait et on aurait pu espérer meilleure résolution pour pousser l’expérience DÉCALOGUE jusque dans ses derniers retranchements.

LE DÉCALOGUE avait débuté dans les pleurs, il s’achève sur un rire. Kieslowski est un poète de l’émotion, il sait trouver les images justes. Ce dernier épisode est une telle libération qu’il éclipse peut-être tous les précédents. Mais pour mesurer sa force, il est nécessaire d’avoir passé ces neuf épreuves. Proposer, après tant de drames et de tragédies, un chant du cygne aussi festif était un choix risqué car il aurait pu compromettre la bonne tenue des dix épisodes ; bien au contraire, il en assure finalement la pertinence.

Si on avait compris depuis un moment déjà que LE DÉCALOGUE était une série qui fonctionnait comme un ensemble malgré ses histoires indépendantes, notamment dans une optique analytique, ce dixième acte souligne que c’est aussi pour favoriser une appréciation globale que les dix métrages se font écho. L’un peut fonctionner sans l’autre, mais l’autre pourrait-il briller sans l’un ? N’a-t-on pas besoin de malheurs pour mieux savourer l’ivresse d’un ultime geste cinématographique expiatoire ?

KamaradeFifien

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Affiche du cycle de films LE DÉCALOGUE

Titre original : Jeden Dekalog
Réalisation : Krzysztof Kieslowski
Scénario : Krzysztof Kieslowski
Acteurs principaux : Maja Komorowska, Wojciech Klata, Henryk Baranowski
Pays d’origine : Pologne
Sortie FR : 29 juin 2016
Sortie POL: 1988
Durée : 10 parties de 50 min
Distributeur : Diaphana Distribution

[toggler title= »Synopsis » ]Les dix commandements vus par Krzysztof Kieslowski : Un seul Dieu tu adoreras, Tu ne commettras point de parjure, Tu respecteras le jour du Seigneur, Tu honoreras ton père et ta mère, Tu ne tueras point, Tu ne seras pas luxurieux, Tu ne voleras pas, Tu ne mentiras pas, Tu ne convoiteras pas la femme d’autrui, Tu ne convoiteras pas les biens d’autrui.[/toggler]

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