UN PEU APRÈS MINUIT

Focus sur UN PEU APRÈS MINUIT, court-métrage en lice pour les César 2019

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On vous parle de UN PEU APRÈS MINUIT, court-métrage estampillé « de genre », sélectionné parmi les 24 en lice pour les César 2019.

Un court-métrage estampillé « de genre » qui se retrouve parmi les 24 court-métrages sélectionnés pour les César 2019, ce n’est pas si fréquent. Par exemple, l’année dernière, rien de tel (relire notre Article). Il nous a donc semblé intéressant de faire cette année un focus sur UN PEU APRÈS MINUIT, avec en prime de notre critique, une double rencontre faite avant l’annonce de la sélection de leur court-métrage aux César. D’abord avec Jean-Raymond Garcia, co-scénariste et co-réalisateur avec Anne-Marie Puga. Ce dernier est également producteur du film via U Production, la petite boite qui monte à Bordeaux. Puis avec l’interprète principale India Hair (rencontrée au Festival du Film Francophone d’Angoulême). On saura le 23 janvier prochain si UN PEU APRÈS MINUIT aura recueilli suffisamment de voix pour figurer parmi les 5 finalistes aux César 2019!

 

Synopsis de Un peu avant minuit 

Suzanne est une jeune institutrice aveugle. Au sein de la petite communauté des non-voyants, elle suit avec assiduité un cours d’histoire de l’art consacré à l’érotologie de Satan et aux sorcières. Métamorphosée, Suzanne tente de voler les yeux d’un homme.

Notre critique de Un peu avant minuit  (★★★★☆)

Photo du film UN PEU APRÈS MINUIT
On met un peu de temps à digérer ce court métrage d’effroi, qui plonge très vite le spectateur dans une ambiance ambiguë, à mi-chemin entre la réalité et la légende, et joue subtilement avec ses nerfs. India Hair est la parfaite interprète de ce film à la fois intrigant et angoissant, renforcé par la musique anxiogène à souhait. Elle prête en effet à son personnage Suzanne son charisme atypique et son aura particulière, faisant très bien ressentir au spectateur ses frustrations et sa colère même si tous ses autres sens sont exacerbés. En peu de scènes, les réalisateurs réussissent à montrer ce qui peut constituer un groupe, aussi bien dans sa force que dans ses dysfonctionnements. Ainsi le groupe d’enfants à l’école, avec des harceleurs et une petite fille mise à l’écart, mais surtout le groupe d’amis aveugles, qui ont l’air de former un genre de secte aux rituels bizarres que les voyants ne sont pas autorisés à saisir. La référence aux sorcières est intéressante, de par la fascination qu’elles exercent encore de nos jours, où pouvoir, violence, sensualité et érotisme s’entremêlent habilement. Les lieux, tels le musée, le billard et cette maison qui semble abandonnée, permettent d’appréhender encore plus judicieusement la transformation et la libération qui s’opèrent chez Suzanne. Tout comme les réalisateurs ont assumé leurs désirs avec une scène finale troublante à souhait, Suzanne assume les siens jusqu’au bout, même s’il lui faut en payer le prix.

Rencontre avec l’un des deux co-réalisateurs Jean-Raymond Garcia

UN PEU APRÈS MINUIT
Anne-Marie Puga et Jean-Raymond Garcia, les deux co-réalisateurs de Un peu après minuit

On a longuement interviewé Jean-Raymond Garcia, qui a la triple casquette de scénariste, réalisateur et producteur. On a abordé des sujets aussi divers que la perception du film de genre en France, sa propre définition, l’appel à projet du CNC que les projets de U Production. Il n’a pas manqué d’évoquer sa collaboration avec sa co-réalisatrice Anne-Marie Puga et son interprète India Hair, tout en regrettant la non sélection de UN PEU APRÈS MINUIT dans les festivals de genre en France, alors qu’il a été multiprimé à l’étranger.

[toggler title= »INTERVIEW DE JEAN-RAYMOND GARCIA  » ]
Comment êtes-vous venu au cinéma de genre ? Ou est-ce le cinéma de genre qui est venu à vous ?
Jean-Raymond Garcia : Ce sont d’abord des origines et des émotions cinéphiles. Ni Anne-Marie Puga ni moi ne sommes des geek appartenant à une communauté plus ou moins secrète de cinéastes de genre. Je n’ai pas de genre attitré, j’aime le cinéma qui va de Ordet de Carl Théodor Dreyer à Invasion Los Angeles de John Carpenter. J’aime des cinémas dont le genre fait partie. Parmi les projets que j’aurais envie d’écrire et de réaliser, figurent cette veine et cette nature de films. Ce n’est pas seulement une aspiration comme réalisateur, c’est aussi la ligne éditoriale de notre société de production U Production.

Selon vous, le cinéma de genre est-il suffisamment considéré en France ?
Jean-Raymond Garcia : Je prends le cinéma de genre au sérieux. Il y a toujours ce débat en France : le film de genre n’existe que s’il est codifié. Mais de mon point de vue, il n’y a pas plus de codes dans le cinéma de genre qu’il n’y en a dans toute conduite d’un récit de fiction. Il y a une forme de mépris inconscient à l’endroit des cinéastes et des producteurs de genre de la part de la petite communauté du cinéma français, même s’il y a quelques avancées. Et puis surtout je pense qu’il y a un phénomène d’inculture générale sur le genre au cinéma mais aussi en littérature, en poésie, en photographie, en arts visuels. Il y a du coup cette espèce de tentation de proximité avec des grandes séries TV, comme The Walking Dead, et j’ai le sentiment que ce qui vient nourrir la réflexion sur le cinéma de genre en France, y compris parmi ceux qui financent, c’est que s’il n’y a pas de zombies, il n’y a pas de films d’horreur. C’est un peu lapidaire, mais c’est un ressenti. C’est d’ailleurs ce qui peut être pénible dans toute comédie dramatique qui serait l’essence du cinéma français, c’est la dimension programmatique et prévisible de certains scénarii, qui me semblent cousus de fil blanc. Ce qui m’intéresse dans l’œuvre cinématographique, ce sont les univers, les étrangetés que peuvent revêtir une interprétation d’une comédienne ou d’un comédien, le travail d’un monteur ou d’un directeur de la photographie. Ce qui est fondamental pour moi dans le cinéma c’est ce que donne à voir un réalisateur, qui offre et partage avec les spectateurs.

Photo du film UN PEU APRÈS MINUIT

Un film de genre doit-il ficher les jetons ?
Jean-Raymond Garcia : Difficile de répondre à cette question, je la traduirais par « une comédie qui ne me fait pas rire est-elle réussie ? » ou « un film d’épouvante qui ne crée pas l’effroi est-il un film réussi ? » Je ne pense pas que UN PEU APRÈS MINUIT soit un film qui fait peur, mais seulement qu’il met en scène un univers malaisant. On fait souvent une confusion au cinéma entre effet de surprise et la peur, car la peur est souvent plus insidieuse. Moi ce qui me fait vraiment peur car c’est éminemment réaliste et terrifiant, c’est Le Silence des Agneaux. Il y a aussi quelques films coréens, comme Memory of Murder, que je trouve très inquiétants. La peur à l’écran, c’est sérieux.

Pour vous, Grave de Julia Ducournaud est-il un film de genre ?
Jean-Raymond Garcia : On a un peu tendance à l’oublier, mais ce n’est pas si fréquent de voir un premier long métrage à ce point abouti et harmonieux, et même si je n’aime pas tout, je suis très favorablement impressionné et surpris. Grave témoigne un talent de direction d’acteurs et actrices, graphiquement le film a vraiment un truc et les effets spéciaux numériques sont très bien réalisés. La nuit a dévoré le monde est aussi un film formidable, plus discret, qui témoigne d’une sensibilité. De nombreux films de genre s’inscrivent dans des archétypes, comme Revenge, dont je suis moins client. Je suis plus vagabond dans les inspirations.

Ne pensez-vous pas que l’appel du film de genre créé par le CNC en 2018 est un premier pas vers la reconnaissance de ce type de cinéma (dont les trois projets retenus viennent d’être dévoilés) ?
Jean-Raymond Garcia : Je suis très réservé à l’idée qu’il faille créer un appel à projet spécifique pour encourager la production de cette culture de films. Cela devrait logiquement être suffisant à l’avance sur recette, qui prône la diversité des œuvres. Il faut se rappeler de Méliès, Jean Cocteau, Franju et même les cinéastes de la Nouvelle Vague, qui ont presque tous adapté des séries noires. Il faut peut-être plus s‘interroger sur la composition des comités de lecture que de créer ipso facto une sorte de réserve indienne. Je suis très surpris mais malgré un pré-achat de France 2 -et il y relativement peu de projets préachetés par la chaîne-, nous ne sommes jamais parvenus à passer le comité de présélection, ni en amont ni en aval du CNC, c’est incompréhensible. Je ne remets pas en question le principe des aides sélectives accès au crédit audio du CNC qu’on n’a pas eu, mais leurs arguments sont inaudibles : et cela traduit une incroyable difficulté pour ces comités à appréhender le genre. Heureusement qu’on a eu des aides de la Ville de Paris ou de La Nouvelle Aquitaine.

Comment avez-vous eu l’idée de faire appel à la comédienne India Hair ?
Jean-Raymond Garcia : Le fait de ne pas avoir des œillères sur le cinéma de genre. J’ai vu l’exposition de Truffaut à la Cinémathèque et à l’issue du parcours il y avait un mur d’image. Arte avait confié à Axelle Ropert une série de portraits de jeunes comédien-nes potentiellement truffaldiens. Et parmi eux il y avait India, que je ne connaissais pas. Je l’ai trouvée incroyable, elle a une espèce de présence très particulière. La chance qu’on a eue, c’est qu’elle avait tourné avec Raphaël Jacoulot (Avant l’aube) que je connais un peu. On a vu d’autres films avec elle qui sont venus confirmer cette fantaisie et cette prise de risque qu’elle a, comme dans Jackie au Royaume des Filles. Elle était d’ailleurs très étonnée qu’on ait pensé à elle pour ce rôle alors que de son propre aveu, elle avait l’impression d’être distribuée dans des rôles de bonne copine, même si dans Rester Vertical elle a un peu plus la corde borderline à son arc. Ce qui est très agréable chez cette jeune femme, c’est sa curiosité naturelle, cette espèce de grâce. Elle a vraiment du tempérament et une très forte personnalité, mais avec nous, elle a été absolument formidable. Moi qui suis assez anxieux, elle m’a témoigné à plusieurs reprises une attention spécifique prenant en considération cette anxiété, elle est d’une intelligence sensible et d’une attention. On est en train d’écrire un Long Métrage dans lequel elle a évidemment le premier rôle. Et un autre court où elle jouera un fantôme.

India est donc devenue une muse ?
Jean-Raymond Garcia : C’est extrêmement fertile de travailler avec elle, on a beaucoup appris. J’ai mis beaucoup de temps à comprendre que la vraie richesse et le vrai témoignage de la qualité d’une fiction, c’est le comédien ou la comédienne. Je ne fais pas du tout partie des gens pour lesquels le scénario a une importance déterminante. Ce sont les comédiens et la direction artistique à laquelle je les associe. C’est un pivot absolument fondamental. Ce qui est très troublant, c’est que l’ensemble de l’équipe de UN PEU APRÈS MINUIT se réjouissait de participer à l’élaboration de cet univers, et ça a été heureux. On a parlé plusieurs heures avec India Hair après qu’elle ait donné son accord. Quant à Jean-Pierre Dionnet, il n’a plus rien à prouver et fait partie des grandes figures des tenants de la culture populaire dans le cinéma extraordinaire.Photo du film UN PEU APRÈS MINUITComment travaillez-vous avec votre co-réalisatrice Anne-Marie Puga ?
Jean-Raymond Garcia : On vit ensemble, on écrit ensemble et on co-réalise ensemble. C’est une vraie interrogation dans les comités ou pour les équipes de savoir comment fonctionne notre binôme sur le plateau. Il y a invariablement des questions sur la co-réalisation et le partage des tâches. Notre particularité c’est qu’on fait tout ensemble. Il y a des relais qui s’opèrent sur le plateau, car je peux être plus fatigué que Marie, qui a une capacité d’attention et de concentration exceptionnelle, et elle va naturellement prendre le relais. On a eu un temps de préparation long car pas mal de contraintes et d’avatars ont retardé le tournage de notre court. On fonde sur la préparation une grande importance et du coup beaucoup de choses évoquées en amont sont déjà réglées et sont d’une grande fluidité sur le plateau. On est très intuitifs, l’avantage c’est qu’on parle tout le temps du film. Notre mode de travail est très coopératif et on aime beaucoup associer des cadres comme Pascale Marin, Directrice de la photographie, avec laquelle on a eu des échanges constants sur l’univers. La chance qu’on a eue, c’est qu’on a ressenti avoir choisi les bonnes personnes. Je n’ai pas le souvenir de tensions sur le plateau malgré des conditions de travail rudes, comme les fameuses lentilles que porte India, car ça me préoccupait de savoir comment elle les supportait c’était relativement douloureux.

Quel a été le temps de tournage et le budget de Un peu après Minuit?
Jean-Raymond Garcia : On a tourné pendant 8 jours, et le film s’est terminé en juin 2017. Il manquait 20 à 25 000 € sur un budget d’environ 100 000 € et je tiens remercier le laboratoire de post production Maelstrom Studio à Bordeaux qui est entré en coproduction au-delà du geste commercial, et est en totale perte sur le projet pour eux. C’est pour ça qu’on a tenu à informer de toutes nos démarches auprès de festivals notre petite bande de gens déterminants. Le cinéma n’est pas du tout un exercice solitaire. Mais pour le prochain film, je ne veux plus produire, ça fait trop, il y aura un producteur exécutif.

Un peu après Minuit a été sélectionné dans de nombreux festivals à l’étranger ?
Jean-Raymond Garcia : On a un faisceau d’indices plutôt favorables sur la réception de ce film avec des prix et des sélections de festivals à l’étranger qui ne sont pas les premiers venus. On a eu la chance que UN PEU APRÈS MINUIT soit sélectionné au International Film festival Fantasia à Montréal, l’un des plus grands festivals de cinéma de genre au monde. On était d’ailleurs très surpris de voir qu’il y avait très peu de films français à nos côtés. Le film a aussi été sélectionné depuis Avril dans de très nombreux festivals aux États-Unis, comme au Lovecraft Film Festival à Portland ou au New York City Independant Film, et a gagné une flopée de prix ; et ça a été un vrai crève-cœur de ne pas avoir les moyens d’aller soutenir le film, d’autant qu’il n’était pas question qu’on n’y aille pas ensemble. Et puis, il y a des Festivals auxquels on a renoncé, particulièrement aux USA parce que les droits d’inscription sont plutôt élevés au regard de l’économie d’un court (75 $). Car les producteurs de courts métrages ne sont pas invités comme ceux des longs. On n’a pas été retenu à Sundance, ni à San José.

Pourtant, Un peu après minuit n’a bizarrement pas été retenu dans des festivals en France, comment l’expliquez-vous ?
Jean-Raymond Garcia : C’est incompréhensible qu’on n’ait pas été sélectionné dans les festivals de genre en France. Les festivals généralistes de catégorie Une de Créteil, Clermont-Ferrand et Villeurbanne ont porté plus d’attention à notre court que ne l’auront fait les festivals dit de genre, et notamment les 3 manifestations importantes dans le cinéma de genre. Ni L’Étrange Festival à Paris, Le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg ou le Festival Court Métrange de Rennes n’ont sélectionné le film. Pour moi c’est une anomalie, et après le parcours du film, ça m’intéresse d’engager avec les programmateurs de ce type de festivals, et sans polémique car on est les plus mal placés, une discussion et un débat intellectuel. Comment se fait-il qu’en France, dans une période où on cherche en plus à encourager le cinéma de genre français, avec un casting intéressant, qu’un tel court métrage ne soit pas plus naturellement envisagé dans les sélections ? Une des préoccupations récurrentes de Société des Réalisateurs de Films, dont je suis adhérent, c’est la composition des comités, car tout commence là. Si les membres des comités n’ont même pas de culture empathique, il n’est pas rare que le juré réalisateur projette son film à la place de celui du cinéaste. Être membre d’un jury ou d’un comité, c’est être curieux, scrupuleux, bienveillant mais pas complaisant. Quand on ne connait pas, il faut aller un peu au-delà de la sempiternelle ritournelle sur les codes ou les non-codes du cinéma de genre. Les projets sont des espaces sensibles, ça se réfléchit et ça s’investit.

Comment les réalisateurs viennent-ils à Uproduction et quels sont les projets de Uproductions ?
Jean-Raymond Garcia : C’est un point rarement abordé, mais la prospective est l’un des points clé de la trajectoire d’une société. Ce qui intéresse notre maison de production, ce sont les univers des cinéastes. On va ainsi produire le deuxième long métrage, un film d’épouvante, de Franck Richard après La Meute. Un ami producteur à qui le film a été proposé n’avait pas de temps pour le développement. Connaissant mon travail et ma sensibilité, il a évoqué au réalisateur la petite boite à Bordeaux. C’est donc le réalisateur qui a spontanément pris contact avec nous et nous a adressé un traitement formidable de 20 pages. On a ainsi coproduit avec Rouge International un film d’horreur Meurs Monstre Meurs (qui était en compétition au FIFIB, sortie le 19 avril 2019). On produit aussi un court-métrage d’épouvante du musicien de Un peu après Minuit, Mathieu Megemont, et un court-métrage d’animation dans le registre du fantastique. Et enfin, un long métrage de Xavier Dumoulin, qui n’est pas du tout de genre mais plutôt un récit d’initiation dans l’univers des coqs de combat. Becs et Ongles met en scène une très jeune fille contrainte de prendre la succession de son père dans un univers exclusivement masculin.

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Rencontre avec l’interprète principale India Hair

UN PEU APRÈS MINUIT
India Hair, l’interprète principale de Un peu après minuit

On a croisé India Hair dans de nombreux longs métrages, tels Jacky au Royaume des Filles, Rester Vertical, Petit Paysan et plus récemment dans Crash Test Aglaé. Elle prête à son personnage de Suzanne dans UN PEU APRÈS MINUIT son charisme et son physique atypiques et son aura particulière.

[toggler title= »INTERVIEW DE INDIA HAIR  » ]
Comment êtes-vous arrivée sur ce projet ?
India Hair : J’ai reçu le scénario, que j’ai lu assez rapidement une nuit d’insomnie et j’ai trouvé ça passionnant. Je ne suis pas très au courant des films de genre, je découvrais tout un univers qui m’a interpellé, sur l’esthétique que je pouvais imaginer, le suspense, la complexité, les images que je trouvais très clairement décrites et le rôle de Suzanne.

Vous aimez les rôles qui vous permettent de jouer de votre corps (comme dans le Court-métrage Lorraine ne sait pas chanter, dans lequel vous dansiez) ?
India Hair : Je n’y pense pas trop, mais j’ai l’impression que Suzanne joue autant avec son esprit que son physique. La gestuelle m’intéresse autant que les mots, et elle se travaille au Conservatoire.

Le fait de ne pas pouvoir jouer avec le regard a-t-il été difficile pour vous ?
India Hair : Je pense que le plus difficile était d’assimiler les autres perceptions, de comprendre comment on se déplace. Ce n’était pas tellement difficile de parler ou de ne pas voir le partenaire, mais il fallait surtout essayer d’être crédible sur la façon dont on vit une vie quand on n’a pas d’yeux.

Avez-vous rencontré des personnes aveugles pour vous préparer ?
India Hair : On a beaucoup répété avant et j’ai travaillé plusieurs séances avec Melchior Derouet, qui joue dans le film. J’ai appris à marcher avec une canne et à m’orienter dans l’espace sans vision, car on se tient différemment quand on doit faire face au monde sans un de ses sens, on développe d’autres choses. Je n’ai pas eu besoin de préparation psychologique, car je me suis basée sur ce qui se passe dans le scénario et sur l’esthétique dont les réalisateurs avaient envie. J’ai regardé des films qu’ils m’ont conseillé, comme ceux Dario Argento ou des Courts Métrages mettant en scène des personnes aveugles, et un film dans lequel joue Melchior.

Avez-vous eu du plaisir à interpréter ce rôle et quel est votre ressenti par rapport à la fin glaçante ?
India Hair : Oui j’ai eu énormément de plaisir, c’était très instinctif. C’était aussi dû à la direction d’acteurs, instinctive et sensuelle. Je ne me pose pas la question de ce qui est glaçant, mais ce dont mon personnage a besoin et ce qui le préoccupe ; je n’ai pas de recul pour juger si c’est glaçant ou pas. La frustration de Suzanne ne l’empêche pas mais la pousse à atteindre son but, qui n’est pas commun. C’est plutôt ce qui lui donne des ailes. Elle aussi est triste par rapport à son ami, mais c’est aussi un acte d’amour.

Vous aimez beaucoup tourner dans les Courts métrages, c’est important pour vous d’être dans différents formats ?
India Hair : Ce n’est pas le format qui compte, un peu comme je ne choisis pas entre le cinéma et le théâtre. C’est plutôt l’envie de faire partie du projet qui compte et de travailler avec les réalisateurs, l’équipe et les différents corps de métier, et pas forcément le rôle.

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Rendez-Vous donc le 23 janvier prochain, date à laquelle on saura si si UN PEU APRÈS MINUIT figurer parmi les 5 finalistes aux César 2019!

Sylvie-Noëlle

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Rédactrice

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