[critique] Antichrist

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Un couple en deuil se retire à  » Eden « , un chalet isolé dans la forêt, où ils espèrent guérir leurs cœurs et sauver leur mariage. Mais la nature reprend ses droits et les choses vont de mal en pis…

Note de l’Auteur

[rating:9/10]

Date de sortie : 03 Juin 2009
Réalisé par Lars von Trier
Film suédois, italien, polonais, allemand, français, danois
Avec Willem Dafoe, Charlotte Gainsbourg
Durée : 1h 44min
Bande-Annonce :

Véritable phénomène au Festival De Cannes cette année, Antichrist n’a pas fini de susciter de multiples sensations (écœurements, applaudissements, dégoûts, révélations) sur la Croisette mais une chose est sûre : personne n’est resté indifférent devant un tel spectacle.

Car il faudrait bien être de mauvaise foi pour rejeter sans se pencher réellement sur le sujet ce passionnant laboratoire du cinéma international, ce champ de forces où les articulations du récit et de la technique, de l’écrit et de l’image, s’exposent intelligemment grâce au talent indiscutable de Lars Van Trier (sublissime réalisateur de Manderlay, Dogville et Le Direktor), grand manitou qui maîtrise parfaitement la symbolique, la dépouillant de ses codes pour la faire exister dans son entière humanité.

Dès les premières minutes, Lars Van Trier nous met en garde avec cette musique grandiloquente, cette ambiance particulière et la pénétration non suggérée : Antichrist est un véritable ovni mélangeant féerie et oppression.

L’histoire, somme toute très banale, sert de fil conducteur aux spectateurs pour ne pas se perdre dans ce dédale obscur dans lequel le réalisateur nous mène par le bout du nez, brouillant les pistes, se servant du prétexte de ce deuil psychologique pour recréer le jardin d’Eden, jardin rempli de tentation et de pêché.

Ainsi, les Adam et Eve moderne sont brillamment interprétés par William Dafoe (Le Patient Anglais, Les Prédateurs, Spider-man), émouvant de sincérité en mari prêt à tout pour guérir l’amour de sa vie, et Charlotte Gainsbourg qui reçut le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes pour ce rôle déstabilisant, subtil mélange de sobriété fatiguée, de classe cabossée et de magnétisme animal. L’actrice transcende ici son personnage, nous offrant son meilleur rôle depuis 21 Grammes.

Antichrist raconte son combat de mère anéantie suite au décès de son enfant qu’elle aurait pu éviter, qui ne se bat pas contre la nature, les éléments ou Satan mais contre elle-même. Son personnage perd peu à peu pied, basculant dans une souffrance abyssale qui émeut, dérivant inévitablement vers un monde onirique fait de démons, de mystifications. Cette lente descente aux portes de l’Enfer et de la folie donnera naissance à deux scènes insoutenables (je ne vous en dis pas plus) qui puise au fond de nos peurs pour en retirer la plus effroyable, la plus répugnante des sensations jusque là pratiquement invisible au cinéma.

Antichrist se définit assurément comme un pèlerinage philosophique qui puise au fin fond des croyances bibliques pour en ressortir tout ce qu’il y a de plus mauvais et de plus malsain en l’Homme.

Ce voyage n’aurait pas été possible sans l’ambiance soignée, la photographie éblouissante de cette nature pénétrante, omniprésente, et cette B.O. déstabilisante qui, tel Cannibal Holocaust, fait passer les plus horribles des situations pour des ballets élégants et parfumés de poésie.

En cela, l’élégance stylistique du virtuose Lars Van Trier, la sensibilité de sa mise en scène épurée et sa caméra qui colle au plus près des visages achèvent de toucher le cœur du spectateur, essoufflé par cette accumulation de sensations que l’on croyait disparu depuis l’absence de David Lynch sur grand écran.

Au final, Antichrist apparaît comme un conte endiablé, une fable déroutante nous embarquant dans un monde biblio-érecto-sadomasochiste dérangeant, déroutant, qui s’amuse à nous mettre face à la fatalité humaine, à nos angoisses les plus ancrées dans notre esprit.

Antichrist est à considérer comme un mélange d’onirisme et de réalité, où tous deux se confondent pour donner naissance à un trip sensoriel impressionnant dont les 15 dernières minutes, totalement psychédéliques, sont le point culminant.

Sans contestation le film le plus ample et le plus ambitieux de Lars Van Trier qui nous déshabille de toute humanité, nous vide de toutes émotions.

Plus qu’un simple film, une véritable expérience, parfois insoutenable, que l’on a bien du mal à oublier.

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  1. Je ne suis pas sans être d’accord avec toi… D’autre part si le coté esthétique est plutôt bien vu le tout est enrobé d’une histoire on ne peut plus déja vu, d’énormement d’argent et enfin d’un casting people: un peu drôle pour un film experimental??

  2. Bonjour je voulais partager mon avis sur ce film…..
    Dans le genre violence gratuite, il y a irréversible, il y a dernièrement los bastardos, et maintenant anti christ….
    Je suis pas un grand fan du genre, et quand la violence se déchaine, je fais parti de ceux qui lâchent leurs nerfs par le rire.
    mais je les ai quand meme vus, je ne sais pas pourquoi…..
    irréversible est ultra violent, et déjanté, que ce soit dans le scénario, l’ambiance, le style et les mouvements de caméra.
    los bastardos est un film ou l’ont voit la vie de deux mexicains immigrés en Californie qui cherchent du travail et puis la violence n’est pas la meme, pourtant le film fait son effet..
    Et anti chist……c’est selon moi l’oeuvre d’un mec qui ne sait pas faire de films et qui joue la provoque a fond pour faire un buzz.