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RUBBER, inclassable – Critique

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Alors, c’est l’histoire d’un pneu. En plein désert américain, tel un zombie sortant de terre, et après quelques tours de roue hésitants et plutôt comiques, il s’en va semer la mort à coup d’ondes pneumatiques et destructrices. Gratuitement. Pour rien. No reason.

A l’écran, des spectateurs, armés de jumelles, suivent en direct cet absurde voyage décalé et mortel, dans une mise en abîme jubilatoire du spectateur consumériste. Comme frappés de folie par le désert et la sècheresse, le pneu et le réalisateur partagent une liberté infinie, s’affranchissant des scénarii classiques. Le pneu prend vie, par des oscillations presque imperceptibles et une bande son qui lui prêtent des attitudes humaines. L’accumulation inéluctable des cadavres crée une tension unique, jamais attribuée dans l’histoire du cinéma…à un pneu. Comme dans Duel (Steven Spielberg , 1971), l’absence de « mobile » fait mouche, mais avec cette fois un humour visuel donnant au concept une légèreté appréciable et une poésie inattendue.

Quentin Dupieux est libre. Profondément libre. Libre de montrer et de monter ce qu’il veut, parce qu’il trouve ça drôle, beau ou flippant. Libre de filmer sans raison particulière. Pour rien. No reason. Dans un long monologue face caméra, un flic , en plein milieu du désert, nous l’explique : ce qui va suivre est irrationnel, sans fondement, comme l’assassinat de JFK ! Le spectateur est tout de suite pris à parti, inclus dans le dispositif. Car il s’agit bien là d’une expérimentation, entre road movie, film d’horreur et art vidéo.

Dupieux est un grand artiste, qui abat les cloisons d’un cinéma purement narratif.

Il se dégage de RUBBER une immense maîtrise technique. Entre plans fixes et mouvements lents, la caméra cadre toujours intelligemment ou ironiquement (Quentin Dupieux est aussi à la direction de la photographie) certains détails et le rythme d’une mise en scène souvent empreinte d’humour. Si le scénario est débridé et farfelu, la réalisation est précise et déterminée, le montage pertinent.

Le concept pourra paraître un peu long pour certains spectateurs, mais RUBBER est un objet unique et original ! Il faut le voir pour croire qu’un pneu peut devenir un héros meurtrier, pour être convaincu que Quentin Dupieux est un grand artiste qui abat les cloisons d’un cinéma purement narratif. Y a-t-il plus grand rêve pour un cinéaste que de devenir un artiste libre et unique ? RUBBER est inclassable, dans un genre à part, le genre Dupieux.

Pauline

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Rédactrice depuis le 25.03.2015
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