Ardor, Gael Garcial Bernal
Ardor © Tiberius Film

SEMAINE « NOUVEAU WESTERN » du 09 au 15 novembre sur Canal + Cinéma

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De temps au temps, resurgissent au cinéma des films auréolés de la glorieuse époque du Western. Hommages ou contrepieds, ces film continuent de porter l’héritage d’un genre autrefois ultra-représenté et maintenant en grande partie délaissé.

Canal+ Cinéma offre à ses abonnés 7 Westerns inédits ainsi qu’un documentaire intitulé WESTERN :  NOUVELLES FRONTIÈRES. Seront proposés du 09 au 15 novembre tour à tour, The Homesman (de Tommy Lee Jones, 2013), Shérif Jackson (Logan et Noah Miller, 2013), The Salvation (Kristian Levring, 2014), Unforgiven (Sang-il, 2013), Ardor (Pablo Fendrik, 2014), The Dark Valley (Andreas Prochaska, 2015) et Slow West (John Maclean, 2015).

Ces 7 films viennent d’horizons très éloignés et appuient le propos des documentaristes Marius Doïcov et Julien Dupuy, qui retracent les évolutions récentes du Western au travers d’interviews de personnalités prestigieuses (John Carpenter, le scénariste de Impitoyable David Webb Peoples, le directeur artistique de Lone Ranger Mark Creery, etc.) qui se répondent grâce à un montage alterné très dynamique, entrecoupés d’extraits de films et de pastilles très claires sur certains points techniques du genre.

Rencontrés cette semaine, les réalisateurs du documentaire WESTERN :  NOUVELLES FRONTIÈRES ont pu me détailler leur propos. Leur film est une très bonne entrée en matière pour la compréhension d’un genre en recomposition. Selon Marius Doïcov et Julien Dupuy, le Western est un genre enterré par les Majors d’Hollywood (Columbia TriStar, Walt Disney, 20th Century Fox, United Artists, Paramount Pictures , Universal Studios, Warner Bros), ces mêmes studios qui vous apportent chaque année les blockbusters de super-héros et consort. Cette désaffection peut s’expliquer à cause des échecs à répétition dans les tentatives de ramener ce genre à une large audience : The Lone Ranger, Cowboys et envahisseurs, Wild Wild West… autant de naufrages économiques qui ont traumatisé l’industrie. En même temps, comme le disent les deux documentaristes, il n’est pas évident de faire coexister le Western avec l’avalanche d’effets-spéciaux numériques dont les studios nous ont habitués.

Interview de Mark Creery, directeur artistique sur The Lone Ranger pour le documentaire Western : Nouvelles Frontières © Canal+
Interview de Mark Creery, directeur artistique sur The Lone Ranger pour le documentaire Western : Nouvelles Frontières © Canal+

Mais dans la communauté des cinéastes indépendants, le Western a conservé un prestige issu des plus grands classiques du cinéma (John Ford, Sam Peckinpah, Sergio Leone…). Au fond, ce n’est pas très cher de construire une bicoque dans une plaine pour servir de décors. Encore faut-il proposer une idée novatrice susceptible de sortir un projet de film du domaine purement commercial, où il serait condamné à être enseveli par le matraquage marketing des films à gros budget.

Le contexte était donc propice à la réémergence du Western comme une genre « auteuriste » : repensé par des cinéphiles et pour les cinéphiles du monde entier.

En visionnant les 7 films proposés par Canal+ sous l’étiquette « Nouveau Western », on constate une grande variété dans les origines géographiques des films : USA (dont une coproduction avec la France), Danemark, Autriche, Japon, Argentine et Grande Bretagne. Par contre, peu d’innovations dans la forme. Les films sont tous extrêmement respectueux d’un classicisme passé de mode. Seul Slow West (Grande-Bretagne) offre une approche de la mise en scène très distincte des autres films. Doté d’un ratio d’image plus serré donc ouvrant moins sur les grands espaces, le film aurait pu quasiment être au format carré 1:1 d’une partie de The Grand Budapest Hotel, tant le film de John Maclean semble avoir emprunté à Wes Anderson (décalage entre humour et situation périlleuse, héros candide et instants de grâce maniéristes). Cependant, Slow West peine à convaincre totalement malgré un Michael Fassbender assez attachant en ours mal léché.

D’un film à l’autre, la qualité est assez inégale. Regarder les 7 films sera donc surtout pertinent pour tous les cinéphiles qui souhaiteront approfondir la réflexion ouverte par le documentaire WESTERN : NOUVELLES FRONTIÈRES.

J’ai personnellement beaucoup apprécié The Dark Valley (Autriche), qui met un certain temps à installer son intrigue mais se révèle au final très efficace. Difficile de parler du film sans spoiler cette intrigue, mais on peut tout de même avancer que le thème du film tourne autour de la condition féminine. A la frontière de la civilisation, comment les femmes sont-elles traitées ? Quelles souffrances ont-elles endurées ? Comment peuvent-elles obtenir réparation ?

 

Le contexte était donc propice à la réémergence du Western comme une genre « auteuriste » : repensé par des cinéphiles et pour les cinéphiles du monde entier.

Ce thème, plus ou moins abordé frontalement, se retrouve dans la totalité des 7 films du cycle. Ceux qui se souviennent de Impitoyable (Clint Eastwood, 1992) ne seront pas très surpris de retrouver dans Unforgiven, le remake japonais de 2013 l’élément déclencheur du film original : le désir de revanche de prostituées maltraitées. Bien qu’il soit plaisant à voir, la copie n’égale pas selon moi l’original. Il est dommage également de se dire au mitan du film, que tous les éléments du Western étaient déjà présents dans le passage à l’ère Meiji et qu’un projet original aurait été fascinant. La seule surprise du film vient de son côté « exotique. »

Shérif Jackson et The Homesman abordent aussi directement la condition féminine comme pivot central de leur histoire. Le premier garde un ton ironique qui n’est pas sans rappeler certains Tarantino, tandis que le second s’il n’est pas dénué d’humour est beaucoup plus clinique dans son traitement. Shérif Jackson se révèle un très bon divertissement, mais déçoit par certains raccourcis « faciles. » The Homesman que j’avais vu à sa sortie contrairement à The Dark Valley, est selon moi le véritable bijou de cette sélection. Surprenant, efficace et porté par des acteurs en état de grâce, The Homesman est véritablement le porte-étendard de cette relecture du Western, bien qu’il soit réalisé par un « ancien » (Tommy Lee Jones a 69 ans).

Le plus décevant selon moi est The Salvation (Danemark), qui non content d’employer une mise en scène ultra-classique, nous sert une histoire déjà vue. L’intérêt réside dans la direction des acteurs, très sobre, qui donne une certaine épaisseur au film. Une épure de Western qui conviendra seulement aux esthètes du genre.

The Dark Valley © X Verleih

Sans parler de féminisme, au moins 6 des 7 films présentent un personnage de femme entreprenante, déterminée et menant l’action. C’est le cas notamment dans le Western Sud-américain Ardor, qui entraîne le spectateur à la lisière d’une vision chamanique. Le film suit surtout l’évolution de Gael García Bernal en initié non-violent en lutte contre des pillards, mais s’attache aussi au personnage de Alice Braga, d’abord victime puis Némésis de ses bourreaux.

Ardor est contemplatif, donc difficile d’accès à ceux qui attendent de l’action dès les premières minutes. Toutefois, dans sa conclusion il offre une satisfaction à la hauteur de l’attente. La mise en scène d’un duel en plein champ entre deux protagonistes armés de carabines, est un hommage aux Westerns classiques, mais réussit à trouver un ton qui lui est propre. Pablo Fendrik a aussi le mérite de parler d’un sujet actuel au travers d’un genre supposé ancré dans le passé. Pour avoir personnellement réalisé un documentaire en Bolivie sur un peuple également menacé par l’exploitation intensive de la forêt, j’ai trouvé très pertinent d’avoir abordé ce sujet sous l’angle du Western.

Voilà donc un cycle riche, doté de plusieurs entrées. Aux spectateurs désirant un bon divertissement on conseillera Shérif Jacksonaux plus avertis The Homesman, The Dark Valley et Ardor. Enfin les 7 films offriront aux cinéphiles un aperçu d’un genre en pleine révolution. Comme le dit le réalisateur de The Dark Valley dans le documentaire  WESTERN :  NOUVELLES FRONTIÈRES, « Le Western n’est pas mort, il appartient au monde entier ! »

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Western : Nouvelles Frontières © Canal+ Cinéma

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Titre original : Western : Nouvelles frontières
Réalisation : Marius Doïcov et Julien Dupuy
Intervenants principaux : Témoins privilégiés de l’évolution du Western : John Carpenter, David Webb Peoples, Mark Creery, Andreas Prochaska, les frères Miller, etc.
Pays d’origine : France
Sortie : 09/11/15 (22h45 sur Canal+ Cinéma)
Durée : 52mn
Distributeur : Canal+ Cinéma
Synopsis : Le Western est-il mort ? Pas du tout il est en pleine renaissance !

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https://youtu.be/R03YQT2idHg

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